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Mathieu observait le petit studio de Lina. Il ne put se retenir de penser qu'il lui correspondait en voyant les bougies, les plaids et mugs à perte de vue. Il se mit à sourire en voyant un tableau de la Guadeloupe mais ne pipa pas un mot. La brune lui fit signe de la suivre et il s'installa sur le bord de la baignoire pendant qu'elle cherchait sa trousse de pharmacie. Il avait l'impression de revivre leur histoire et ça lui faisait autant de bien que de mal.

« T'as une baignoire. »

« Oui, c'est plutôt pratique pour se laver. »

« Lina. » Il la suppliait presque de lui accorder un peu d'attention.

Elle attrapa son menton pour lui lever le visage avant de tamponner sa blessure d'un désinfectant. Malgré son visage fermé, ses gestes étaient d'une douceur aimante. Le cœur de Mathieu se gonfla. « Tu me racontes ? »

« J'ai frappé l'ancien voisin de Franck. » Il haussa les épaules. « Mais timing de merde, deux secondes plus tard, j'étais plaqué au sol par les flics. »

« Mais pourquoi t'as fait un truc aussi stupide ? » Elle jeta le coton pour attraper un pansement. Il n'avait même pas besoin de points. Sa blessure n'avait aucunement besoin de soins particuliers.

« Parce que c'est de sa faute. » Il joua avec ses propres mains, se sentant soudainement stupide. « J'me suis fait arrêter après nos vacances parce qu'il a balancé ton existence. On a rompu parce que l'étau se resserrait autour de toi, à cause de lui. »

Un rire amer sorti des lèvres de Lina. « C'est bon, tu peux partir. » Il n'essaya pas d'argumenter, se sentant étouffer soudainement alors que la colère de la brune prenait toute la place. Tandis qu'il attrapait la poignée de la porte d'entrée, elle s'écria. « T'es vraiment qu'un connard, c'est dingue ! » Elle fourragea ses cheveux. « C'est à cause de toi qu'on a rompu, espèce de crétin ! » Elle s'approcha pour le pousser et il se laissa faire. « C'est pas à cause d'un pauvre mec qui a parlé parce qu'il supportait plus les trafics à côté de chez lui ! C'est à cause de toi ! Assume putain ! C'est toi ! » Elle le frappait encore de sa main contre son torse. Mathieu fermait les yeux, accusant les coups. « T'es qu'un connard Pruski ! Un connard et un lâche ! Je te déteste ! » Il attrapa ses poignets et malgré le peu de force qu'il y mit, elle s'arrêta, obnubilé par la sensation de ses mains chaudes contre sa peau. Ils se toisèrent un instant. « J'te déteste. » Ses mots ne sortirent que dans un sanglot.

« C'est faux. » Elle ferma les yeux et il la prit dans ses bras. Elle n'y répondit pas, gardant ses mains dans des poings contre son torse tandis qu'il la serrait. « Tu me détestes pas. Et moi non plus, je te déteste pas. »

Elle quitta son sweater pour le regarder. « Embrasse-moi. » Elle pleurait à chaudes larmes tout en le suppliant de lui accorder un peu d'attention.

« Lina... bébé... » Il posa son front sur le sien. « Tu vas me rendre complètement chtarbé. Qu'est-ce que tu veux vraiment ? »

« J'veux que tu me fasses oublier mon cœur brisé. »

Il n'eut le temps d'argumenter que Lina attrapait sa nuque pour embrasser sa bouche. Il attrapa ses fesses pour la porter et l'avoir contre lui. Elle s'accrocha à lui pour être sûre de ne pas rompre le contact une seule seconde. Il l'emmena jusqu'au matelas au sol qui faisaient office de lit et de canapé. Elle reprit son souffle tandis que Mathieu lui retirait sa robe. Il ôta son propre haut et elle le serra contre lui pour sentir sa peau contre elle. Elle voulait plus. Elle voulait qu'il lui fasse l'amour pour effacer tous ces mois sans lui.

« Prends-moi. »

Mathieu la regarda un instant pour trouver un doute ou même un désespoir mais elle transpirait seulement le manque et le désir. Pourtant, il resta bloqué comme si un fantôme était passé entre eux pour les frigorifier. Lina n'avait jamais été une fille à coucher pour de telles raisons et il le savait. Il voulait pas tout gâcher, pas encore plus.

« Mat ? »

« On peut pas. On peut pas faire ça. » Il resta sur elle tout en la scrutant, essayant d'imprimer au fond de son crâne la sensation de son corps entre ses mains, de son souffle erratique sur son visage. « Tu le regretteras. T'es pas comme ça Lin'. T'es pas une meuf qui couche pour oublier les problèmes. » Elle se mit à pleurer. Elle savait qu'il avait raison mais elle ne voulait pas l'entendre. « Et j'veux pas non plus. Je t'aime beaucoup trop pour ça, Lin'. »

« Combien de fois comptes-tu me faire du mal ? » Mathieu s'éloigna enfin, tendant un draps à la brune pour qu'elle se couvre. « Pourquoi est-ce que tu reviens toujours pour me briser ? Encore et encore ? Ça te fait plaisir ? C'est un jeu pour toi ? »

« Ça n'a jamais été mon intention. » Il secoua la tête puis enfila son sweater. Il se dirigea vers la porte d'entrée, suivi de près par Lina.

« Tu sais quoi ? » Il ferma les yeux, sentant que la bombe qu'elle allait lui lancer aller le détruire pour de bon. « Tu te trompes, ça comptait pas autant pour moi ! »

« Qu'est-ce que tu racontes ? »

« Tu te rappelles vraiment pas ? » Elle se pinçait les lèvres, les larmes aux yeux et le draps serré si fort contre elle que ses phalanges blanchissaient. « La première fois qu'on a couché ensemble, j'avais bu au restaurant. La deuxième fois, je suis partie dans la salle de bain et j'ai pris de la Molly. » Elle haussa les épaules, tentant au mieux d'imiter de la nonchalance. « Tu veux que je continue ? »

Il avait la tête baissée. « En vacances...»

«...Je l'ai fait aussi. »

Il recula comme s'il se prenait une balle en pleine poitrine. « Pourquoi ? Pourquoi t'aurais fait ça ? »

« Parce que sinon, on aurait jamais couché ensemble. » Elle baissa la tête. « J'en aurai été incapable. »

« C'est bon, Lina. J'ai eu ma dose. » Il passa la porte avant de se retourner une dernière fois. « Si tu voulais me blesser, t'as réussi. Félicitations. »

Il s'éloigna de l'appartement, laissant son cœur sous les pieds de Lina. Elle se mit à crier son nom mais il ne se retourna pas, continuant sa route. La brune s'écroula sur le sol après avoir claqué la porte. Elle se recroquevilla sur elle même, tout en se balançant d'avant en arrière. Elle étouffa ses sanglots au mieux tout en répétant son prénom et des excuses comme un mantra, espérant qu'il atteigne l'esprit de Mathieu.

Mais rien n'y faisait, elle avait détruit le peu d'amour qui restait.

Mathieu se mit à marcher dans les rues, tête baissée. Il ne pleurait pas et la colère avait quitté tout son être. Non, tout ce qu'il ressentait était le vide qu'elle venait de laisser. Tandis qu'il déambulait, il repensa à leur première fois après le restaurant puis à sa fuite dans la salle de bain le matin. Le film de leur relation passa devant ses yeux encore et encore jusqu'à ce qu'il en arrive à une seule conclusion, elle avait menti et l'avait utilisé.

Lina s'allongea dans son lit, la tête si lourde de remords qu'elle aurait pu exploser. Alors, elle attrapa son portable pour essayer d'appeler le blond, oubliant qu'il n'avait toujours pas de téléphone. Elle tomba directement sur sa messagerie et lui laissa un message.

« Mathieu, c'est moi. » Elle éclata dans un sanglot. « S'il te plaît, reviens. J'étais blessée...J'ai...Je t'ai pas dit toute la vérité... Si seulement tu pouvais me rappeler, je te dirai tout. Rappelle toi en Guadeloupe, dans le bain...j'ai refusé même une simple coupe...tu vois...Mat, appelle-moi, je t'en supplie. Pardonne-moi. »

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant