Lucy et la bataille de l'empereur

Chapitre 30

Je prends position sur la scène et une musique classique nous accompagne pour notre valse. Un peu stressée par tous les événements qui viennent de se produire, je plonge mes yeux dans ceux de mon mari. Évidement il a l'air serein et même un peu trop confiant.

- Prête à leur en mettre plein la vue ?

- A tes côtés... Evidement.

- Excellente réponse partenaire.

Les premières notes de musique montent dans la salle langoureusement et avec douceur le ton monte de plus en plus. Je glisse ma main autour de l'épaule de mon mari tandis que l'autre se dépose délicatement sur la sienne. Nos corps se coulent l'un contre l'autre. Mon genou glisse entre ceux de Philippe lorsque nous nous déplaçons, tandis que son buste se meut avec l'élégance d'un roi. Les pas s'enchainent avec rapidité mais simplicité, comme si nous ne faisions qu'un. Le son du violon et du piano forte enveloppent nos mouvements comme de la soie. A cet instant j'ai l'impression que nous nous apprêtons à une étreinte intime, ici au milieu de tout ce public. Pourtant je n'en ai que faire. Seule mon union avec Philippe compte à cet instant présent. Je suis sereine comme transporté dans un monde où tous les problèmes sont inconnus. La magie de nos mouvements me rend radieuse. Nous tournons lentement, comme deux reflets dans un même miroir. Nos pieds glissent. De loin on pourrait presque nous voir voler. Je n'ai même pas l'impression que mes pieds touchent le sol. Ils semblent plutôt le caresser sans jamais s'emmêler, libre... Comme des oiseaux.

C'est à cet instant que les autres couples de danseur nous rejoignent sur la piste créant ainsi un ballet dansant des plus merveilleux. Trop envoutées par le regard charismatique de mon mari je ne me rends pas compte que nos lèvres se frôlent au détour d'un mouvement. Puis sans crier gare Philippe me renverse. Le temps s'arrête tandis que nos pupilles s'accrochent entre-elles. Mon mari est si beau ainsi, son regard m'envoute d'un simple coup d'œil, je me sens si désirable. Je me suis toujours bien senti dans ces bras mais cette danse le confirme encore plus. Suspendu au-dessus du sol je me sens libre mais uni à lui par la pression qu'il exerce sur ma hanche. Une évidence m'éblouit alors que nous nous sourions mutuellement. Je suis tombée follement amoureuse de cet homme, je me demande maintenant comment pourrais-je tenir dans ce monde s'il n'est pas à mes côtés. Nous dansons d'une même voix, sans erreur. Je puise dans les yeux de Philippe tout l'amour dont j'ai besoin pour terminer la valse sur une note parfaite. Je sais d'ores et déjà qu'il fait de même. Je le vois aux étincelles qui irradient son regard quand son côté perfectionniste fait surface. Peut-on être plus amoureux que nous au beau milieu de cette danse ? La question ne se pose pas puisque la réponse y est évidente.

Alors qu'il me redresse nous reprenons le cours de la valse comme si de rien était. Ce moment qui m'avait paru durer au moins dix minutes n'a duré qu'en réalité seulement quelques secondes. Ce moment n'appartient uniquement à nous et il vient de me redonner toute la force dont j'ai besoin pour affronter Trevor. Je sais qu'aucun mariage n'est parfait mais... Quand je danse en compagnie de Philippe nous frôlons le bonheur total, nous nous comprenons en un seul geste, en un regard, tout devient possible. J'en ai plus que jamais la certitude alors que les effluves de son parfum m'enveloppent au détour d'un nouveau pas. Les dernières notes de la mélodie meurent. Je m'immobilise sous les applaudissements grandissants des spectateurs mais aussi des autres danseurs. Philippe et moi échangeons un regard complice qui en dit long. Je sais qu'il a ressenti absolument les mêmes sentiments que moi lors de cette danse, lors de notre danse. Je m'oblige à m'incliner mais si cela ne tenait qu'à moi je l'embrasserais. Les musiciens commencent une autre musique nous obligeant à partir de la piste. À peine ai-je fait deux pas qu'une tempête me fit face.

- Lucy, Lucy chérie ! Je me retourne et découvre ma sœur dans sa robe rose poudrée avec quelques froufrous, surement pour apporter le côté extravagant.