62. Love Of My Life

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Roger se réveilla avant l'aube. Il se retourna dans l'obscurité et constata que la place qu'occupait Freddie était vide. Le batteur prit peur qu'il ait quitté le lit pour ne pas le déranger à cause de la fièvre qui serait une fois de plus venue le tourmenter. À moins que ce ne soient les sueurs nocturnes. Ou les deux.

Peu importe la fatigue, Roger se leva pour voir si son amant allait bien. Il ne prit pas la peine d'allumer la lumière, connaissant les lieux par cœur. Cependant, il s'approcha de la fenêtre et inclina sa montre à la lueur de la lune pour apercevoir l'heure. Il était trois heures trente.

Ensuite, Roger descendit les escaliers prudemment et arriva dans le salon. Une lueur s'échappait de la cuisine, mais elle était trop faible pour provenir de l'éclairage électrique.

— Freddie ?

Il pénétra à l'intérieur de la pièce et aperçut le pianiste entouré de bougies. Il était aux fourneaux.

— Tout va bien ?

Roger plaça une main sur son front. Il n'était ni brûlant ni humide.

— Tu as fait un cauchemar ?

— Chéri, que fais-tu debout aussi tôt ?

— Je te retourne la question.

— Je n'arrivais pas à dormir alors je me suis dit que j'avais préparé le p'tit déj.

— À trois heures du mat' ?

— Oui.

— Éclairé à la bougie ?

— Tu en poses de ces questions !

— En tous cas, ça sent bon.

Roger se pencha pour tenter d'apercevoir ce que le four renfermait, mais Freddie se plaça aussitôt devant pour lui boucher la vue.

— On ne vous a jamais appris que la curiosité est un vilain défaut, monsieur Taylor ?

— Si, mais je suis un vilain garçon, monsieur Mercury.

Le batteur vola un baiser à Freddie en le prenant au dépourvu. Une fois la surprise passée, le chanteur enroula ses mains autour de la nuque de Roger, et quand celui-ci s'écarta, il baissa les yeux en rougissant. Cela ne lui ressemblait pas. Son amant s'approcha de lui pour lui relever le menton.

— Je t'aime, lui avoua Freddie.

C'était quelque chose qu'ils ne se disaient pas souvent. Leur orgueil respectif les empêchait de parler de leurs sentiments. Pourtant, ils n'en pensaient pas moins, mais un regard suffisait là où les mots ne voulaient pas sortir.

— Moi aussi, je t'aime.

Les deux amoureux se regardèrent intensément.

— Bon, on ne va pas rester planter dans la cuisine, tout de même.

Freddie entraîna Roger dans le salon en veillant bien à ce qu'il ne puisse pas regarder dans le four. Il l'emmena jusque dans le fauteuil et retourna dans la cuisine chercher des bougies qu'il dispersa un peu partout dans le salon. Ensuite, il revint avec un cadeau emballé dans un papier rouge.

— Tu as quelque chose à te faire pardonner ? demanda Roger en le voyant arriver.

— Peut-être...

Freddie tendit le paquet à son cher et tendre qui le déballa. C'était le disque qu'ils avaient acheté ensemble lors de leur première sortie en amoureux au disquaire.

— Je pensais l'avoir perdu !

— C'est moi qui l'avais gardé pendant tout ce temps...

— Merci... Bon, maintenant dis ce que tu as fait de mal. De toute façon, je suis incapable de t'en vouloir après ça. Ton plan fonctionne !

— Je n'ai rien à me faire pardonner.

— Alors pourquoi ce cadeau ?

— Parce qu'il faut une raison pour chérir ceux qu'on aime ?

Puis, il vint s'asseoir à côté de Roger qui ne dit plus rien en se blottissant dans ses bras. Les mots étaient inutiles pour décrire ce qu'ils ressentaient en ce moment. Rien n'aurait pu traduire leur amour et leur peur de le voir prendre fin brutalement sous de la menace de la maladie qui planait au-dessus de leurs têtes. La minuterie du four sonna et Freddie se releva d'un bon.

— C'est prêt ! Va t'asseoir à table, mon amour.

— Je peux t'aider à prendre un truc ?

— Va t'asseoir !

La table était déjà dressée et des jarres de diverses jus de fruits trônaient au centre du meuble. Quelques instants plus tard, Freddie revint avec un gâteau au chocolat. Il en servit une part à Roger qui la dévora aussitôt.

— Ch'est délichieux ! s'exclama-t-il la bouche pleine.

Freddie ne mangeait pas. Il avait l'air anxieux, mais Roger était trop occupé à savourer le gâteau préparé avec amour pour le remarquer. Il attendit que le blond ait fini pour capter son attention.

— Attends, ne bouge pas !

Il repartit dans la cuisine et revint avec une main cachée derrière le dos. Farrokh s'agenouilla, toute l'attention de son amant rivée sur lui.

— Roger, tu es l'amour de ma vie...

Le batteur sentit une tension dans sa voix et vit qu'il était incapable de continuer. Il sourit simplement et cela donna suffisamment de courage à Freddie pour qu'il dévoile la boîte qu'il dissimulait derrière lui. Elle contenait une bague assez sobre. Roger en eut le souffle coupé.

— Est-ce que tu veux m'épouser ?

— Freddie... Tu es conscient qu'on ne peut pas vraiment se marier ? Je veux dire, ce n'est pas que je ne veux pas, c'est tout simplement impossible.

— Je sais bien qu'on ne peut pas signer de papier officiel, aller à l'église ou une autre connerie de ce genre. Qu'ils aillent se faire foutre avec leurs lois à la con qui interdisent deux hommes de s'unir. Un mariage, c'est plus que ça. C'est un accord entre deux personnes qui veulent s'offrir l'une à l'autre, tout partager et vivre en harmonie ! Je t'aime, je sais que tu m'aimes et c'est tout ce qui importe !

Roger avait toujours les yeux rivés sur lui, mais ne disait rien.

— Tu vas la laisser dans sa petite boîte ? demanda Freddie avec humour et appréhension.

— Bien sûr que non !

Roger enfila la bague à son annulaire gauche et embrassa le chanteur comme il ne l'avait jamais embrassé.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant