50. Amour

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Freddie se réveilla. Il ne savait pas par quel miracle, mais il n'avait plus mal à la tête. Il se retourna dans l'immense lit king size de sa chambre d'hôtel munichoise pour se retrouver dans les bras de Paul. Ce dernier lui sourit chaleureusement, un soupçon de voracité se reflétait dans ses yeux, mais Freddie ne le remarqua pas, trop aveuglé par l'amour. Il se sentait bien.

Le chanteur se blottit dans les bras de son copain qui était habillé et l'embrassa voluptueusement sur la bouche. Il se rendit alors compte qu'il ne portait qu'un boxer. Les événements de la veille lui revinrent en tête : sa concrétisation avec Paul, son arrivée inespérée jusqu'à l'hôtel, sa perte de connaissance devant les toilettes, sa soirée de débauche et cet enfoiré de blond. Paul sembla remarquer sa soudaine crispation et lui massa les épaules et la nuque. Cela faisait du bien à Freddie qui poussa un soupir de soulagement en laissant son amertume de côté.

— Je t'aime... murmura-t-il alors.

— Moi aussi, je t'aime, lui répondit Paul avec automatisme. Tu te sens mieux ?

— Oui. D'ailleurs, c'est étonnant que je n'ai plus de migraine.

— C'est grâce à mon remède magique, lui apprit Paul malicieusement. Je me suis bien occupé de toi et je vais continuer à m'occuper de toi, chéri...

Paul conclut l'échange par un baiser, coupant l'envie de poser plus de questions à Freddie. De toute façon, il se sentait merveilleusement bien, il n'allait pas plomber l'ambiance avec une multitude d'interrogations. Il vouait une confiance aveugle envers Paul.

Cela faisait longtemps que le pianiste n'avait pas été aussi apaisé. Il était heureux dans les bras de Paul et c'était tout ce qui comptait pour lui. Freddie était cependant étonné que Paul ne lui demande pas comment il s'était retrouvé dans cet état. Mais peut-être lui avait-il déjà dit ? Il ne se souvenait pas de tout, juste que Paul et lui étaient désormais véritablement ensemble et qu'ils se voueraient une fidélité sans faille tout en prenant soin l'un de l'autre.

— Et si on sortait fêter ça ? suggéra Paul.

— Je ne sais pas... J'ai eu ma dose pour un moment.

— Ho, allez ! Je ne te parle pas d'une grosse soirée mais juste d'un petit verre dans un café que j'ai repéré.

— Bon. C'est d'accord, alors ! répondit Freddie avec un sourire pour Paul.

Bien que le chanteur se soit réveillé seulement quelques minutes avant cet échange, le soir était déjà là et le soleil s'était couché dehors. Son récent mode de vie nocturne l'avait poussé a dormir toute la journée. En y réfléchissant, il avait dormi énormément. Impossible de dire combien de temps avec exactitude, mais au moins quinze heures en comptant sa perte de connaissance. Pour Freddie, qui avait toujours été lève-tôt, c'était énorme.

Il se leva du lit et alla prendre une douche bien méritée et bien nécessaire. Paul avait dû s'habiller le matin, il était même sorti bien qu'il n'avouerait jamais à Freddie qu'il ait quitté son chevet.

Les deux amants se dirigèrent ensuite vers le bar. Freddie était curieux de découvrir l'endroit où Paul l'emmenait. Il remarqua bien vite un petit bâtiment de pierre portant le nom du café "New York". Le nom ne laissait pas deviner un intérieur aux murs décorés de blasons médiévaux et des tables de bois très serrés.

L'endroit était assez petit, mais il n'y avait que quelques habitués ; trois tables étaient occupées en tout. Ils allèrent s'installer au bar. Freddie se surprit à penser qu'avec Roger, ils auraient privilégié une table, mais il chassa instantanément cette réflexion qui n'avait plus lieu d'être maintenant qu'il partageait sa vie avec Paul.

Le barman s'approcha et Paul commanda deux vodkas pour eux.

— En fait, j'aurais préféré un whisky, avoua Freddie fatigué qu'on choisisse toujours à sa place.

— Ce sera pour la prochaine, répondit Paul avec un sourire.

— Tu avais dit juste un verre...

— Mais notre relation doit être fêtée comme il se doit !

Freddie ne répondit plus rien. Après tout, entre un verre ou deux il n'y avait pas une grande différence et il n'avait plus mal à la tête grâce à Paul. Il avait été si bon pour lui que Freddie se dit qu'il pouvait bien faire cela en échange.

Le serveur apporta deux vodkas. Il avait, entendu la conversation entre les deux hommes et s'en fichait éperdument. Si Freddie voulait vraiment un whisky, il n'avait qu'à le commander et il pourrait facturer trois verres au lieu de deux.

— À nous, chéri, trinqua Paul.

— À nous, mon amour.

Leur verres s'entrechoquèrent, ils burent une gorgée, et une fois que
Freddie eut posé le sien, Paul attira son visage à lui d'une main sur
sa joue et l'embrassa langoureusement. Le chanteur l'embrassa aussi, mais avec moins de fougue. Quand le baiser prit fin, il détourna bien vite les yeux, gêné, et son regard se promena sur les tables alentour.

— Ne sois pas tant sur tes gardes, lui dit Paul en comprenant l'origine du malaise.

— Pas en publique.

Paul soupira un bon coup, descendit sa vodka d'une traite et posa sa main sur la sienne.

— Je suis désolé...

— C'est rien. Mais tu dois comprendre que j'ai une réputation à tenir, les
gens ne doivent pas savoir que...

Freddie laissa sa phrase en suspens avec un goût d'amertume. Il se souvint des débuts de sa relation avec Roger. C'était lui qui avait peur que ça se sache, Freddie voulait bien s'afficher au grand jour. C'était comme si Freddie continuait de respecter la volonté du batteur malgré la séparation de leur chemin.

Ils reprirent un verre et sortirent du café sans remarquer qu'ils étaient suivis.

— Hé ! Mercury !

Freddie ne put s'empêcher de se retourner précipitamment tandis que les trois hommes qui l'avaient suivi s'approchaient d'un air menaçant. Une fois très proches, l'un d'eux reprit la parole.

— Ou devrais-je dire sale petite pédale ?!

Et il asséna un puissant coup de pied au genou droit du chanteur. Celui-ci ne voulait monter aucun signe de faiblesse pour ne pas leur donner satisfaction, mais le choc était si violant qu'il s'affaissa en grimaçant.

— Tapette ! lança un autre homme avant que ces derniers ne partent précipitamment.

Une fois disparus du champ de vision, Freddie s'effondra au sol dans un cri de douleur.

— Freddie ! accourut ensuite Paul.

Il l'aida à se relever, mais Freddie était incapable de marcher sur sa jambe blessée et retomba aussitôt. Paul dut le soutenir tout le trajet jusqu'à l'hôpital.

Les ligaments étaient touchés et il dut porter un plâtre durant un certain temps. Il ne put même pas porter plainte vu que l'homosexualité était interdite. Mais Paul était à ses côtés et ça lui donnait du courage. Il était cependant en colère contre cette société qui réprimait l'amour. Mais surtout, il devrait limiter certains de ses mouvements élaborés sur scène. Le côté positif, c'est que cette mésaventure l'inspirait fortement.


Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant