« Lina ! » Franck ouvrit la porte en grand, se moquant de son intimité ou de son sommeil. « Lève-toi, grouille-toi, on a besoin de toi ! »Elle se releva en sursaut, attrapant un sweater avant de se diriger vers le salon où un homme était allongé sur le canapé. Elle ne put retenir un hoquet de surprise en voyant le sang sur lui. Il tenait son bras tout en criant de douleur. Le gérant la poussa pour qu'elle s'approche, mais elle en eut la nausée.
« Il s'est pris une balle dans le bras. Fais quelque chose ! »
« J'sais pas c'que j'peux faire. » Elle secoua la tête tout en reculant. « J'ai jamais fait ça, Franck, j'peux pas. »
« T'as pas le choix. T'as juste à l'enlever et faire des points. »
« Et si ça a touché une artère. »
Un second homme s'approcha vers elle, si robuste qu'il effraya la brune. « Fais-le ! Il est recherché, on peut pas prendre le risque. » Elle refusa une nouvelle fois, les larmes maintenant dans ses yeux. Il n'hésita pas une seule seconde pour pointer une arme entre ses yeux. « Sors cette putain de balle de son bras ou c'est toi qui t'en prends une. »
Face à ses arguments, elle se pencha vers le bras pour observer la plaie. Elle n'avait jamais vu de telle chose. Mais soudainement, le choc fit son effet et elle s'installa dans un état second qui lui permis de gagner son sang froid. Elle ordonna à un homme de l'éclairer avec son flash et au même moment à Franck de prendre tout son nécessaire.
« Et dégage cette arme de moi. »
Et c'est ainsi qu'elle tritura la plaie à la recherche de la balle sous les regards paniqués de ses amis. Rien ne la perturba, ni même la porte d'entrée qui s'ouvrait. Du moins, jusqu'à ce que Franck hausse le ton.
« C'est pas le moment Polak ! »
Lina vit Franck le pousser vers le couloir. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Il ne se laissa pas faire, s'imposant dans le salon. Toutefois, il resta bloqué en voyant la scène, Lina les mains dans le bras d'un homme. « Putain, vous foutez quoi ? Vous êtes tarés ! » Il s'écriait maintenant.
« Mathieu. » Lina l'appela calmement malgré la folie de la scène. « Franck a raison, c'est vraiment pas le moment. Ton fric peut attendre. »
Il leva les mains en l'air, agacé, avant de partir en claquant la porte. Elle se concentra de nouveau devant la plaie, faisant de son mieux pour ne pas aggraver la boucherie. Il lui fallut plus d'une heure tant ses mains étaient tremblantes mais finalement, la balle était sortie et la peau était suturée.
« C'est terminé. » Elle se redressa sur ses jambes flageolantes pour se diriger dans la cuisine. « J'vais me laver les mains. »
« Merci, Lina. »
Elle acquiesça avant de passer ses mains sous l'eau pendant de longues minutes. Elle avait le regard dans le vide, le choc frigorifiant tous ses muscles. « J'ai besoin de prendre l'air. »
Il lui accorda ce moment de liberté et elle n'attendit pas qu'il change d'avis pour s'enfuir et monter les escaliers à toute vitesse pour rejoindre le toit du bâtiment. Elle se rua sur le bord pour y échapper quelques larmes de rage, cognant de son poing le mur qui retenait sa délivrance. Finalement, elle retomba contre le sol, se recroquevillant en sanglot, l'envie de s'arracher la peau, de crier, se faisant si grande qu'elle se balançait d'avant en arrière pour s'apaiser. Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir puis se fermer, ni les pas s'approchant d'elle, pourtant lourds et rapides. Toutefois, lorsque des bras l'entourèrent, elle se mit à se débattre comme si sa vie en dépendait.
« Lina, c'est moi, tout va bien. » Mathieu s'était accroupi derrière elle, la berçant contre lui tout en embrassant répétitivement ses cheveux. « J'suis là, ça va aller. »
Il continua à murmurer des mots doux tout en la serrant contre lui, jusqu'à ce que ses sanglot se transforment en soubresauts puis en simples reniflements. Elle se retourna légèrement pour se cacher dans son cou pendant qu'il dessinait dans son dos des formes tendres. Elle s'apaisa enfin par son contact mais la douleur de son poignet se réveilla soudainement. Il attrapa sa main, la mobilisant comme s'il y connaissait quelque chose.
« Pourquoi t'as fait ça Lina ? T'aurais pu te le casser. »
« J'voulais juste ne plus jamais revivre ça. » Elle secoua la tête pour chasser ses flashbacks. « J'ai jamais voulu faire ça, j'ai jamais...»
«...J'sais, Lina, c'est bon, c'est terminé. »
« Jusqu'à la prochaine fois. » Elle s'enfonça un peu plus contre le blond comme s'il devenait un échappatoire. « J'veux plus. J'veux plus de tout ça. »
« Alors, il faut que tu t'en ailles, que tu trouves un moyen de partir. » Il embrassa sa tempe. Cette fois, même son propre égoïsme n'était pas suffisant, il fallait qu'elle s'en aille. Même si cela voulait dire qu'il ne le verrait plus. « Et tu n'auras plus jamais à vivre ça. Fais ta valise, Lina, je t'emmènerai loin d'ici. »
« Tu ferai ça ? » Ils se regardèrent un instant dans les yeux, Lina cherchant une hésitation. « Maintenant ? »
« Si tu le veux. »
Elle se jeta sur ses lèvres pincées de contrariété avant de rejoindre l'appartement de Franck. Son enthousiasme diminua lorsqu'elle rencontra les mêmes hommes qu'il y a quelques minutes. Elle se stoppa net dans sa course, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Le gérant s'approcha d'elle, perdant son air menaçant à la vue des yeux bouffies de la brune.
« Qu'est-ce que t'as ? »
Elle secoua la tête. « Rien, c'est pas comme si tu t'en préoccupais Franck. » Elle essaya de la déplacer mais il attrapa son bras perdant toute son empathie. « Laisse-moi me reposer. »
« Si tu te consacrais un peu plus à ce pourquoi t'es là, tu serais moins fatiguée. » Le sous-entendu la blessa.
« Hey ! Toi ! » L'homme qu'elle avait soigné l'interpellait. Il tenait son bras blessé et semblait dans un autre monde tant il avait consommé de drogues. « Viens là ! »
Elle regarda Franck tout en espérant qu'il prenne sa défense mais son énervement contre elle était tel qu'il haussa seulement les épaules pour lui dire de se débrouiller. Alors elle prit son courage à deux mains pour avancer vers lui, suivit de près par le gérant qui ne pouvait se retenir de surveiller les événements autour de Lina.
La peur lui faisait trembler les mains si fort qu'elle dut les cacher dans son dos pour garder constance.
« Merci pour ce que t'as fait. » Elle hocha seulement la tête. « Pour te remercier. » Il sortit un sachet qu'elle ne connaissait que trop bien.
« Non merci, je ne prends plus tout ça. »
« Prends-le. » Elle secoua la tête tout en regardant Franck qui préfère regarder le sol. « On refuse pas un cadeau. » Alors elle l'attrapa, scrutant les capsules de Molly qui l'avaient tant détruite il y a encore quelques semaines. « Prends-le maintenant, ça vient de notre propre cuisine. »
Et alors, elle le prit, oubliant ses rêves de fuite et d'avenir.
VOUS LISEZ
Rusted Souls [PLK]
FanfictionIl resta là, à ses côtés, réajustant ses cheveux sans cesse comme si c'était une routine alors qu'il voulait juste rester collé à elle. Finalement, elle se retourna toujours contre lui pour toucher sa plaie. « Arrête de t'inquiéter pour ça, ça va gu...