Chapitre 69

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Il en avait assez. Sur les nerfs, le jeune marchait dans les couloirs dénués de vie du palais de Zéphyr. Depuis son retour au château, toutes ses actions, même les plus minimes, étaient parfaitement notées et étudiées afin de s'assurer qu'il ne fasse rien de travers, qu'il ne commette aucun acte jugé comme problématique pour la royauté.

Tendu, le garçon prit le premier virage à gauche dans l'espoir d'être enfin tranquille, de pouvoir souffler un peu de cette oppressante situation. Hélas, il remarqua que son poursuivant était toujours là à loucher sur son corps. Ses mains tremblaient, son sang bouillonnait dans ses veines et il perdait de plus en plus patience. Serrant vivement ses doigts, l'épié se retourna soudainement pour fixer cet homme qui ne le lâchait pas d'une semelle depuis plusieurs jours.

« - Arrêtez. »

Seoho posa ses yeux emplis d'agacement sur le garde, ses poings se fermant davantage montrant qu'il était prêt à en découdre pour que ces agissements puissent cesser : c'était insupportable d'être ainsi privé de sa liberté de mouvement. Ses ailes d'un rouge flamboyant ne cessaient de battre nerveusement et le bout de son plumage commençait à fumer sous la colère : c'était un signe que l'adopté arrivait à ses limites, que son esprit ne pouvait plus subir cette situation inhumaine. Cependant, ces signes préventifs n'eurent aucun effet sur le soldat qui fixait avec dédain Seoho.

« - Ce sont les ordres du Roi. »

Le gradé lâcha ses mots avec un petit sourire mixant l'hypocrisie et le dégoût : il méprisait tant les origines de l'adopté.

« - Qu'il aille se faire foutre votre Roi, cracha le prince avec haine.

- Parle mieux de notre souverain ! »

L'homme s'approcha de celui épié. En quelques foulées, il était en face de Seoho avec une expression menaçante sur son visage et, pour agrémenter sa menace de preuve, il sortit son couteau de son étui pour le positionner sous le menton de l'adopté qui ne bougeait pas.

La froideur de la lame passa sur la peau brûlante de Seoho, le soldat la fit lentement longer sur son épiderme créant une fine ligne sanglante et une goutte tomba sur le sol, au pied du prince qui ne bougea pas d'un millimètre.

« - Tu risques de regretter tes paroles. Respecte mieux ton Roi. »

En ouïssant ces débilités, l'adopté se mit à rire jaune. Tout ceci était nerveux, voilà une bonne dizaine de jours qu'on mettait la pression à Seoho. Son corps était empli de coupures semblables à celle que le soldat venait de lui infliger, la douleur le scindait à chacun de ses mouvements mais il ne faisait rien paraître : Seoho ne souhaitait pas faire plaisir à ses agresseurs en dévoilant sa souffrance.

Son esprit n'était pas épargné non-plus. Chaque jour, même lorsqu'il était éveillé, il revoyait ses images d'horreurs venant du camp d'Éther. Parfois, il entendait les hurlements d'agonie de ceux se faisant décapiter sous ses yeux, il ressentait la prise de Wooseok sur son corps lorsqu'une nouvelle personne était sacrifiée pour « le bien commun ». Son emprisonnement de plusieurs semaines avait laissé des traces, des marques chez l'adopté modifiant considérablement son comportement, diminuant fortement son sang-froid : Seoho était à bout.

Sa tête partant en arrière, l'adopté était hilare par les propos du soldat qui était légèrement perturbé par un tel changement de caractère chez le prince. Son éclat de rire était aussi glacial que le tranchant de cette lame faisant appuie contre son menton. Son regard, auparavant chaleureux et vivant, était maintenant terne et mortel et le soldat recula naturellement comme si son instinct sentait que quelque chose allait se passer, qu'une autre facette de l'adopté allait s'éveiller : une façade dangereuse que personne ne connaissait.

Kingdom {Oneus}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant