48. Toujours plus loin...

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Il était vingt et une heure trente. Freddie devait rejoindre le lieu où il n'avait jamais vu tant de débauche dans une demi-heure. Il savait que, passé ce délai, la chaînette lui fermerait l'accès à l'appartement.

Mais pour l'instant, Freddie devait trouver un moyen de quitter sa chambre d'hôtel sans attirer l'attention de Paul qui lisait le journal juste à côté de lui. Il ne voulait pas lui mentir, mais il ne voulait pas non plus lui révéler la vérité. La situation était délicate.

— Je vais prendre un peu l'air. J'ai envie de faire une longue promenade. Je reviendrais sans doute tard.

— D'accord, Freddie. Tu veux que je t'accompagne ?

— C'est gentil, mais je préfère être seul.

— Comme tu veux.

Ce n'était pas si compliqué que ça en fin de compte. Seulement, il avait passé quelques minutes à réfléchir au moyen de rejoindre le rendez-vous. Il allait devoir presser le pas s'il ne voulait pas être en retard, et encore fallait-il se souvenir de la route. Il déambula dans les rues de Munich, se trompant parfois d'allée, mais il le remarquait bien vite et s'orientait aussitôt vers la bonne direction.

Après une vingtaine de minutes de marche rapide, il arriva enfin devant le bâtiment. Il était vingt et une heure cinquante-cinq. Le petit bureau du hall était cette fois occupé par quelqu'un.

— Votre nom ?

— Freddie.

— Freddie comment ? demanda l'homme en consultant une liste.

— Mercury.

L'homme releva ses yeux de la liste et le regarda avec un air étonné.

— Au troisième.

Freddie se demanda ce que faisait cet homme et ce que contenait la liste qu'il avait en main. La soirée d'aujourd'hui devait vraisemblablement être plus sélecte que celle de la veille.

Le chanteur gravit les marches, toutes plus bancales les unes que les autres, pour atteindre le fameux appartement.

Il n'avait pas de temps à perdre et se précipita sur la poignée pour l'ouvrir, l'homme blond se tenait juste derrière, probablement pour aller fermer la chaînette.

— Haa tu es venu ! Pile à l'heure ! s'exclama-t-il en gloussant avant de s'effacer pour le laisser entrer.

La pièce avait dû être nettoyée depuis la veille, elle restait cependant dans le même état déplorable que quand il l'avait découverte. S'il y avait une vingtaine de personne hier, il n'y en avait aujourd'hui plus que la moitié. Le dénommé Hans n'était plus là et Freddie ne reconnut aucun visage, mais ce n'était pas comme s'il se souvenait vraiment des gens présents la veille. Il était reparti de la soirée dans un état second.

Le blond prit à nouveau la parole.

— Cette soirée... Que dis-je ? Cette nuit est faite pour que vous dépassiez les limites de l'amusement, les lois de la folie. Ce soir, tout est permis. Ce soir, tout est plus intense. Si vous êtes ici, c'est que vous connaissez déjà la règle d'or. Je me permets tout de même de vous rafraîchir la mémoire, certains en ont certainement besoin, compléta-t-il en lançant un clin d'œil complice à Freddie. Tout ce qui se passe dans cet endroit reste dans cet endroit. On ne parle pas de ce qui arrive. Bien, maintenant, place au fun !

Comme la veille, des plateaux furent emmenés au sol. Mais bien qu'il y ait moins de monde, la quantité avait triplé. Aujourd'hui, les "invites" ne perdaient pas de temps ; certains étaient déjà occupés à s'arracher mutuellement leur vertu, d'autres se ruaient sur la drogue et l'alcool.

— Faites-vous plaisir sans limite ! termina l'homme blond. Tout doit disparaître !

Il s'avança ensuite vers Freddie et l'attira à lui en posant sa main sur son épaule.

— Je vais m'occuper de toi, dit-il langoureusement en ponctuant sa phrase d'un baiser.

Il amena ensuite un verre, au chanteur qui en but volontiers une gorgée.

— Ben qu'est-ce que t'as ? Ça se boit cul sec ! Fais-toi plaisir !

Freddie suivit le conseil de l'homme et vida son verre. Une fois cela fait, l'homme se jeta sur lui pour l'embrasser sans ménagement. Le pianiste se retrouva cloué au sol et le verre roula sur la moquette alors que le blond défaisait déjà sa braguette.

***

Freddie était incapable de dire combien de temps s'était écoulé depuis qu'il était là. La soirée (ou la matinée, il n'était plus sûr) battait son plein ; il y avait toujours plus d'alcool, toujours plus de cocaïne, toujours plus de sexe. C'était une spirale infernale dans laquelle tout le monde s'entraînait sans pouvoir en stopper le mécanisme.

Freddie n'avait jamais consommé autant, jamais bu autant, jamais baisé autant. Il ne savait pas quelle heure il était. Tard ? Tôt ? Quelle importance ? Il ne sentait presque plus son corps alors que l'homme blond faisait de lui l'objet de ses pulsions depuis déjà trop longtemps. Il ne le remarquait presque plus. Il ne remarquait presque plus rien. Le monde devenait sourd autour de lui.

Freddie ne se sentait pas bien. Il voulait boire de l'eau. Qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour un verre d'eau ? Mais il n'y avait que de l'alcool à boire dans ce putain d'endroit. Il était allé trop loin... Il n'aurait pas dû ingurgiter tout ce que le blond lui présentait. Il voulait se faire vomir. Il n'avait plus qu'un seul objectif : vomir. Le chanteur se souvint de la minie salle de bain et se précipita vers elle. Vomir. Il ne sentait plus son corps. Il devait vomir. Chaque pas était lourd et laborieux, mais il touchait au but. Vomir. Il s'approcha des toilettes. Vomir. Il était dans la salle de bain. Il n'eut pas le temps de fermer la porte et s'écroula au sol.

Tout devint noir.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant