39. Combat

46 4 34
                                    

Queen était en plein concert quand Freddie fit signe aux autres de faire une pause entre deux chansons. Il en avait marre de toute cette politique autour de sa moustache et voulait clarifier certaines choses. Roger, Brian et John se demandèrent ce qu'il se passait, mais laissèrent Freddie faire.

— Hé, les filles ! Vous aimez cette moustache ? Et les garçons, vous en pensez quoi ?

Seuls les rires, les sifflets et les huées lui répondirent.

— Il y en a plein qui détestent. J'en ai rien à foutre !

La foule se fit entendre de nouveau et Freddie fit signe à Roger, qui avait maintenant une batterie à son effigie, pour lui dire de donner le rythme afin de reprendre le concert en apaisant les ardeurs. Le groupe entama Another One Bites The Dust que le public hua, trop funky et disco à son goût.

Mais Freddie n'en avait que faire, il continuait son show en marchant, dansant et bougeant sur scène comme à l'accoutumée. Ça déplut à la foule qui lui lança des rasoirs jetables.

— Coupe ta moustache, pédale ! hurla quelqu'un dans le public avant que cette phrase ne soit reprise à l'unanimité.

Freddie était déboussolé et se sentait dépassé par la situation. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait mais, il continuait avec la devise habituelle : le spectacle doit continuer.

Farrokh arriva au refrain et les spectateurs se déchaînèrent, faisant voler une quantité inouïe de rasoirs jetables. Le chanteur poursuivit néanmoins, esquivant certains des dangereux projectiles que le public s'appliquait à lui envoyer jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. Il courut vers le groupe en leur faisant signe d'arrêter pour leur murmurer une idée. La musique cessa et des acclamations de joies se firent entendre quand les gens comprirent que le groupe était en train de revoir son programme.

— Les gars ! On oublie ce qui est prévu. Jouez-moi We Are The Champions.

— Mais Fred', c'est...

— De la folie ?

Brian avait envie de discuter l'ordre, mais une lueur de détermination brillait dans les yeux du chanteur et il savait que quand l'étincelle s'allumait un incendie inarrêtable s'en suivait. Ce n'était pas la peine de négocier quoi que ce soit, Freddie obtenait toujours ce qu'il voulait.

Il allait prouver à la foule qui il était, c'est-à-dire le personnage indestructible qu'elle avait forgé au fil des ans et qui se battrait jusqu'à la fin. S'il avait choisi de s'appeler Mercury, ce n'était pas pour rien. La température de sa combustion était bien trop élevée pour que quiconque ne l'atteigne. Il était plus chaud que le mercure. Rien ni personne ne pouvait stopper son inexorable ascension, on ne pouvait détrôner la reine en la chassant de sa couronne dont elle avait eu tant de mal à s'emparer. Même la mort semblait hors catégorie.

Le problème, c'est que quand on est invincible, on participe forcément à sa propre autodestruction et Freddie le savait. Le jour de sa chute serait uniquement de sa faute. Mais l'idée de mourir en rockstar le laissait en paix : c'était ce que tout le monde attendait de lui, ce pourquoi il était né.

Freddie préféra ne pas y penser maintenant. Il voulait chanter We Are The Champions comme il ne l'avait jamais chanté, il allait y mettre toute son âme. Le pianiste allait prouver à ces gens irrespectueux qu'il méritait sa place sur scène, lui, n'en doutait pas. Il avait confiance en lui, on lui en avait trop fait baver. C'était ça, We Are The Champions, sa victoire sur la vie.

Et la foule s'apaisa un peu.





Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant