Chapitre 20

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Dans les tortueuses forêts boréales se baladait une ombre emmitouflée dans une épaisse cape sable. Sa tête était camouflée par une capuche rendant anonyme le porteur du vêtement qui s'enfonçait un peu plus dans les bois. Ses jambes frêles enjambaient les racines en courant tandis que le voile virevoltait derrière l'inconnu dévoilant, de temps à autre, sa dague dorée collée à sa taille. Soudain, venant de nulle part, d'autres ombres s'ajoutèrent poursuivant celle camouflée par la cape.

Ni une ni deux, le fuyard esquiva l'assaut de ses ennemis dans un habile saut suivi d'une cabriole afin d'attraper une des branches d'arbres légèrement basses. Poussant sur ses bras, semblable à de fines brindilles, l'ombre tourna à cent quatre-vingts degrés autour du bout de bois avant de frapper le dos d'un de ses agresseurs qui tomba brusquement sur le sol dans un gémissement douloureux. Son collègue, surpris par une telle attaque, se retourna avec une arme dans la main mais l'encapuchonnée n'hésita pas une seule seconde et fonça sur son agresseur en dégainant sa dague.

Les lames s'entrechoquèrent tandis que, dans les deux camps, les coups bas étaient de mise. L'un comme l'autre essayait de reprendre l'avantage dans ce face à face dantesque mais le niveau semblait plutôt équivalent, enfin, l'agresseur semblait avoir un avantage : la connaissance du terrain. Le fuyard fut pris de court par un assaut mal appréhendé et la lame manqua de peu sa gorge. Heureusement, le saut habilement effectué permit à l'ombre d'avoir la vie sauve mais le cordage retenant sa cape fut sectionné la faisant tomber sur le sol terreux dévoilant à tous son visage.

À peine le tissu fut perdu que la chevelure brune de la jeune femme se dévoila. Sa peau caramélisée fut léchée par les rayons de soleil les plus coriaces, ceux qui avaient réussi à percer la canopée, et, sans laisser le temps à son adversaire de réaliser qu'il se battait contre une femme, cette dernière bondit sur son assaillant en le basculant sur le dos. Abruptement, le pauvre homme tomba à la renverse tandis que des lianes, semblables à du lierre, se mirent à entourer ses membres ainsi que ceux de son collègue toujours inconscient au sol. Inapte à bouger, l'attaquant ne put que retenir sa respiration lorsqu'il remarqua son compagnon pendu dans le vide par les pieds tandis que la femme aux yeux dorées plaquait sa dague contre le cou de sa proie.

« - Perdu, chuchota-elle à l'oreille de l'homme qui soupira simplement.

- Aish... J'avoue, tu as encore gagné. Mais ne te pense pas tirer d'affaire, le prochain entraînement s'avéra plus dur, Talia.

- Je l'attendrais avec impatience, sourit la susnommée Talia en se redressant.

- Tu peux tout de même nous détacher ? »

La femme avança vers sa cape délaissée sur le sol, elle l'épousseta rapidement afin de nettoyer la couche de poussières qui avait terni sa jolie teinte puis, dans un mouvement gracieux de la main, les attaches de lierres libérèrent les deux hommes qui furent à nouveau libre. Celui inconscient depuis quelques minutes émergea lorsque son compagnon lui jeta de l'eau à la figure sous le sourire de Talia qui observa le tout de manière amusée : encore une victoire pour elle.

« - Cesse donc de nous dévisager de la sorte. La prochaine fois on t'aura, bougonna l'un des hommes.

- Bien évidemment, je n'attends que ça : un combat dix contre un. Peut-être que vous pourrez me battre avec cette variable-ci.

- Tu feras moins la maligne moi je te dis et... »

Soudain, une radio brisa la discussion faisant froncer les sourcils d'un des hommes qui porta sa main à son oreille droite tout en tournant un des boutons de son moyen de communication. Le sérieux remplaça la bougonnerie précédente, Talia se redressa de sa position affalée sur son arbre afin d'être prête à réagir si besoin.

Kingdom {Oneus}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant