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« Lina ? » Mathieu toqua contre la porte de la salle de bain, l'attendant depuis une heure. Elle souffla, les mains frôlant ses cicatrices. « Tout va bien ? »

« Oui, j'vais m'habiller, j'arrive. » Son index passa sur sa poitrine où sa blessure était encore si sensible qu'elle grimaça d'inconfort et de dégoût. « Tu crois que t'auras toujours envie de moi ? » Il s'appuya contre le bois de la porte, priant pour qu'elle lui accorde d'entrer. « Quand tu me verras nue... si jamais... laisse tomber. »

Elle enfila un pull trop large qui cachait même son short cycliste, ne supportant plus de se regarder dans les miroirs. Elle attacha ses cheveux encore sales dans un chignon.
Elle n'avait pas passer sa tête sous l'eau malgré qu'elle avait pris une douche, presque gelée, de peur qu'un esprit malveillant tourne le mitigeur. Elle lui ouvrit la porte et il se força à lui sourire.

« J'comprends même pas pourquoi ou comment tu peux penser ça. » Il rentra dans la salle de bain et elle recula pour s'appuyer contre le lavabo. « Est-ce que je t'ai donné une raison de penser ça ? » Son ton était doucereux, épris d'inquiétude d'avoir, un jour, pu lui faire penser qu'il ne la désirait pas.

« Non, bien sûr que non. » Elle baissa les yeux tout en se grattant le cuir chevelu. « J'ai pas su laver mes cheveux mais j'ai pris une douche quand même. » Elle haussa les épaules puis se retourna pour ranger ses affaires, ne supportant pas le regard presque fier de Mathieu. « Pour y arriver, j'ai peut-être une idée parce que je suis franchement incapable de le faire par moi-même... mais si tu veux pas... »

« Lina, j't'ai jamais autant entendu tourner autour du pot que maintenant. » Elle s'arrêta dans ses mouvements. « Tu sais que tu peux tout me demander, pas besoin de mettre les formes. »

« Est-ce que tu veux bien me laver les cheveux ? » Elle le regarda cette fois, le suppliant presque du regard de lui accorder un geste si simple. « Dès que j'approche le jet de ma tête, j'ai l'impression de me noyer, j'arrive plus à me concentrer mais si toi tu le fais... »

« Ouais, d'accord. »

Il acquiesça avant de repartir en chambre pour chercher les coussins du canapé. Il installa au mieux les oreillers pour son confort tout en lui proposant de s'y asseoir. Elle n'argumenta pas et prit place, essayant de garder son calme tout en se laissant guider par la seule personne dont elle avait confiance dorénavant. Toutefois, elle garda les yeux grands ouverts, prête à déguerpir pendant qu'il réglait la température et la puissance de l'eau. Elle retira son élastique et ses cheveux tombèrent dans la baignoire.

« T'es prête ? » Il hésita, le pommeau dans la main tout s'installant au bord. « J'vais devoir être près de toi, Lin', et te toucher. »

« Je sais. » Elle acquiesça tout en frottant ses cuisses pour calmer son anxiété, les jambes repliées contre elle-même.

« J'vais commencer par le bas comme ça, j'y vais doucement. » Elle acquiesça tout en serrant les poings et il passa le jet sur les pointes remontant doucement jusqu'à sa tête. « Tout va bien, tu vois. Respire calmement bébé, j'te jure que tout va bien, c'est toi et moi. » Il garda une main comme barrière sur son front, empêchant que les gouttes d'eau tombent sur son visage. Il reposa le pommeau de douche. « Tu veux faire le shampoing toute seule ? »

Elle secoua la tête vigoureusement. « Nan, nan, j'suis incapable de bouger là. » Elle ferma les paupières fortement et une larme s'échappa. « C'est tellement dur. » Mathieu mit trop de produit et se retrouva à se débattre dans ses cheveux, mais bien heureux malgré la situation de pouvoir toucher la brune mais surtout lui donner de son amour.

« Regarde-moi. » Elle ouvrit les yeux, les lèvres pincées et le menton tremblant. « Tu te débrouilles super bien. Ça ira de mieux en mieux, c'est promis. » Elle acquiesça. « Je continue ? »

« Pas le choix, nan ? »

Il grimaça pour la détendre mais elle était beaucoup trop angoissée pour voir ses efforts. Alors, il reprit et elle referma les yeux. Cette fois, l'odeur et la texture de la mousse fut de trop. Lina serra plus fort ses poings, sa respiration fut plus forcée si bien que Mathieu se sentit dépassé par sa terreur. Alors, il fit ce qu'il connaissait le mieux avec la brune, il se positionna devant elle, jambes contre jambes.

« Regarde-moi bébé. » Il attrapa son menton, amoureusement, pour retenir ses mouvements erratiques. « Allez, Lin. » Il continua de passer l'eau sur ses cheveux tout en les caressant. « Tout va bien, tu vois ? J'prends soin de toi, ça va. »

Il ne s'arrêta pas malgré la panique de Lina, rinçant chaque recoin de sa tête. Il se rappela toutes les fois où elle avait sorti sa trousse médicale pour prendre soin de lui, toutes les fois où elle avait prit son temps pour le soigner, le regard attentif et les mains attentionnées. Il voulait lui rendre toute cette dévotion.

Lorsqu'il arrêta l'eau, Lina explosa dans un sanglot incontrôlable tout en s'agrippant à Mathieu qui essayait d'essorer ses cheveux. Il se laissa tomber sur les fesses et elle se recroquevilla entre ses jambes. Lui, n'essaya pas de la resserrer contre lui, essuyant seulement sa tête avec une serviette pendant qu'elle tenait fermement le t-shirt du blond.

« J'suis fier de toi. »

« J'arrive plus à respirer. » Son hyperventilation augmentait de plus en plus tandis que ses yeux se révulsaient. « J'vais mourir. »

« Non, tout va bien, respire lentement. Ça va passer. »

Elle secoua la tête et Mathieu dut la retenir pour ne pas qu'elle tombe contre la faïence de la baignoire. « Ça va pas du tout ! »

Il abandonna la serviette sur le côté pour la garder contre lui. « T'es forte, Lin, j'te jure que t'es la plus forte que je connaisse. Respire... » Il se laissa aller à embrasser sa tempe, longuement. « Tu peux pas abandonner, pas maintenant. »

« Serre-moi contre toi. »

Il ne se fit pas prier, positionnant ses mains dans le milieu de son dos pour la rapprocher. Il lui susurra des mots doux pour la rassurer tandis qu'elle pleurait toutes les larmes de son corps jusqu'à s'épuiser. Il la berça sur le sol de la salle de bain, les coussins du canapé trempés encore sur le carrelage.

« Merci Mat d'être là, de pas m'abandonner. »

« Jamais. T'as toujours été là, toi. C'est à mon tour. »

« Je t'aime. »

« Depuis toujours. » Il déposa ses lèvres contre ses cheveux. « J'étais encore personne, j'avais pas d'album, rien... »

« Et pour toujours. »

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant