65

1K 35 2
                                    

Après l'anniversaire d'Antoine, Mathieu et Lina semblaient se retrouver. Elle essayait d'être présente au maximum sans pour autant l'envahir tandis que lui, essayait de garder la tête hors de l'eau, se refusant à toutes émotions plutôt que de perdre la face. Il accumulait les peines tout en étant incapables de les nommer. Pourtant, elles étaient bien réelles, du passé maternel et de la gestion post-traumatique de Lina, de la mort de Mehdi à sa famille chaotique, tout était bien trop réel. Suffisamment pour que l'après-studio et la fatigue terminent sa stabilité. Il se laissa tomber sur le trottoir du parking, s'allumant une cigarette qu'il ne sut fumer tant il était oppressé. Il la jeta sur le béton avant d'attraper son téléphone. Il hésita un instant, observant son fond écran jusqu'à ce qu'il devienne flou. Finalement, il appela Lina, le cœur battant la chamade et les yeux larmoyants. Il n'eut le temps d'entendre une sonnerie qu'elle répondait.

« T'es super rapide pour répondre. » Il espérait la faire rire un tant soit peu mais sa voix était tellement enrouée qu'elle en fut incapable.

« Ça ne va pas ? » Il l'entendit poser le téléphone et il supposa qu'elle se rhabillait. Il aurait aimé avoir le courage de lui dire que ce n'était pas utile. « J'arrive, d'accord ? Parle-moi en attendant, j'te garde au téléphone. J'en ai pour cinq minutes. » Il entendit les clés puis une porte se claquer. Il resta incapable de dire un mot alors elle prit le dessus. « Tu sais quoi ? Avez Enzo, on a fait des cookies cet après-midi et je t'en ai gardé... j'ai lutté pour par tous les manger parce que je t'aime et tu verras ils sont...»

Elle continua de jacasser sans but jusqu'à ce qu'elle se gare sur le parking du studio. A peine le moteur était éteint qu'elle le cherchait tout en trottinant sur le goudron. Et, elle le vit, assis sur le trottoir, le téléphone collé pour ne pas louper les babillages de Lina tandis que des larmes se déversaient sans limite sur ses joues. Elle raccrocha puis se mit à sa hauteur alors que lui garder son portable de toutes ses forces. Elle lui attrapa pour libérer ses mains mais tout ce qu'il fit c'était de fermer les poings plus fort contre ses tempes.

« Bébé ? » Elle essuya ses pommettes. « Parle-moi, qu'est-ce qui se passe ? » Il secoua la tête pour se libérer mais elle renforça seulement sa prise. Elle prit une voix grave tout en essayant de limiter. « Tu veux que je sorte la carte de la communication ? » Il renifla tout en se retenant de sourire en se pinçant les lèvres. Elle déposa sa bouche sur son front. « Imagine... imagine toi et moi dans un lit immense... il est tôt mais on se réveille à cause du lever du soleil... Et lorsqu'on ouvre les yeux... on tombe sur la mer à travers les persiennes. On est en Guadeloupe, loin de tout... » Elle caressa son visage. « Et on est si bien, tranquille,... » Les épaules de Mathieu se mirent à trembler. « Que toi et moi, pour toujours à vivre sur cette plage, emmanchés dans des draps,dans notre bulle. »

« Disparaître d'ici n'est plus suffisant. » Elle fronça les sourcils, surprise de sa réponse. La Guadeloupe avait toujours été leur eldorado.

« Alors, on va seulement aller à l'appartement, s'enfermer pour manger des cookies et fumer un joint. » Elle embrassa ses lèvres. « Et on fera l'amour, on prendra des bains... on fera tout ce que tu aimes. »

« On peut pas juste s'isoler et ignorer ce qui se passe. » Elle attrapa sa mâchoire pour le confronter.

« Arrête tes conneries. On ignore rien du tout, on rééquilibre la balance. » Elle mima une balance. « Le décès de Mehdi, l'alcoolisme de ton père.... »

«... les horreurs qui te sont arrivées. » Ses mensonges.

« Ouais, ça aussi. Mais de l'autre côté l'amour, la vie... » Elle se pinça les lèvres tout en baissant le regard. « Alors, on rentre ? » Il acquiesça avant de se redresser. « Je te ramène, vu ton état. On récupéra ta voiture plus tard. »

Main dans la main, il la suivit. Elle lui ouvrit la portière et ne loupa pas l'occasion de l'embrasser de nouveau. Il se laissa guider, regardant les lumières de la ville tandis que Lina murmurait les paroles de sa playlist, tapotant le volant, essayant de se détendre au mieux malgré la pesanteur de l'humeur de Mathieu. Elle agaça suffisamment le blond qu'il attrapa ses doigts jusqu'à l'appartement. Lorsqu'elle ouvrit la porte, il ne manqua pas l'odeur des cookies ainsi qu'Enzo, emmitouflé dans une couette sur le canapé. Lina embrassa sa joue tendrement avant de se diriger vers la salle de bain. Il la rejoignit avant de s'asseoir sur le bord de la baignoire.

« Bébé ? » Elle quitta le miroir pour le regarder, il avait l'air épuisé. « Merci d'être venue me chercher. »

Elle retira ses propres vêtements, ne laissant que sa culotte et son soutien-gorge. « Je serai toujours là, comme promis. » Il fronça les sourcils, tentant de cacher son sourire en pinçant les lèvres. Elle lui retira son sweater en même temps que son t-shirt. « T'as besoin d'une douche. » Il se renifla les aisselles tout en grimaçant, elle n'avait pas tord, l'anxiété semblait être ressorti par tous ses pores. « Et j'ai besoin d'être dans tes bras. » Il se leva pour la scruter. Elle retira le peu qu'il lui restait avant de se mettre sous le jet d'eau, frissonnant à son contact. « Tu viens ou quoi ? »

« J'arrive. » Il retira à son tour son jogging puis son caleçon avant de la rejoindre, la protégeant du pommeau de douche. Elle se logea dans ses bras, comme à leur habitude. « Mieux comme ça ? »

« Beaucoup mieux. » Elle embrassa son torse. « Et toi ? »

« Beaucoup mieux. » Il la serra fortement contre lui, s'accrochant presque à elle comme pour ne pas s'effondrer. « J'suis désolé de t'emmerder avec mes conneries. »

« Tes conneries sont mes conneries. » Il attrapa le shampoing et en mit une dose excessive, une nouvelle fois. Il lui massa tendrement le cuir chevelu, obnubilé par l'odeur et les frissons de Lina. « A moi de te shampouiner... » Il papillonnait sa bouche contre son épaule alors qu'elle se retournait.

« T'es trop petite pour ça. » Il la nargua, gonflant le torse tout en la regardant de haut.

« Allez Mat ! » Elle attrapa sa nuque pour se porter puis enroula ses jambes autour du bassin de Mathieu. « Et là, tu vois, j'peux, laisse-moi faire. » Il pouffa tout en attrapant ses fesses alors qu'elle se contorsionnait déjà pour attraper le flacon. « Tu t'imagines même pas comment j'suis contente. »

« Si si ça se voit. »

« Ferma-la un peu. » Il pouffa tout en pinçant ses fesses, ne tardant pas à allumer le jet pour se refroidir les idées.

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant