5. Préjugés

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Freddie commença à chanter, mais les paroles étaient un peu différentes à d'habitude. Il avait vraiment beaucoup de talent pour improviser de la sorte. Mais le reste du groupe n'était pas vraiment de cet avis. Et même si Roger était dans l'admiration la plus total, il ne pût s'empêcher d'ajouter son petit commentaire.

— C'est pas les paroles.

— Apprends le texte, Fred', ajouta Brian.

Ce qui arracha un petit sourire au chanteur avant qu'ils ne reprennent le refrain tous ensemble.

À la fin du concert, une majeure partie de la foule s'en voulait pour tous les préjugés portés sur Freddie. C'était de loin le meilleur artiste qu'ils n'avaient jamais vu, il dépassait peut-être même les Beatles ou Elton John. La société était atrocement injuste envers les personnes différentes, Freddie était peut-être né parsi-indien, mais il était presque plus anglais que toutes les personnes dans cette salle réuni: lui défendait les vraies valeurs de l'Angleterre.

Roger et lui ont préféré ne pas trop se parler du reste de la soirée. Un petit excès de complicité et bien trop vite interprétée: même si, dans ce cas, ils n'auraient pas tort. Le beau blond a donc passé tout son temps à draguer des filles, Freddie, par jalousie, entama la conversation avec la fille de la fac.

Elle s'appelait Mary Austin et elle était anglaise. Mais tout ça, il le savait déjà. Freddie était passé la voir pendant ses heures de travail ; elle l'avait même aidé à choisir sa tenue pour le prochain rendez-vous avec Roger. Elle n'en savait rien bien-sûr, c'était juste une tenue comme une autre.

Il ne restait plus grand monde dans la salle au environ de vingt-deux heures. Roger quitta la fille avec qui il parlait pour aller aux toilettes. Freddie le rejoigna une ou deux minutes plus tard.

— Invite-la chez-toi ! dit Roger

— Et mes parents!? Non, je ne veux pas lui donner de faux espoirs... Et je t'aime. C'est toi que je veux dans ma vie, déclara Freddie en laissant parler son cœur.

— Ne t'en fais pas, je ferai toujours parti de ta vie, ne serait-ce qu'entend que batteur du groupe. Et surtout, on a pas le choix, Fred. On ne peut pas faire ça au groupe, si tu voyais à quel point Brian y croit... Passe au moins la soirée avec elle.

— Et toi ? Tu ne vas quand même pas... s'interrogea Freddie, la voix remplie de sous-entendus.

— NON! Je me suis déjà créé une réputation de coureur de jupons. Vas-y ! intima Rog' d'un ton cinglant qui ne lui laissa d'autres choix d'obéir.

Il sortit avec son petit air satisfait irrésistible, sans rien ajouter de plus. Mais il se sentait quand même un peu coupable de faire ça à Freddie, même si le groupe représentait tout pour lui. Il l'aimait vraiment.

Freddie, quant à lui, était complètement désemparé et se perdit facilement dans ses pensées. Pourquoi toujours SE CACHER ? Pourquoi faire SEMBLANT ? Pourquoi les GENS sont-ils aussi cons ? Pourquoi Roger avait-il si PEUR ? Pourquoi fallait-il que l'AVENIR du groupe dépende uniquement de son jeu d'acteur ?
Il essayait de positiver et se dit que cela changerait peut-être avec le temps. Il fallait garder espoir. Freddie était resté là à se poser des questions pendant un certain temps, une dizaine de minutes. Mary devait sûrement s'inquiéter.

Il sortit et alla la rejoindre dans la salle avant de lui proposer de sortir boire un verre. Elle avait l'air enchantée. Tout n'était peut-être pas si terrible. C'était peut-être le début d'une grande et longue amitié. En tout cas, il fallait garder espoir...

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant