11. Le calme après la tempête

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8 mars 1971, 07h00

La nuit fut courte pour Freddie. Il était déjà presque l'heure de partir, mais il profitait de chaque instant, car son rêve ne prendrait véritablement fin qu'à l'entrée de la prison qui le ferait ressortir comptable.

Il ne restait que quelques gouttes du café qu'il buvait dans sa cuisine, et déjà son père s'impatientait. C'était pour tout deux le début d'une nouvelle ère ; le paradis ou l'enfer. Freddie avait toujours trouvé l'enfer plus intéressant, mais il ne voulait pas y aller dès aujourd'hui. Il contemplait le sombre fond de sa tasse et l'avenir lui semblait être aussi noir que le breuvage qu'elle contenait. Il ne voulait pas que cela se finisse si tôt. Il était si heureux, pourtant les dernières vingt-quatre heures suffirent à anéantir tous ses projets.

Vingt minutes déjà s'étaient écoulées et l'espoir s'était entièrement éteint. Alors que notre futur expert de la comptabilité mettait sa veste, il se réanima.

La poignée de la porte remuait, agitée de l'extérieur, et bientôt, il aperçut son bien-aimé. C'était difficile à croire, pourtant Roger se tenait bel et bien là, accompagné de Mary, dans le hall d'entrée.

Freddie n'avait qu'une seule envie : s'emparer des lèvres de celui qui lui avait tant manqué. Mais, ils ne pouvaient s'adonner à un tel baiser, la mission était bien assez risquée pour se transformer en suicide au moindre faux-pas. Bomi était déjà dans la pièce de l'entrée.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il avec agacement, surtout que son fils avait tout de même réussi à le mettre en retard sur son heure d'avance idéal pour la présentation des nouveaux lieux dans lesquels Freddie vivrait pour les trois prochaines années.

- Il se trouve que l'on s'inquiète tous pour Freddie, monsieur Bulsara. Vous nous avez menti au téléphone, commença à expliquer le blond.

- Ce que Roger veut dire, monsieur, c'est que votre fils ne nous a pas données de nouvelles depuis deux jours et je m'inquiète pour mon petit-ami, essaya de répliquer Mary en vain.

- Vous vous introduisez chez moi, m'accusez de menteur et en plus vous ne connaissez même pas le nom de mon fils. Farrokh, il s'appelle Farrokh, débuta Bomi, fou de rage avant que les derniers mots que Mary venait de prononcer ne percutent dans sa tête. Attendez un instant, vous avez dit petit-ami ? reprit-il, surpris. La jeune femme qui se tenait devant la porte était très jolie et polie, pas comme les fréquentations qu'il imaginait avec son fils. Sa fureur diminua d'un cran.

Le père de Freddie n'ajouta rien à la confirmation de Mary, le chanteur était perplexe, mais un clin d'œil de Roger effaça ses inquiétudes. Les larmes lui venaient aux yeux, mais il se retint. Son âme-sœur lui avait arrangé le coup avec Mary et elle devait être au courant de leur amour.

Le beau batteur savait qu'il ne repartirait pas sans Freddie même si ça serait difficile, et il suivit donc Bomi dans la salle de séjour.

- Comme vous avez pu le constater, monsieur,...? débuta-t-il.

- Taylor, Roger Taylor.

- Comme vous l'avez probablement vu, monsieur Taylor, nous sommes sur le départ et il se trouve que nous allons être en retard, donc veuillez m'excuser, mais mon fils doit...

- NON !!! le coupa Roger qui n'avait jamais vu le père de celui qui partageait son cœur avant ce jour, mais il reconnaissait l'accent qu'il avait entendu la veille au téléphone. Malheureusement pour le chanteur, on avait osé répondre à son père et il craignait déjà les conséquences.

- Vous pouvez répéter ? demanda Bomi qui voulait seulement voir si le jeune imbécile qui était l'ami de son fils (ce qui ne l'étonnait guère) aurait l'audace de lui manquer de respect une deuxième fois.

- Je suis désolé monsieur Bulsara, mais j'ai cru comprendre que Fred... Farrokh ne nous verrait presque plus, est-ce exact ? se rattrapa-t-il, juste attend.

- Et bien, Farrokh passera les trois prochaines années dans le pensionnat de la ville pour devenir comptable, annonça-t-il en appréciant déjà un peu mieux ce que la tignasse blonde en face de lui venait de dire.

- Je vous arrête là, monsieur, votre fils et moi avons des projets et comme le groupe commence à fonctionner pas mal, on pourrait faire de la colocation. Ainsi vous n'aurez plus à vous charger de lui et il sera épanoui dans son travail, c'est bien ce que vous voulez, non ? répliqua-t-il d'un ton si résolu qu'il était convaincu d'avoir réussi.

- Le problème, c'est que je veux que mon fils ait un avenir pour ne pas qu'il revienne dans vingt ans, cingla Mr. Bulsara avec un regard noir de défiance.

- Ne vous inquiétez pas monsieur, il a des ressources.

Le père de famille ne fit qu'émettre un grognement, ne trouvant plus rien à redire. Les deux jeunes amoureux en profitèrent pour s'enfuir, suivis de Mary.

Freddie était persuadé de se réveiller bientôt, de retour dans l'enfer que lui inspirait son futur, mais tout semblait bien réel. Il ne serait plus obligé de retourner dans cette maison, d'écouter les reproches de son père. Il était libre, libre d'embrasser Roger s'il le désirait, ce qu'il fit en ajoutant un fuck aux passants qui criaient scandale.

- Alors ton vrai nom c'est Farrokh Bulsara !? s'exclama Roger comme s'il ne s'était rien passé.

- Je suis parsi-indien, ajouta-t-il avant de les remercier, lui et Mary d'avoir volé à son secours.

La liberté avait un goût de réconfort. Sa «petite-amie» retournait chez elle tandis que le couple profitait d'une soirée sans crainte. Habituellement, Freddie n'était pas sensé être chez Roger, mais cette fois, plus rien ne le retenait de passer la nuit avec son cher et tendre. Ils passèrent la soirée la plus romantique à laquelle ils n'avaient jamais eu droit et Fred passa la nuit dans les bras de Roger qui dormait. Lui ne pouvait s'endormir de peur de se réveiller dans un cauchemar et il attendit l'aube en veillant sur son héros.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant