47. Toujours plus

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Le petit groupe s'enfonçait dans la ville allemande pendant que Freddie se demandait s'il avait bien fait de venir. Après un bon quart d'heure de marche, ils arrivèrent devant un building gris de quatre étages qui ne payait pas de mine. Le bâtiment semblait à l'abandon.

— Les invités d'abord, déclara l'homme blond en levant la main pour inviter Freddie à entrer.

Le pianiste prit son courage à deux mains et entra. Il y avait un hall d'entrée plutôt spacieux vu le genre d'endroit avec un petit bureau de bois brut posé contre un mur. Freddie se demanda s'il s'agissait d'une sorte d'hôtel clandestin bien qu'il n'y ait personne à la réception. Impossible de déterminer le type de lieu dans lequel il se trouvait.

Le leader du groupe passa devant et Freddie suivit l'inconnu dans les escaliers scabreux et moisis de l'appartement. Une fois arrivé au deuxième ou au troisième étage (il n'avait pas le compte exact), la petite bande s'arrêta et pénétra dans la seule porte que l'étage qui n'était même pas fermée à clef.

L'appartement était constitué d'un vaste salon rempli de fauteuils qui avaient bien vécu, de coussins, et une moquette très sale couvrait le sol. Il y avait une minuscule salle de bain de trois mètres carrés et c'était tout. On aurait dit que la pièce n'avait pas été lavée depuis des années, elle dégageait une odeur épouvantable et indescriptible constituée des mille et une fragrances de la débauche.

Freddie était crispé. Non pas parce qu'il regrettait véritablement d'être venu, la soirée promettait d'être divertissante, mais il se dit tout de même qu'il aurait dû rester au night-club ou au moins prévenir Paul.

Une main se posa subitement sur son épaule avec violence et il dut réprimer un sursaut. C'était l'homme blond.

— Mets-toi à l'aise. Les choses intéressantes ne sauraient tarder, dit-il avec un clin d'œil qui se voulait rassurant. Hans ! Occupe-toi de notre invité de marque en attendant.

Le dénommé Hans s'approcha de Freddie, il le conduisit jusqu'à un des fauteuils crasseux. De près, on pouvait apercevoir un ressort qui dépassait du tissu imprégné d'une multitude de tâches dont il valait mieux ne pas connaître l'origine. Hans lui servit un verre d'un alcool indéterminé et s'assit très près de lui. Il commença à caresser sa cuisse. Cela dura quelques minutes, d'autres hommes arrivèrent et le sentiment de malaise que Freddie éprouvait au début partit.

Hans caressait toujours sa cuisse, mais en remontant de plus en plus haut, n'hésitant pas à aventurer sa main près de son entre-jambes. Cela ne déplaisait plus à Freddie, au contraire. L'alcool l'avait aidé à se détendre et il se sentait bien. Mais l'ambiance en général s'était détendue. L'homme blond ferma la porte avec la petite chaînette pour montrer que plus personne n'arriverait et marcha jusqu'au centre de la pièce.

— Et maintenant, mes chers amis, amusez-vous. Comme d'habitude, tout ce qui se passe ici reste ici.

Il claqua des mains pour clôturer son discours et un homme amena deux plateaux au centre de la pièce. L'un contenait de l'alcool, l'autre de la drogue. Freddie se leva pour aller voir de plus près. Il n'y avait pas de table. Les plateaux étaient donc posés à même le sol. Le second plateau contenait un monticule de petits sachets de poudre blanche : de la cocaïne.

Le chanteur ne se fit pas prier, il était là uniquement pour s'amuser, après tout. L'absence de table fit qu'il dut disperser la poudre à même le sol sur la moquette crasseuse. Ça le dérangeait. Il n'avait pas l'habitude des endroits aussi précaires. Mais après tout, il était là pour s'ouvrir à toutes les folies et de toute façon, il n'y avait pas d'autres alternatives.

Une fois son rail aspiré, il releva la tête et constata que beaucoup d'hommes avait fait de même. Ils suivaient tous aveuglement les paroles du blond : s'amuser sans penser au reste. Certains avaient commencé à se mettre torse-nu, d'autres étaient déjà en plein ébat.

Hans s'approcha de Freddie qui était toujours au sol et l'embrassa sauvagement. Il se laissa faire. L'homme posa ensuite ses mains sur sa braguette et l'ouvrit.

Freddie participa à cette sorte d'orgie improvisée pendant une heure avant de partir pour retrouver Paul dans la boîte. Alors qu'il retirait la chaîne de la porte, la main de l'homme blond se posa sur son épaule.

— Si tu en veux plus, reviens demain à vingt-deux heures.

L'homme lâcha Freddie et prit sa joue dans sa main avant de l'embrasser. Il partit ensuite reprendre ses activités en ricanant. Il devait être déchiré vu tout ce qu'il avait consommé, il semblait pourtant en forme. Ces soirées devaient être habituelles.

Freddie n'avait pas l'idée de revenir en tête. Il cherchait une relation sérieuse et cette soirée-ci était juste l'occasion de s'amuser une dernière fois. Cependant, il n'avait pas passé une mauvaise soirée, loin de là, et c'est vrai qu'il était resté sur sa faim.

Les rues de Munich étaient encore plus froides qu'à l'allée, ou peut-être faisait-il très chaud à l'intérieur. La route jusqu'à la boîte de nuit semblait interminable. Ce fut un soulagement lorsque Freddie l'aperçut enfin. Il se dépêcha de rentrer à l'intérieur. Le pianiste se mêla un peu à la foule quand une voix l'interpella.

— Freddie ?

C'était Paul.

— C'est donc là que tu étais passé pendant tout ce temps ? Ça fait une demi-heure que je te cherche. Je commençais à m'inquiéter ! L'ambiance est un peu plate ici. Je pensais aller ailleurs, mais il est tard. Rentrons.

Freddie se garda de dire qu'il avait en réalité quitté la boîte. Il craignait que Paul lui en veuille ou qu'il se joigne à lui le lendemain. Après tout, il avait le droit d'avoir son petit secret.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant