37. Renouveau

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Roger regardait la télévision. Il venait de déjeuner, c'était le début d'une calme après-midi de printemps. Il était toujours en pyjama, Dominique était en train de s'apprêter dans la salle de bain.

Il regrettait déjà de l'avoir laissé y aller avant lui en sachant qu'elle en aurait pour quarante minutes au minimum même en se dépêchant. Les femmes constitueraient toujours un grand mystère à part entière dans l'esprit du batteur.

Alors qu'il avait déjà regardé la moitié d'un film, Dominique sortit enfin de la salle de bain, les larmes aux yeux. Roger, trop préoccupé par l'incroyable scène de combat qui se déroulait devant ses yeux, ne la remarqua pas.

— Chéri ? J'ai quelque chose à t'annoncer...

Dominique réussit à capter l'attention de son bien-aimé, mais quand il la regarda dans les yeux à la fin de sa phrase, sa voix se brisa.

— Dominique ? Tout va bien ?

Elle se contenta de lui sourire en hochant la tête frénétiquement de bas en haut avant d'essuyer ses larmes qui coulaient toujours à flots. Elle s'approcha lentement, sans lâcher des yeux le visage de Roger sur lequel on pouvait lire une inquiétude grandissante. Elle s'assit juste à côté de lui et le blond lui prit les mains en caressant leurs dos de ses pouces.

— Roger... parvint-elle à articuler avant que les larmes ne reprennent le dessus. Je suis... enceinte.

Son sourire apparut rayonnant et Roger comprit que c'étaient des larmes de joie. Dans un deuxième temps, il comprit que cela signifiait qu'il allait être père. Le batteur éclata lui aussi en pleurs et alla se consoler dans le cou de Dominique qui caressait son dos en sanglotant de plus belle.

— Tu vas être papa...

Roger ne dit rien. Il renifla et essayait vainement de reprendre contenance. Dominique lui sourit chaleureusement et l'embrassa sur la joue. Elle pensait que son amant partageait ses larmes de joie, elle ne l'avait jamais vu dans cet état. Mais il s'agissait bel et bien de larmes de tristesse.

Roger se dit qu'elle ne méritait pas ça et il ne savait comment réagir. Le téléphone sonna comme pour sortir le batteur de cette mauvaise passe.

— Je vais décrocher, dit Dominique en voyant que Roger n'était pas en état de prononcer le moindre mot, sous le choc.

Quelques instants plus tard, elle revint, son immense sourire semblait avoir encore grandi un peu.

— C'était Freddie.

Le silence emplit la pièce et Roger sentit les larmes ruisseler sur ses joues alors qu'il pensait enfin les avoir calmées. Sa gorge était sèche et son ventre noué. Il se força tout de même à parler.

— Est-ce que... sa voix s'éteignit au bout de ces quelques mots qu'il parvint à articuler au prix d'un immense effort avant que les pleurs ne reprennent le dessus.

— Je te laisse lui annoncer la nouvelle.

Bien que soulagé, Roger n'en était pas moins contrarié. Il ne voulait pas être père. Pas de l'enfant de Dominique. Il avait tenté de se persuader d'être amoureux de Dominique, qui n'était à l'origine que le moyen de rendre Freddie jaloux, sans y parvenir réellement.

Il ne voulait plus souffrir et voir Freddie avec un autre que lui. Avec l'homme qu'il méprisait par dessus-tout. Avec Paul. Il voulait aimer Dominique, elle l'avait consolé et elle était si gentille avec lui. Elle méritait tout sauf ça. Il voulait la rendre heureuse.

Mais Roger aimait toujours Freddie d'un amour passionnel, il s'en était rendu compte à sa fête d'anniversaire quand le chanteur l'avait embrassé pour la dernière fois, remettant toutes ses actuelles certitudes en question. Il n'avait pas su résister à la tentation de lui rendre son baiser et il avait ressenti des sensations qu'il n'avait jamais ressenties qu'avec Freddie. Il avait envie de l'embrasser de nouveau, de le prendre dans ses bras, de le couvrir de cadeaux et tout un tas d'autres choses que seuls peuvent faire les gens qui s'aiment. Mais, lui, semblait aimer Paul. La pire torture restait tout de même d'être le seul à se souvenir de ce qu'il s'était réellement passé ce soir-là, mais surtout, d'avoir vu une lueur dans les yeux de son cher et tendre. Cette lueur semblait refléter de la lucidité, il semblait avoir compris que Paul était nocif pour lui.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant