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Lina salua ses collègues d'études avant de marcher dans les rues pour retrouver le métro. Il était tard et la nuit tombait déjà. Pourtant, sa fatigue ne la rendait pas alerte et elle déambula lentement.
Néanmoins, ses instincts reprirent le dessus lorsqu'une présence semblait la suivre. Elle se retourna pour évaluer les environs mais seule sa respiration erratique remplissait le silence. Elle continua alors sa route tout en pianotant sur son téléphone. Mathieu ne tarda pas à répondre.

« Salut bébé ! » Elle ne put se retenir de sourire. « Ça va ? »

« Oui, je rentre des cours. Est-ce que tu viens dormir chez moi ? » Elle l'entendit discuter à côté avant de reprendre le combiné à son oreille.

« J'serai là mais tard, m'attend pas. »

« J'vais devoir rentrer dans le métro. »

« On se parle toute à l'heure alors ? » Elle acquiesça bêtement tout en marchant. Elle ne voulait pas raccrocher même si elle arrivait dans la station. « Je t'aime Lin', fais attention, à tal ! »

Il raccrocha sans qu'elle n'ait eu le temps d'exprimer son anxiété. Elle souffla avant de prendre son courage et de descendre les escaliers, se tenant fermement à la rampe pour ne pas tomber avec son attelle. Elle n'eut à attendre son métro et y pris une place assise.

Son wagon était bondé mais pourtant, elle fut prise du même mauvais pressentiment que toute à l'heure. Elle resserra son sac contre elle tout en regardant chaque individu. Toutefois, personne ne sembla lui prêter attention. Alors, elle fixa un point tout en se concentrant sur sa respiration pour se calmer.

Elle descendit à son arrêt tout en continuant son observation, en alerte. Elle s'arrêta en haut des escaliers, se camouflant, piteusement, pour vérifier qu'elle ne soit pas suivie. Et, elle fut surprise de voir une ombre s'arrêter devant les escaliers. Elle ne prit pas la peine de réfléchir à une causalité, et se mit à courir, son attelle claquant contre le bitume. La douleur la prit au ventre si fortement qu'elle sanglotait tout en boitant se précipitant jusqu'à sa porte pour la verrouiller derrière elle et s'y appuyer. Elle s'effondra sur le sol, le cœur battant la chamade tandis qu'elle se retenait de crier dans son poing. Elle retira son attelle pour voir son pied prendre une forme douteuse.

Elle se recroquevilla sur le sol pour tenir sa jambe si longtemps qu'un toquet la réveilla. Mathieu tapait sur la porte depuis cinq bonne minutes. Elle se releva avec peine pour lui ouvrir et s'effondrer dans ses bras.

« Hey. » Il la rattrapa pour ne pas qu'elle tombe. « Ça va pas ? » Elle secoua la tête tout en éclatant en sanglot. Il la souleva pour qu'elle s'accroche à lui et il l'emmena jusqu'au lit, assis au bord, Lina sur ses genoux. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Mathieu se décrocha de sa prise pour la regarder. Ses yeux étaient bouffis d'avoir tant pleuré tandis que son cou était rouge tant elle l'avait gratté. Il passa ses doigts sur ses paupières avant d'embrasser sa peau douloureuse. Il resta encore quelques secondes en suspend pour comprendre ce qui avait pu arriver mais elle semblait indéchiffrable, la bataille dans sa tête se cachant derrière un blindage immense.

« Parle-moi. »

« Tu vas te moquer de moi. » Elle quitta son regard, une nouvelle vague de larmes l'envahissant.

« Bien sûr que non. Comment tu peux penser ça une seconde ? » Il caressa son visage de son pouce. « Communication ? »

Elle leva les yeux au ciel tout en essuyant ses joues. « C'est complètement stupide mais j'ai eu peur en rentrant. »

« Pourquoi ? » Il fronça les sourcils. « T'as l'habitude de rentrer des cours le soir. Nan ? »

Elle acquiesça. « Mais là, j'ai eu l'impression d'être suivi. » Il resta silencieux, effrayé à cette possibilité. « Tu trouves ça stupide. »

« Non, pas du tout. » Il embrassa son front comme un signe protecteur. « J'te crois et j'suis désolé que t'aies eu peur. » Il caressa ses cheveux si tendrement qu'elle ferma les yeux. « Mais t'as raison,c 'était sûrement jute une impression. »

Elle acquiesça vivement, essayant de se convaincre alors que son menton tremblait d'angoisse. « J'ai tellement eu peur. » Il la serra contre lui. « C'était horrible. »

« C'est terminé maintenant. » Il la resserra contre lui pour la ramener à la tête de lit et s'allonger. « T'es en sécurité là, ok ? » Ses lèvres papillonnèrent sur son visage. « Et, si jamais ça arrive une nouvelle fois.. je l'espère pas mais si jamais tu te sens pas en sécurité quelque part. Trouve un endroit et appelle-moi. J'viendrai te chercher. »

« Ok. » Elle acquiesça tout en le regardant si amoureusement que Mathieu se sentit léviter. « Par contre, on a peut-être un autre problème ? » Elle se pinça les lèvres. « J'ai peut-être...un peu couru ? J'ai le pied en feu. »

Il se releva pour y regarder de plus près et grimaça. « Oh ouais, t'es l'infirmière mais j'peux confirmer que c'est pas fou... » Il toucha de son index comme si sa peau allait éclater. « Tu veux que j'y fasse quelque chose ? »

« De la glace ? » Elle haussa les épaules. « Voir si ça dégonfle ? La douleur est passée. »

Il se précipita dans la cuisine pour trouver des glaçons qu'il amassa dans un des torchons de cuisine traînant sur le comptoir. Il arrive à demi-foulée, un sourire éclatant tandis qu'il lui montrait ses recherches. Elle ne put se retenir de le trouver adorable et elle en rougit bêtement. Mathieu posa le froid sur sa cheville et elle grimaça.

« Maintenant, c'est moi l'infirmier. »

« Ça te va bien je trouve ! » Il la vit enfin sourire grandement. « C'est très sexy. »

« T'as beaucoup pris soin de moi pour ma plaie. » Elle toucha du bout des doigts sa cicatrice à travers ses vêtements. Elle était presque transparente maintenant. « C'est à mon tour. »

« Mon super-héros. » Elle embrassa sa joue et il leva les yeux au ciel.

« J'aurais aimé l'être pour tout. » Il baissa le regard, préférant fixer son pied plutôt que ses yeux.

« Mat... » Elle poussa le torchon glacé pour s'approcher et monter sur ses genoux. « T'as été là. Arrête. » Elle attrapa son visage en coupe pour le forcer à la regarder. « Bien plus que n'importe qui. Même sans le savoir. »

« J'sais bien. Tu le dis tout le temps. »

« Mais tu me crois pas. » Elle passa son pouce sur ses lèvres tendrement. « J'ai besoin que tu me crois bébé. » Il acquiesça tandis qu'elle s'appuyait front contre front.

« J'essaye mais ça me revient parfois. » Il la serra un peu contre elle. « J'y travaille encore. »

« Oui, moi aussi. » Elle embrassa sa joue. « Moi aussi. »

Ils restèrent un instant ainsi, s'imprégnant l'un de l'autre pour extérioriser leurs cauchemars. Lina put enfin se détendre, si bien qu'ils s'allongèrent encore habillés, le ventre vide mais le cœur plein.

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant