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Mathieu se lavait les dents tout en regardant par le miroir Lina, assise au bord de la baignoire s'appliquant une crème hydratante sur ses jambes halées. Intimidée, elle lui jeta une serviette qui tomba sans le toucher. Il ria avant de se rincer la bouche pour se retourner, appuyer nonchalamment contre le lavabo pour la détailler sans scrupule.

« Arrête ! » Elle se mit à rougir pendant qu'il croisait ses bras.

« T'es trop mignonne. » Elle leva les yeux au ciel avant d'hydrater ses bras. « C'était sympa ce resto. »

« J'crois que c'est le premier qu'on a fait que tous les deux. »

Il acquiesça. « C'est plus simple, ici. »

« Je sais. » Elle se leva pour aller au lavabo. Mathieu échangea sa place, s'asseyant sur le bord de la baignoire. « Tu comptes rester ici ? » Il haussa les épaules. « Y a rien d'intéressant à voir. »

« C'est ce que tu crois. » Il lui fit les gros yeux tout en montrant de son index le corps de Lina qui en réponse baissa les yeux puis se retourna pour se regarder dans le miroir. Mathieu se leva pour se poser derrière elle, gardant un espace minimal entre eux. Toutefois, il se pencha vers elle pour lui susurrer. « Ça me fait penser à la fois où on était à l'hôtel après avoir été chercher Enzo. » A ses mots, elle se reposa contre lui, fermant les yeux pour se revisionner la scène. A l'époque, sa vie semblait insurmontable. Pourtant, dorénavant, elle paraissait beaucoup plus simple. L'enfer, c'était maintenant qu'elle le vivait. « Tu m'avais dit qu'il y avait rien à voir. »

« Et tu m'as dit que j'étais minuscule. » Elle se retourna et il la monta sur le lavabo.

« C'est toujours le cas. »

Elle embrassa sa joue doucement. « A l'époque, tu espérais réussir et regarde-toi maintenant. » Il ne put se retenir de sourire devant la fierté non cachée de Lina. Il aurait aimé pouvoir lui dire qu'elle aussi, avait accompli ses projets. Néanmoins, c'était loin d'être la réalité. « On avait pas pu s'embrasser à cause de Zozo mais là, rien pour nous empêcher. » Pour accentuer ses mots, elle déposa ses lèvres lentement sur les siennes. « J'te remercie de ne pas m'avoir abandonnée. Même quand j'suis partie. Merci de m'avoir emmené ici, encore une fois. J'suis chanceuse de t'avoir. »

« Ça a toujours été toi. » Elle encercla ses jambes autour de son bassin et il l'emmena jusqu'au lit tout en continuant de lui déclarer. « J'en ai jamais douté. »

« J'veux personne d'autre. »

« Ça m'arrange. » Elle pouffa tandis qu'il attaquait son cou de baisers.

« Attends... Mat... » Il s'arrêta pour la regarder, restant néanmoins au-dessus d'elle. « J'me sens pas prête. »

Il caressa son visage lentement tout en admirant chacun de ses traits. « Je ne comptais pas aller plus loin. »

« J'ai l'impression de te frustrer. »

« Pas du tout, Lin'. » Il embrassa son front avant de s'allonger à ses côtés. « On a tout le temps. Et je me suffis de ce que tu me donnes bébé. »

Il n'eut le temps d'argumenter que son portable se mit à vibrer sur la table de nuit. Il le regarda avant de le reposer. Toutefois, son ami insista encore et encore jusqu'à l'agacer suffisamment pour qu'il l'attrape sèchement. Lina, elle, s'était rapprochée de lui, tout autant pour se reposer dans ses bras que pour entendre la conversation téléphonique. Elle lui murmura tout en lui ordonnant de rester agréable mais il secoua la tête avant de décrocher.

« Qu'est-ce que tu veux ? »

« Salut à toi aussi ! »

« J'suis un peu occupé là, Peli. » Lina resserra sa prise autour du torse de Mathieu, espérant que son contact l'apaiserait. Il déposa de multiples baisers sur sa main avant de se concentrer de nouveau sur son ami au bout de la ligne. « T'as besoin de quelque chose ? »

« J'ai pas une nouvelle de dingue à te dire parce que ça va vraiment foutre la merde... mec va falloir que vous rentriez. » Il laissa un silence pesant envahir la Guadeloupe. Le blond se redressa et Lina s'appuya sur son épaule, derrière lui, espérant lui montrer son soutien. « Marcus s'est fait tué. »

« Quoi ? » La brune laissa tomber sa main le long de son corps et recula un peu, sous le choc. « Par qui ? »

« On sait pas encore mais franchement, vous êtes les premiers suspects. » Cette fois, ce fut de trop pour Lina qui se replia sur elle-même. Mathieu, lui, ne se rendit pas compte de son changement d'attitude, tout autant épris d'inquiétude. « Les flics m'ont demandé où vous étiez. Je leur ai dit que vous étiez partis tous les deux pour vous couper de Paris mais putain, ça part en couille. J'suis désolé de vous rajouter des merdes. »

« Merci pour l'info, Lisko, je te tiens au courant de quand on rentre. »

Et il raccrocha sans un mot de plus, sous le choc. Il lui fallut plusieurs minutes d'immobilité avant qu'il ne se rende compte que Lina pleurait toutes les larmes de son corps derrière lui. Toutefois, il était incapable de bouger, la fixant néanmoins.

« Il est mort, c'est pas possible. » Elle le regarda à son tour, du moins, à travers le rideau de larmes dans ses yeux. « Comment ça a pu arriver ? Qui a pu faire ça ? »

Mathieu quitta le lit tout en faisant les cent pas. « T'as dit que tu voulais qu'il meurt, que tout irait mieux si il était mort. »

Elle fronça les sourcils. « Quoi ? J'disais juste ça comme ça. Et j'te rappelle que j'suis là avec toi et que toi aussi, t'as dit que si tu pouvais, tu le tuerais de tes propres mains. » L'angoisse de Lina laissa place à la colère. Elle se leva pour se poser devant lui et l'empêcher de déambuler. « Qu'est-ce que t'insinues de toute manière? »

« Rien du tout ! »

« Alors ne dis rien. » Elle attrapa sa valise et ouvrit l'armoire. « Parce que j'ai pas besoin que toi aussi tu croies que j'serai capable d'être complice d'un truc aussi dingue. »

« Personne ne va croire ça. » Elle posa ses vêtements tout en gardant de côté une tenue pour le retour. « Lina, on n'est pas obligé de partir tout de suite. Il nous reste encore quelques jours de vacances. Et moi non plus, j'ai rien à voir avec ça. »

« T'as pas besoin de le préciser. Moi, j'en doutais pas. » Elle haussa les épaules faiblement. « On a tous dit qu'on souhaitait sa mort mais la planifier c'est différent. »

« Désolé, j'sais pas à quoi je pensais. »

« Tu peux être vraiment con parfois. » Elle resta immobile. « T'es un putain de mec en or. Je t'aime de dingue mais sur des trucs comme ça, franchement, tu peux vraiment être con. »

« Je sais. Je sais. » Il s'accroupit à ses côtés. « Laisse tes affaires tranquille. On est pas obligé de partir tout de suite. On est pas à quelques jours près. » Elle acquiesça. « Marcus est mort, putain. »

« Il est mort. »

« Il ne reviendra plus jamais te faire du mal, Lin'. »

« C'est terminé. »

« Je l'espère. »

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant