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Mathieu jeta sa cigarette sur le bitume avant de rentrer dans l'hôtel. Il essaya de sourire aux employés avant de prendre l'ascenseur mais son cœur était épuisé par la paranoïa dont il baignait depuis le pillage.

Il admira les couloirs modernes et le sol marbré avant de toquer à la porte. Cela faisait plusieurs semaines qu'il logeait ici, pourtant, il ne s'habituait pas à ce luxe. Une petite brune emmanchée dans un jogging trop grand lui ouvrit.

« Salut. » C'était qu'un murmure étouffé dans le sweat de Mathieu qui s'était approché pour l'enlacer. Il ferma la porte d'un coup de pied avant d'inspirer son parfum pour enfin calmer son anxiété.

« Ça va ? » Elle acquiesça seulement et le repoussa légèrement pour qu'il se détache. Il fut étonné de son comportement mais surtout de voir la valise de Lina fermée. Elle baissa les yeux, tirant sur les manches de son pull. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« J'vais partir. » Elle se pinça les lèvres, espérant retenir ses sanglots au creux de son ventre.

« Quoi ? » Il fronça les sourcils tout en s'approchant d'elle. Elle recula de plusieurs pas, se cognant au lit. « Où ? » Elle haussa les épaules, incapable de lui répondre tant parce qu'elle ne savait pas où, qu'elle était incapable de s'exprimer. « Où est-ce que tu veux aller, Lina ? Il n'y a pas plus en sécurité qu'ici. »

« Tu te trompes. » Cette fois, elle ne put retenir une larme de s'échouer mais Mathieu ne voyait que son amour s'envoler. « J'suis pas en sécurité avec toi. »

Il secoua la tête, incapable d'entendre les mots qu'il avait tant appréhendé depuis sa confrontation avec la police. « C'est faux, arrête... Reste... On s'aime nous deux, nan ? On a tellement surmonté de problèmes ensemble. J'vais tout arranger. »

Elle ne répondit pas, ne souhaitant pas prolonger leur rupture. Elle prit sa valise et son téléphone avant de marcher devant un blond fantomatique. Alors qu'elle passait la porte, il lui attrapa son bras tout en claquant la porte pour la garder près de lui. Elle grimaça comme prise d'un douleur monstrueuse et il la lâcha comme si sa peau l'avait brûlé en retour.

« Non non, putain ! » Il fourragea ses cheveux tout en déambulant devant elle. Elle continuait de se frotter le bras. « Arrête ! Je t'ai juste retenue ! » Les larmes brouillant sa vue, il la regarda comme si c'était la dernière fois. « Qu'est-ce qui te prend ? »

« Tu m'as fait mal. »

Mathieu resta bouche bée, laissant ses émotions le submerger sans pudeur. Il se frotta le visage vigoureusement espérant se réveiller ce matin, Lina soupirant, éprise par le plaisir dans ses bras. Elle lui avait répété à quel point elle l'aimait. Toutefois, lorsqu'il ouvrit les yeux, elle ne gémissait pas d'un orgasme passionnel. Plutôt, elle pleurait tout en serrant son bagage, les paupières closes pour ne pas le regarder.

« Laisse-moi partir. »

« Et tout ce qu'on a vécu ? » Il essaya de l'amadouer par la pitié et il en eut honte. « Ça ne veut plus rien dire pour toi ? » Elle haussa les épaules. « Dis-le Lina. Dis que tu jettes tout ça, que tu m'aimes plus ! »

« J'veux juste partir. »

« Pas avant que tu dises que t'en as rien à foutre de nous . » Elle regarda ses bagages plutôt que son petit ami. « T'arrives même pas à me regarder. Putain mais regarde-moi ! Assume ce que t'es en train de faire putain ! »

« J'peux pas. » Son menton tremblotait si bien que sa voix n'était qu'un murmure cassé et affreux.

« Quoi ? Tu peux pas quoi ? Assumer que tu fous tout en l'air ? » Il s'écriait tandis qu'elle roulait ses épaules pour se camoufler.

« J'peux pas rester ici. » Elle inspira un instant, retrouvant étrangement constance tandis qu'elle serrait son propre avant-bras jusqu'à blanchir ses doigts. « J'peux pas rester ici avec toi. » Elle le regarda dans les yeux et il regretta de lui avoir demandé. « J'ai besoin.... J'ai besoin de partir loin de toi. »

Il acquiesça tout en serrant la mâchoire, des larmes coulant affreusement sur ses joues mal rasées. « D'accord... ok... vas y. » Il se déplaça pour qu'elle passe et c'est ce qu'elle fit. « Casse-toi Lina ! Dégage ! »

Elle ne prit pas la peine de répondre avant de fuir à toutes enjambées jusqu'à une voiture. Un homme l'aida à mettre ses bagages dans la voiture, arrachant sans précaution le ticket Guadeloupe qu'elle avait précautionneusement garder depuis leur voyage. Elle essaya de le rattraper mais une main ferme l'empêcha de courir après. Lina éclata dans un sanglot hideux tout en disparaissant dans les rues de Paris, regardant à travers la vitre arrière l'hôtel disparaître sans pouvoir y faire quoique ce soit.

Mathieu se laissa tomber contre le matelas, des larmes coulant lourdement sur ses joues. Il se pencha vers le mini-bar pour attraper une gourde de vodka. Il n'eut à peine le temps de l'ouvrir qu'il enfilait déjà la moitié.

Il attrapa son téléphone pour appeler son meilleur ami.

« Allo ? »

« Elle m'a quittée. » Il déclara son cœur brisé, la voix chevrotante. « Lisko, elle m'a quittée putain. »

« Mais pourquoi ? C'est pas possible ! »

« J'en sais rien ! » Il se redressa tout en s'écriant. « J'suis arrivé et.... elle a juste dit qu'elle voulait être loin de moi ! » Il attrapa les draps pour les jeter au sol. « Elle a dit qu'elle était pas en sécurité à cause de moi ! » Il attrapa la lampe de chevet pour la lancer sur le mur. Elle se brisa en mille morceaux, autant que son cœur. « Qu'elle avait pas besoin de moi ! »

« Il s'est passé quelque chose ? »

« Rien du tout ! » Il chercha du regard un autre objet à jeter. « Ce matin encore, on était bien... J'comprends pas. »

« Tu veux passer à la maison ? » Lisko ne sut trop quoi dire devant sa détresse. Mathieu n'avait jamais eu le cœur brisé. C'était plus souvent l'inverse, les femmes courant après lui alors qu'il s'enfuyait. « On boira des bières et on jouera à fifa ? »

Il acquiesça avant de raccrocher. Il rangea grossièrement ses affaires dans son sac, s'arrêtant dans un des pulls de Lina qu'elle semblait avoir oublié. Il le caressa du bout des doigts, s'imaginant un instant ressentir les courbes de son corps. Toutefois, il ne sentit que le tissu rêche.

Il se leva finalement, laissant le vêtement derrière lui.

C'était terminé.

Aussi simple que ça.

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant