Chapitre 29

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Les notes de piano débutèrent, douces et raffinées, le pianiste était une femme talentueuse à la longue chevelure parme. Ses mèches bougeaient élégamment alors que son buste se mouvait au rythme de la mélodie qui débutait : un commencement timide mais empli d'espoir. Une personne s'avança et sortit de la foule d'invités avant de tendre la main à son partenaire. Le blond se courba noblement tout en dévoilant sa paume libre en quémandant la main de celui qui était devenu sa moitié. Ce dernier fut surpris de la proposition et il eut un temps de latence avant de, timidement, mêler ses longs doigts à ceux de son partenaire.

Le duo marcha, main dans la main, en direction du centre de la salle de bal sous le regard curieux de l'assemblée qui n'attendait qu'une chose, que leur valse finisse par débuter. La pianiste fut accompagnée par les cordes : violons, violoncelles et autres instruments de cette famille, et, quelques flûtes traversières s'ajoutèrent rendant l'orchestre idyllique. Le blond déposa sa main sur la hanche de son partenaire tandis que ce dernier déposa avec hésitation sa paume sur l'épaule de celui plus grand de quelques centimètres. Leurs visages étaient étonnamment proches, leurs iris se plongèrent dans l'âme de l'autre découvrant un tableau unique au fond des prunelles de chacun.

Puis leurs pieds se mouvèrent. Un, deux, TROIS. Un, deux, TROIS ! Les cours de danse furent appliqués, les deux garçons remercièrent leur enseignant de leur avoir inculqué l'art de la valse bien que leur début de chorégraphie fut discordant à la limite du cacophonique. Geonhak marcha à plusieurs reprises sur les souliers de son époux qui pinçait ses lèvres à chaque fois où ses orteils étaient piétinés mais il retenait tous ses grognements douloureux : Dongju devait se concentrer sur cette première danse.

La mélodie accéléra, leurs pas devinrent plus assurés, leurs mouvements plus élégants et harmonieux dévoilant une scène unique. Quelques mèches de cheveux de Dongju virevoltaient au rythme de la valse, les expressions des deux s'allégèrent, se détendirent pour presque se transformer en un rictus heureux. Geonhak se surprit à énormément apprécier cet instant, son estomac était assailli par une douleur étrangement agréable, les petits cheveux sur sa nuque se dressèrent de plaisir lorsque la main de Dongju caressa par inadvertance une petite parcelle de l'épiderme du plus vieux. Le plus jeune, quant à lui, avait l'étrange impression d'être un personnage de conte de fée, ce bal ressemblait à celui décrit dans ces livres qu'il aimait tant lire étant enfant, cet homme qui serrait sa hanche portait la description du parfait prince charmant et le fils du Lotus se surprit à penser que son époux était un bel homme.

Les problèmes s'envolèrent, la dopamine se diffusa faisant fleurir un discret sourire sur le visage des mariés qui ne se lâchaient pas du regard : les iris de leur partenaire étaient si hypnotisant, ils voulaient plonger dedans. Les deux princes oublièrent les invités, il n'y avait que la musique et cette bulle protectrice qui les protégeait de l'injustice de la vie. Seule la mélodie les liait à la réalité, au Monde. Les notes de piano gagnèrent en intensité, les cordes des violons et autres violoncelles vibrèrent plus intensément, le souffle des flûtistes se rarifia tant ils usaient de leurs instruments et la chanson arriva lentement à son terme. Les ultimes notes résonnèrent, les deux corps tournoyaient au milieu des gens ébahis, leurs yeux se perdirent et leur souffle se rarifia tandis que le visage de Dongju finit à quelques millimètres de celui de Geonhak.

Le plus vieux tenait son époux par la taille, leurs torses se collèrent, leur respiration se mêla pour ne faire qu'une et Dongju louchait légèrement alternant ses coups d'œil des iris orageuses du plus âgé à ses lèvres framboise : l'occasion lui semblait étrangement alléchante. Les cœurs des deux garçons battaient à l'unisson, un rythme désordonné et archaïque pourtant synchronisé chez les deux : leur organe vital se coordonnaient parfaitement, résonnant harmonieusement comme si cela avait toujours été le cas. La tension était intense, les tremblements stressés auparavant se transformèrent en soubresauts légèrement excités comme si les cellules des deux princes essayaient d'entrer en synergie : leur corps ne devait faire qu'un, ils le sentaient vibrer au fond d'eux.

Kingdom {Oneus}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant