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Mathieu se mit à courir vers la voiture, se tenant la poitrine et le sac fermement. Il avait envie de brailler ou de pleurer, toutefois, l'instinct de survie l'emmena jusqu'à Mehdi. Il claqua la portière, criant à son ami de partir. Il le fit dans un mouvement de panique, laissant les pneus crisser contre le bitume.
Le blond alluma la lumière centrale de la voiture pour s'examiner. Son sweat avait dorénavant une teinte rouge. Il eut un vertige lorsqu'il leva son haut. Une hideuse plaie se trouvait sur sa peau.

« Oh putain. » Il tenta de toucher mais la douleur le fit trembler. « Ça fait chier, putain ! »

« Mais mec, qu'est-ce qui s'est passé ? » Mehdi s'écriait, une sueur perlant sur son front. « Il faut qu'on aille à l'hôpital ! »

« Non, c'est bon, ça ira. » La douleur fut grandissante lorsqu'il retenue un sanglot. « Ça va aller. J'veux pas plus de problème. »

Devant sa souffrance, il n'essaya pas de négocier. Il roula si vite que Mathieu dut se tenir à la portière.

Lorsqu'ils arrivèrent, il laissa un soupir de soulagement l'échapper. Il prit les clés et le sac avant d'appuyer sur le bouton d'ascenseur. Il râla en voyant qu'il n'arrivait pas et dû prendre les escaliers. La douleur se faisant de plus en plus insupportable, tant que son maillot collait désagréablement à son dos.

« J'viens avec toi. »

« Arrête Mehdi, c'est bon, je gère. » La souffrance laissa place à la rage. C'était toujours lui dans les plans foireux.

Il ne toqua pas et n'attendit pas qu'on lui ouvre. Franck était sur son canapé, détendu, ayant presque une allure normale. Mathieu évalua rapidement la pièce mais ne vit pas Lina, il se demanda un instant si elle avait écouté son conseil.

« T'as déjà mon sac ? » Il le jeta au sol, découvrant son sweat tâché. « Wow, qu'est-ce qui t'es arrivé ? »

Il leva son haut pour lui montrer. « Un message pour toi. »

« Putain. » Franck se frotta le visage, la réalité le frappant soudainement. « On... on va te soigner. »

Il eut envie de lui dire que ce n'était pas nécessaire, qu'il allait se débrouiller, comme d'habitude. Toutefois, il se tut tandis qu'il appelait Lina.
Ils attendirent dans le silence jusqu'à ce qu'elle arrive, timidement, les mains derrières son dos. La fatigue donnait un voile d'innocence à son visage qu'elle perdit en voyant le sang sur le blond.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Ça te regarde pas. » Le ton du gérant était sur la défensive. « Il faut que tu t'en occupes. » Elle resta figée, fixant tout en panique Mathieu. « Maintenant ! »

Elle acquiesça, les larmes au bord des yeux.

Ils se dirigèrent dans la salle de bain. Mathieu prit place sur le bord de la baignoire au moment où Lina cherchait une trousse médicale. Elle s'attacha les cheveux et il admira sa nuque.

« Je t'avais dit de faire attention. »

« J'pensais pas que ça voulait dire ne pas se faire planter. » Elle se lava les mais, dos à lui, et il en profita pour regarder sa tenue qui n'était rien d'autres qu'un jogging trop grand et un débardeur. « J'ai fait attention. »

Elle enfila des gants tout en le regardant dans les yeux. « Pas assez, apparemment. »

« Tu sais ce que tu fais au moins ? »

« Bien sûr que je sais. » Elle fronça les sourcils. « Pourquoi je sera là sinon ? Enlève ton haut. »

Il tenta de retirer son vêtement mais la douleur brûla son pectoral si fort qu'un gémissement sortit de sa bouche. Sans un mot, Lina attrapa le col pour le passer au dessus de sa tête et le retirer. Ses doigts frôlèrent son cou et il frissonna négligemment.
Tandis qu'elle se positionnait entre ses jambes, il posa ses mains contre ses propres genoux, se retenant de toutes approches malgré son attirance.

« C'est pas grand chose, t'as eu de la chance. » Il serra la mâchoire tout en fermant les yeux lorsqu'elle tapota une compresse d'alcool contre la plaie. « Désolée. »

« C'est rien. Fais ce que t'as à faire, tu le fais très bien. »

« J'ai pas envie de te faire mal. »

Mathieu tenta de retenir une grimace.
Il remarqua les tremblements de ses mains pendant qu'elle posait les steri-strips et dut se retenir pour ne pas les prendre pour la rassurer. Malgré tout, elle termina son pansement. Elle prit son temps pour tout jeter, comme si elle souhaitait retarder les séparations. et ça suffisait au blond. Les joues cramoisies, elle l'aida à enfiler son haut.

« Bon, j'crois que c'est bon. »

« Merci Lina. » Il se leva, non sans grimacer, et elle lui donna son numéro de téléphone pour poursuivre les soins. « J'vais rentrer. »

Elle acquiesça et elle le suivit vers le salon. Mathieu salua Franck sèchement avant de sourire une dernière fois à la brune.

Lorsqu'il se retrouva devant la porte de son appartement, il se demanda s'il fallait rentrer dans cet état. Il ferma les yeux un instant pour penser à la panique de son petit frère, la colère de sa grand-mère ou la déception de son père. Il regarda dans sa sacoche pour compter ses billets et souffla de désespoir. Il n'avait pas assez d'argent pour l'hôtel.
Alors, il déverrouilla la porte, espérant ne tomber sur personne.
Il fut soulager de voir les lumières éteintes et ne prit pas le risque de les allumer pour se diriger dans la salle de bain. Il retira son pull pour se regarder dans le miroir et toucher son pansement. Sans aucun doute, Lina avait su ce qu'elle faisait.

« Mathieu ? » C'était son père, il souffla. « Tu viens de rentrer ? »

« Ouais. »

« On est la fin du mois. » Mathieu ouvrit la porte pour tendre une liasse de billet. « C'est tout ? »

Il fronça les sourcils et ouvrit un peu plus la porte, laissant son torse à vue. « Désolé mais j'ai légèrement eu des problèmes à gérer. »

« Fais en sorte que ta grand mère ne voit pas ça. » Il pointa du doigt son pansement.

« J'avais pas prévu qu'elle le voit. »

« Bien. »

« C'est bon, t'as terminé ? » Il haussa le ton tout en fronçant les sourcils, agacé. « J'aimerais bien dormir après cette soirée de merde. »

Il n'attendit pas de réponse avant de refermer la porte, se retenant de la claquer pour ne pas réveiller les autres.

Mathieu s'appuya contre le lavabo tout en se regardant. Cette fois, alors qu'il fermait ses paupières, il ne put retenir une larme de couler.

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant