20 novembre 1974
Le groupe avait entamé une tournée de promotion qui était tout sauf petite. Elle comprenait septante-six dates dont trente-huit aux États-Unis! Sans parler de l'Europe et du Japon. Ce soir, Queen jouait pour la deuxième fois au Rainbow Theatre. Le concert de la veille avait été génial, Freddie avait élaboré son entrée pendant des mois, avant même que la tournée ne soit annoncée. La représentation commençait par Now I'm Here et il profitait des paroles pour apparaître et disparaître pendant que les lumières étaient éteintes. Certains avaient déjà lancé une rumeur en disant que le chanteur avait une doublure, mais c'était bel et bien l'authentique Freddie Mercury qui courait sur scène pour rejoindre l'autre bout à temps. Cela rendait la prestation très physique, mais le résultat en valait vraiment la peine; voir les têtes ébahies des spectateurs était une chose extraordinaire. Farrokh n'avait jamais autant aimé se donner en spectacle, les jeux de lumières renforçaient l'admiration de la foule subjuguée, ses pas de danses et tenues extravagantes qui produisaient tant d'effet. C'était des sensations qu'il ne pourrait jamais oublier, il était fait pour être une tête d'affiche.
Roger était très apprécié de la gente féminine qui allait parfois un peu trop loin pour tenter de l'approcher. Il avait même été victime de quelques baisers volés ce qui avaient le don de faire rougir son conjoint, mais nul moyen de savoir si c'était la rage de la jalousie, la pensée d'échanger un vrai baiser avec lui dans quelques minutes ou encore si ce n'était qu'en le contemplant entouré d'autant de filles dont il essayait de se débarrasser tant bien que mal avec une gêne inouïe, n'hésitant parfois pas à être grossier pour enfin obtenir la paix et le réconfort dans les bras de son bien aimé. Ça le rendait craquant!
La journée s'était admirablement bien passée et les jeunes amoureux se reposaient avant leur concert du soir, car être une rockstar pouvait s'avérer vraiment fatigant, surtout avec les horaires durs à tenir. Il devait être environ dix-sept heures quand les deux amoureux regagnèrent leur chambre avant de s'apprêter pour le dîner afin de profiter d'un moment à deux comme ils n'en avaient eu que rarement depuis le début de la tournée. En réalité, c'était la chambre de Freddie car ils n'auraient pu demander une chambre pour deux sans attirer les soupçons, et par chance, il était tellement tard quand le groupe rentrait, ou tôt selon le point de vue, que personne ne prêtait vraiment attention à ce que faisaient les autres. Ils s'allongèrent sur le lit côte à côte, après avoir enlacé Freddie dans ses bras, Roger brisa le silence.
- Comment fais-tu pour avoir de si merveilleuses idées ? Je veux dire des idées comme ton entrée en scène ou encore le nom du groupe, demanda-t-il avec une lueur d'admiration dans les yeux.
- Ce ne sont pas vraiment des idées, commença-t-il d'une voix douce et calme mais également passionnée, je suis un showman, darling! s'exclama-t- il avant de développer son inexistant argument en reprenant tout son sérieux. Il me suffit de réfléchir, penser à ce que veut le publique, et il désir le scandale, il n'y a que comme ça qu'il s'intéresse vraiment à une chose, lorsqu'elle est scandaleuse. Mais il aime aussi le raffinement. Quoi de mieux qu'une petite "supercherie" pour attirer l'attention? Comme avec le jeu de lumières, est-ce vraiment lui, est-ce Freddie Mercury, est-ce une doublure? Comment savoir? En allant vérifier, bien sûr! Je suis convaincu que la file qu'il y aura aujourd'hui devant le théâtre sera deux fois plus longue que celle d'hier, la rumeur circule déjà dans tout Londres! termina-t-il, surpris lui-même par son propre génie.
- Comment fais-tu pour être aussi proche du publique? C'est comme si tu savais ce qu'il pense, se dit-il en réalité plus pour lui-même que pour Freddie, mais celui-ci répondit tout de même.
- Disons simplement que je ne vis que pour lui...et pour toi, rajouta-t-il après quelques secondes de silence.
- Tu es extraordinairement brillant! le complimenta Roger avant de céder à la tentation si puissante de poser ses lèvres contre celle de son amant sans savoir que celui-ci poursuivrait ses explications l'instant d'après.
- Mais le vrai scandale est bien souvent caché, profondément enfoui dans la vie des artistes.
- Qu'est-ce que tu veux dire? s'interrogea le batteur avec une pointe d'inquiétude suite à cette soudaine déclaration. Il ne comprenait même pas ce que son amour sous-entendait, probablement parce qu'il était en extase, complètement épris de lui.- Je t'aime, déclara enfin Freddie.
Tout devenait clair dans la tête de Roger, il voulait parler de leur inavouable relation. Qu'est-ce qu'il pouvait aimer cet homme, si mystérieux, si secret, mais si attentionné et aimant à la fois sans parler de son excentricité ou de sa merveilleuse intelligence. C'était presque étonnant qu'il n'excellait pas à l'école, mais quand on le connaissait bien, on comprenait tout de suite que son caractère de mule ne tolérerait aucun ordre, ce qui est plutôt problématique dans l'apprentissage. Son père avait déjà essayé d'y remédier, pourtant comme il le disait si bien, Freddie était si sauvage et turbulent que cela avec été en pure perte.
Mais ces réflexions que Roger se faisait tout en passant sa main dans les noirs cheveux rebelles de Farrokh tandis que l'autre posé sur son torse le serrait contre lui, furent bien vite interrompu par les frappes de quelqu'un contre la porte.
- Monsieur Mercury, vous êtes attendu pour le dîner.
Roger, qui était sur le point de répondre, fut vite arrêté par la main de Freddie qui se plaqua sur sa bouche, l'empêchant de parler. Le chanteur s'était redressé entre-temps et lui murmura à l'oreille.
- Tu n'es pas sensé être ici, Rog', sois discret.
- J'arrive dans un instant, répondit-il ensuite à l'employé de chambre.
Il jeta un coup d'œil à Roger et s'empressa de rajouter qu'il n'était pas nécessaire de prévenir le batteur qui était parti faire un tour en ville et ne reviendrait pas pour manger.
- Et bien, on peut dire que je te dois une fière chandelle, s'exclama ce dernier. Mais tu peux m'expliquer comment je mange, maintenant ?
- Je te ramènerai un truc, t'en fais pas. Je ne vais quand même pas te laisser assurer le Rainbow Theatre le ventre vide !
Et après un dernier baiser, il partit. L'excuse qu'il inventerait au groupe pour justifier l'absence de Roger se trouverait en chemin. Le reste de la soirée se déroula parfaitement bien, hormis peut-être les plaintes de Roger qui aurait espéré autre chose que trois pommes de la part de Fred'.
La foule était déchaînée, et le pianiste avait raison; presque toute la ville avait fait file pour tenter de percer le mystère de la "doublure" de Freddie Mercury dans l'espoir de rentrer dans la salle. Ils disaient tous que Queen était en plein milieu de son apogée, trônant au sommet du classement, mais ils avaient tort.
Ce n'était que le début du règne.
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Love Cannot Die
FanfictionAttention fanfiction LGBT+. Homophobes, c'est à vos risques et périls... Nous savons tous que Freddie Mercury est un des plus grands musiciens de l'Histoire. Il est assez extravagant et a la tête rempli d'ambitions. Mais connaissons-nous vraiment s...