Chapitre 10

48 9 4
                                    

Dongju errait dans les couloirs, sa tête était ailleurs et il laissait ses pieds le guider ici et là. Parfois il prenait à gauche, d'autre il allait tout droit et rencontrait une soubrette qui le saluait en rougissant tandis qu'il hochait simplement la tête par politesse. Le château s'inquiétait de l'état du jeune garçon alors que l'activité augmentait de jour en jour à cause du bal des pétales de cerisiers accompagné du discours royal au peuple de Gaïa.

Les habitants de la Terre étaient tous excités à l'idée de cette fête annuelle. Les enfants s'enjouaient en pensant louper une journée d'école dans quelques jours car, au lieu de passer des heures assis à une chaise derrière un bureau à écouter leur maîtresse radoter sur l'Histoire des Tokësor et la richesse culturelle de ce peuple terrestre, ils pourraient gambader dans les rues en riant tout en grignotant diverses spécialités culinaires saisonnières. Pomme d'amour, pâtisseries à la rose ou aux fleurs de cerisier, chocolats divers et autres gâteries sucrées rempliront les échoppes bordant les rues lors de ce jour cérémoniel devenu une fête sacrée. Les adultes aussi trépignaient d'impatience à l'idée de voir la famille royale. Ils étaient si rares qu'ils puissent sortir du palais depuis l'attentat Zjarr qui avait bien valu la vie aux jumeaux princiers : cette date devenue mémorable par la peur qu'elle eût amené.

Tout ceci s'était déroulé une après-midi printanière, trois jours avant la grande fête du bal des pétales de cerisiers. À cette époque, les jumeaux princiers n'avaient qu'une dizaine d'années et leurs sourires étaient resplendissants. La fragrance d'orchidée s'infiltrait dans les ruelles amenant bonheur et paix dans le cœur des Tokësor ainsi que des touristes spectateurs de la puissance du jeune Dongmyeong. Le parfum floral se mêlait aux éclats de rire du petit Dongju qui était semblable à une petite fée virevoltant dans le quartier. Sa chevelure, ébène à cette époque, tombait en bas de son dos tandis que son visage était fin et très efféminé donnant le sentiment que le jeune prince était en réalité une princesse.

Cette erreur de genre n'avait jamais dérangé Dongju, même en grandissant il avait gardé cette habitude de ne pas réellement se définir. C'était en fonction des jours, de ses envies. Si un matin il voulait mettre une jupe tout en coupant ses cheveux de manière plus structuré et « garçonne » alors il le ferait : l'enfant du Lotus était lui après tout, à quoi bon se mettre dans une case ? Surtout le petit prince n'aimait guère qu'on le force à être cela ou ceci : Dongju avait un sacré caractère depuis ses premières années de vie.

« - Dongju ! Dongju ! Des pommes d'amour ! J'en veux une ! J'en veux une ! »

Dongmyeong sautillait dans les rues, son caractère enfantin avait le don d'attendrir les passants tandis que sa fragrance d'orchidée c'était faite plus sucrée, plus accrue poussant involontairement les gens à accomplir son souhait le plus cher. En soit, à cette époque, il ne demandait que quelques friandises ou câlins donc la perte de contrôle de sa puissance n'avait pas de réelle répercussion mais il se devait d'apprendre à se contrôler et, heureusement, son jumeau était là pour le rappeler à l'ordre.

« - Ton odeur Dongdong. Les gens vont tous t'acheter des pommes d'amour si tu ne te canalises pas. »

Le fils du Lotus se dirigea vers le marchand tout en tendant quelques pièces de monnaie mais le prince fut arrêté dans son geste par une petite main qui attrapa son poignet. À sa droite se trouvait un jeune garçon à la chevelure brune méchée de teintes arc-en-ciel, son visage était rond rappelant celui d'un hamster ou un petit rongeur tandis que ses yeux pétillaient de douceur et gentillesse. Le nouveau venu acheta trois pommes d'amour et les tendit aux deux princes tout en gardant une pour lui.

« - Pour me faire pardonner de mon retard, s'excusa-t-il adorablement. Maman voulait que je porte des vêtements plus appropriés en votre compagnie... Il était pourtant beau mon t-shirt à motif de panthère avec le pantalon assorti.

Kingdom {Oneus}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant