56. Love Me Like There's No Tomorrow

44 2 32
                                    

La lune diffusait ses rayons à travers la fenêtre, entourant Freddie de sa lumière. Ce dernier venait de rentrer d'une répétition de la tournée de The Works et se rendait compte d'à quel point Roger lui manquait.

Il avait pris un choc un apprenant être atteint du SIDA la veille. Et cette répétition où il avait chanté en regardant Roger dans les yeux, où il avait vu la flamme de leur amour renaître dans ses yeux, n'arrangeait rien à sa détresse. Installé dans son fauteuil, il était livré à ses pensées.

Le chanteur releva la tête en voyant Paul entrer dans la pièce, juste en face de lui. Il portait sa veste de cuir brun, visiblement sur le départ.

— Je sors.

— Comment ça, tu sors ?

— J'ai l'impression qu'on ne s'est plus amusé depuis une éternité. Ça me gonfle. J'ai besoin de voir du monde, si tu vois ce que je veux dire...

— Et le SIDA, dans tout ça ?

— Freddie, tu sais très bien que...

— Non, Paul. Tu vas m'écouter.

Le ton du chanteur était froid et distant. Il observait l'homme qu'il avait cru aimé de ses pupilles rétractées lui prouvant le contraire.

Paul s'était immiscé dans sa vie comme une drogue. D'abord imperceptible, lui faisant du bien après sa rupture avec Roger dont il était en réalité la cause. Ensuite plus violant, le faisant sombrer jusqu'à en mourir. C'était à cause de cette enflure, qui avait abusé de lui, qui l'avait manipulé, qu'il avait perdu Roger.

Paul lui avait fait perdre tellement de temps loin de celui qu'il aimait. Paul l'avait rendu addicte à la drogue, à l'alcool, au sexe. Paul l'avait éloigné de ceux qui l'aimaient vraiment. Et enfin, c'était à cause de Paul si le SIDA rongeait lentement sa vie.

Farrokh venait d'ouvrir les yeux, et la vérité le foudroyait en plein cœur.

— C'est moi qui part, déclara Freddie avec sévérité.

— Mais Fred', je...

— NON ! Ta gueule ! Tu n'es qu'un beau salopard ! Va donc rejoindre tes "amis" dans un club gay et va te faire envoyer en l'air toute la putain de soirée. Tu t'es bien foutu de moi avec toutes tes promesses. Mais tu sais quoi ? Tu n'es qu'une ordure. Tu ne vaux pas mieux que les mouches qui se délectent des restes. Les sales, hideuses mouches à merde ! Mais tu ne peux plus te délecter, car il ne reste plus rien ! Alors tu vas voir ailleurs ? Je veux que tu sois parti d'ici demain. Et que je ne revois jamais ta gueule !

Freddie sortit de chez lui, ne portant qu'un fin polo à manches courtes. Alors qu'il s'éloignait, une chanson germa dans son esprit. Ce connard de Paul lui avait au moins inspiré ça.

You had to kill de conversation
You always had the upper hand
Got caught in love and stepped in sinking sand

(Tu devais tuer la conversation
Tu as toujours eu l'avantage
Pris par l'amour et entré dans les sables mouvants)

À présent, il se demandait juste pourquoi il avait été aussi stupide de suivre aveuglément Paul sur la route des excès. Il s'était égaré, mais maintenant il revenait sur le droit chemin.

You had to go and ruin all our plans
Packed your bags and you're leaving home
Got a one-way ticked and you're all set to go

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant