17. Exil

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24 Août 1975

Freddie avait miraculeusement réussi à convaincre le groupe d'enregistrer un album d'opéra-rock, mais la réticence de Roy Baker était bien plus dure à anéantir. Heureusement que Miami avait bien voulu devenir l'avocat officiel du groupe et parler en sa faveur auprès de son producteur. Il y eût beaucoup de désaccords et autant de disputes possibles en une simple entrevue mais Roy fini par céder face aux ambitions passionnées du chanteur. Paul Prenter devait cependant surveiller le travail, ce qui n'était pas pour lui déplaire, l'homme n'avait nullement pris la défense du groupe pour l'enregistrement afin d'obtenir la confiance aveugle de son supérieur. Il pourrait enfin se rapprocher de Freddie.

C'est ainsi qu'ils se mirent tous dans le van en route pour Rockfield farm. Il s'agissait en réalité d'un coin perdu à une distance inconcidérable du bistrot le plus proche. Il fût créer par des gars qui se sont rendu compte que Londres était tellement loin que ça leur coûterait moins cher d'enregistrer chez eux que de faire le trajet. EMI avait pensé que ce serait bon d'éloigner le groupe de toutes distractions. Autant dire que ça ne sera pas une partie de plaisir de créer cet album.

Le groupe sortit enfin du van après de nombreuses heures passées sur la route. Il y avait de la boue à terre ce qui tachait le bas de leurs pattes d'eph s'ils faisaient un pas un peu trop brusque. La ferme était assez belle et comportait même une grange et une cour.

- C'est ça le studio !? C'est une blague ? s'exclama Roger qui n'en pouvait plus d'avoir passer autant de temps avec le groupe et les autres, mais surtout Paul qu'il ne pouvait supporter.

- C'est pas le Ritz, on en est loin, intervint ce dernier. Mais au moins, le studio est à nous seuls et il y a suffisamment de pièces pour s'isoler pendant une composition.

Roger regarda Paul avec un regard noir en se demandant ce que son séjour à Rockfield lui réserverait comme autres surprises et s'il pourrait résister à la tentation de commettre un meurtre sur la personne de Prenter. Ce type lui semblait louche et il avait l'air de connaître Freddie depuis plus longtemps que les autres. Roger n'osait pas poser la question directement à son bien-aimé, mais il sentait que le sujet n'allait pas tarder à bientôt éclater.

L'endroit n'était pas aussi miteux qu'il en avait l'air et était même assez convenable. La visite des chambres ne se déroula pas à merveilles, ce fut Paul qui effectua la visite des lieux. Freddie hérita de la plus grande chambre: coincé entre Paul et Roger qui était juste l'un en face de l'autre. Brian était à l'autre bout du couloir et John du se coltiner ce qui devait être une ancienne cave au sous-sol sans fenêtre reconvertie en chambre d'amis pour les courts séjours. La pièce était vraiment miniscule, il y avait à peine de la place pour une armoire et atteindre la table de chevet sans monter sur le lit se révélait assez sportif. On put l'entendre grommeler quelque chose avant que la porte ne se referme. Le bassiste n'allait pas se plaindre car ça ne faisait pas partie de ses principes, mais il digérait plutôt mal l'idée qu'un simple roadie avait une meilleure chambre qu'un membre de Queen.

Les premiers jours de travail étaient assez laborieux; l'inspiration manquait. Il n'y avait pas grand chose à faire au studio, donc le groupe se réunissait dans la cour pour tuer le temps en jouant au frisbee. C'était toujours mieux que de rester assis sur une chaise en contemplant une page vierge dans un carnet avec un crayon à la main en priant pour avoir une subite inspiration. Ils ne firent rien d'autre pendant plusieurs après-midi.

Un soir, Freddie s'assit sur le piano droit d'une annexe de la grange qu'il avait découvert le matin même. C'était une sellerie qui servait également de lieu de stockage pour le foin, mais l'endroit était plutôt calme et inspirait Freddie. Il voulait continuer la chanson qui lui était subitement venu à l'esprit au Ten Bells. Il parlerait sûrement de l'endroit à Roger, cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas eut de moment à eux. Le chanteur rêvait juste de poser ses lèvres sur les siennes pour un doux baisers, une étreinte ou même que leurs mains se frôlent, ça lui aurait suffit.

Love Cannot DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant