Mathieu attrapa la serviette suspendue pour s'essuyer. La douche avait fait disparaître la transpiration et l'adrénaline du zénith parisien, lui permettant de retrouver un semblant de calme. Il enfila rapidement des vêtements confortables avant de rejoindre son groupe d'amis qui l'attendait pour le féliciter. Ils le saluèrent tous par des accolades et des cris joyeux. On lui tendit un verre qu'il refusa, attrapant plutôt une bouteille de soda pour se rafraîchir, tout en percevant de l'autre côté de la pièce, l'acquiescement de son manager. Il se dirigea vers lui, lentement, presque précautionneusement, se souvenant encore la manière dont Antoine l'avait malmené ces dernières semaines.« Félicitations Polak. » Il l'attira dans une étreinte. « Autant pour les concerts que pour ta vie privée. » Le blond hoqueta seulement, une pointe dans le cœur le liquéfiant complètement. Après avoir manqué un accident de voiture, il avait décidé de se reprendre, arrêtant l'alcool et réduisant le joint. « Quelqu'un a déposé des fleurs pour toi. »
Antoine se détacha pour lui faire un clin d'œil alors qu'il fronçait les sourcils, grimaçant presque, tout en se demandant qui pouvait lui déposer un bouquet. Il s'approcha du cadeau pour examiner du bout des doigts les pétales tout en cherchant une carte. Il dut s'y prendre à plusieurs fois pour la lire, épris d'un sentiment étrange qui fit battre son palpitant plus fort que ce qu'il n'avait jamais ressenti.
Félicitations mon amour. Je ne savais pas quoi t'offrir mais j'espère que tu apprécieras.
Je t'aime.
Lina
Il tourna le papier dans ses doigts, encore et encore, avant de tracer ses mots comme s'ils se tatouaient sous sa pulpe. Il se retourna pour voir son ami qui souriait bêtement.
« Qui l'a déposé ? »
« C'est marqué dessus, nan ? » Mathieu courut presque vers lui. « Lina a assisté à ton show, elle te l'avais promis. »
« Elle est où maintenant ? » Il regardait les alentours, serrant de toutes ses forces la carte jusqu'à la plier. « Où est Lina ? »
« Elle est partie, j'crois ? J'ai même pas pu lui dire un mot qu'elle disparaissait déjà. »
Il ne posa pas plus de question avant de sortir de la pièce pour déambuler dans les couloirs à la recherche de Lina. Mais il avait beau faire les cent pas, elle semblait irrévocablement absente. Alors, peiné, il fit demi-tour pour attraper ses affaires tout en se refusant à prendre les fleurs, qui maintenant, lui semblaient empoisonnées.
« Je rentre. » Antoine lui mit une tape amicale dans le dos. « Mamie doit déjà être à la maison et je lui ai promis de rentrer avec qu'elle ne dorme. »
« J'croyais qu'on sortait ce soir ? » Il haussa les épaules. « Tu rentres à cause de la carte ou parce que tu l'as pas vue ? »
« Les deux. »
« Envoie-moi un texto quand t'es chez toi. Rentre direct, compris ? »
Mathieu acquiesça, il avait prit l'habitude maintenant, de tenir au courant ses proches quand il était sur la route, tant pour les rassurer que pour se responsabiliser. Il se dirigea vers sa voiture garée à l'arrière, se précipitant à l'intérieur avant qu'on ne l'identifie. Il éteignit la radio pour se concentrer sur sa conduite. C'était devenu une règle, aucune distraction. La proximité avec la mort l'avait suffisamment réveillé pour qu'il ne tente plus le diable. On comptait sur lui.
Lorsqu'il arriva dans l'appartement, sa grand-mère se précipita pour le féliciter comme tous ses amis l'avaient fait auparavant. Toutefois, cette étreinte lui semblait bien plus sincère et protectrice. Lorsqu'elle s'éloigna, elle fronça les sourcils tout en regardant son petit fils de haut en bas.
« Où sont tes fleurs ? »
« Quoi ? » Il fronça les sourcils tandis qu'elle levait les yeux au ciel. « Comment tu sais pour les fleurs ? »
« C'est pas parce que tu as rompu avec Lina que je ne suis plus en contact avec elle. »
« Elle était déjà partie, j'ai même pas pu la voir. »
« J'crois que c'est ce qu'elle voulait. » Elle haussa les épaules. « Elle voulait juste te voir de loin, au moins une dernière fois. »
« Une dernière fois ? De quoi tu parles, mamie ? »
Elle essaya de lui sourire mais seule une grimace en sortit. « C'était super ton concert, tout ce monde... c'est impressionnant... » Il voulut l'interrompre mais elle embrassa sa joue avant de s'éloigner. « Bonne nuit. »
« Mamie ? Sérieux ? »
« Bonne nuit ! »
Elle s'en alla en trottinant pour échapper l'interrogatoire. Mathieu, lui, resta immobile tout en la regardant disparaître. Il attrapa son téléphone pour regarder l'heure avant de se décider à reprendre la porte. Il reprit le volant pour se diriger vers son ancien appartement, espérant y trouver son ex petite amie.
Toutefois, lorsqu'il entra, il fut accueilli par la pénombre et le silence.
« Lina ? » Il se dirigea directement vers la chambre. « Lina, t'es là ? »
Le lit était fait et vide. Toutefois, Mathieu y avait suffisamment dormi pour reconnaître l'odeur de son ex petite amie. Elle était encore là la nuit dernière, c'était certain. Il se laissa choir sur le matelas, noyé dans ses pensées. Du moins, jusqu'à ce que le placard ouvert l'interpelle. Il se redressa brusquement, pris de vertige tout en entendant sa grand-mère.
« Elle voulait juste te voir, au moins une dernière fois. »
Il bougea les cintres à la recherche d'un vêtement de Lina mais il ne restait plus rien. Seuls quelques habits de Mathieu restaient. Il sortit de la chambre pour rejoindre la salle de bain. Tous les produits avaient disparus, seul un gel douche 3 en 1 du blond restait.
Il ne restait plus aucune trace d'elle.
« Au moins une dernière fois. »
Il prit son portable pour l'appeler mais le numéro n'était plus attribué.
Il regarde les alentours à la recherche d'un indice.
Mais il n'y avait rien.
« Une dernière fois. »
Il ne put retenir ses larmes, se sentant abandonné pour la première fois depuis longtemps.
C'était comme si elle n'avait jamais existé.
VOUS LISEZ
Rusted Souls [PLK]
FanfictionIl resta là, à ses côtés, réajustant ses cheveux sans cesse comme si c'était une routine alors qu'il voulait juste rester collé à elle. Finalement, elle se retourna toujours contre lui pour toucher sa plaie. « Arrête de t'inquiéter pour ça, ça va gu...