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Lina se réveilla, la bouche pâteuse et le manque dans la tête. Elle s'habilla en vitesse tout en regardant l'heure et se rendit compte qu'il était tard. Elle passa dans l'encadrement de la porte pour y vérifier qu'elle était seule mais tomba sur Franck assis dans le salon seul, à faire des sachets tout en regardant la télé.

« Salut. » Il tenta de lui sourire mais le regard colérique de la brune le fit regretter. « J'ai acheté à manger. »

Elle avança pour regarder le contenu et fut étonnée de voir son plat préféré. « Chinois ? » Elle le regarda, suspicieuse. « Tu détestes. »

« Mais toi, t'aimes non ? » Il ne put retenir son agacement alors qu'elle fermait le sac. « Lina, mange putain. »

« Tu vas faire quoi ? Pointer une arme sur moi ?--J'ai pas faim, ça me dégoûte maintenant. » Elle prit place à ses côtés, attrapant le whisky et une pilule qu'elle avala d'une traite. Franck la regarda d'un air noir. « Quoi ? Maintenant, ça te fait chier que je me défonce ? »

« Tu venais d'arrêter. » Il secoua la tête tandis qu'elle se recroquevillait sur le canapé tout en fermant les yeux. « J'te reconnais plus. »

Elle pouffa. « Comme si tu m'avais connu un jour. » Elle attrapa le sachet de nourriture pour picorer dedans. La faim étant plus forte que sa colère. Franck tenta de cacher son sourire dans sa manche. « Pourquoi t'es tout seul aujourd'hui ? Tu fais plus de sachets depuis longtemps. »

« Parce que j'peux compter sur personne. » Il secoua la tête tout en observant les alentours comme si une attaque se préparait. « Du moment où j'ai été menacé, tout le monde a changé de camp. »

« Pas moi. » Elle haussa les épaules.

« Tu fais pas partie de ce monde là, Lina. » Il s'arrêta pour s'enfoncer dans le canapé. « Tu devrais même pas être là. »

Elle ne répondit pas, préférant enfourner sa nourriture plutôt que faire face à la réalité. Elle était maintenant dans la mauvaise bande.

Et elle allait vite s'en rendre compte.

Quelqu'un toqua à la porte bruyamment à multiples reprises. Lina se mit à regarder Franck, à la recherche d'une réponse pendant que la tension augmentait. Il resta silencieux, espérant que la personne parte mais ce ne fut pas le cas. Alors, il se redressa pour attraper le flingue de la table basse.

« Va te planquer dans ta chambre. » Elle resta stoïque sous le choc. « Grouille-toi ! »

Il lui tira le bras pour l'emmener lui-même et elle se laissa guider jusque dans le placard où il l'enferma. Il fila vers la porte d'entrée où Lina n'entendit que quelques murmures. Elle se recroquevilla, espérant disparaître ou se réveiller de ce cauchemar. Mais elle était bien dans la réalité et ce fut lorsque Franck lui ouvrit, inquiet et dépité qu'elle comprit que tout ne se passerai pas comme prévu, un simple dimanche sur le canapé.

« Lina, viens. » Elle secoua la tête tout en essayant de reculer. « S'il te plaît, ça va aller, viens. »

Alors, malgré tout ce qu'elle avait pu vivre ici, malgré le mensonge évident, elle s'avança et tomba sur les hommes de hier dont celui qu'elle avait retiré la balle. A leur vue, une goutte de sueur longea son dos, laissant une chaire de poule désagréable picoter sa moelle épinière. Il s'allongea sur son lit tout en retirant son t-shirt. Elle grimaça, dégoutée.

« Il faut que t'y regardes. » Elle fronça les sourcils, le pansement était propre. « T'as été une très bonne infirmière mais j'ai besoin de soins particuliers. » Son regard était salace et elle en eut la nausée. Elle regarda Franck et fut étonné de le voir assis au sol, une arme collée à sa tempe. « Ne lui demande pas d'aide. Il a des dettes envers tout le monde ici. Mais le truc c'est qu'il n'a rien a nous apporté. »

« A part son infirmière privée. » Ce fut la première fois qu'elle entendit le deuxième homme et elle souhaita ne plus jamais l'entendre.

Le gérant acquiesça vers elle, tentant d'être réconfortant. Lina s'approcha alors tout en sortant cette trousse devenue maudite. Elle resta au bord du lit, se penchant maladroitement tant elle essayait de s'éloigner. Elle n'eut le temps de retirer le bandage qu'il attrapait ses hanches. Elle tomba sur lui.

« Ça sera plus simple si tu t'assieds ma belle. »

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Son ami ricana et Lina essaya de retenir ses larmes en se pinçant les lèvres.
Néanmoins, lorsque ses mains passèrent sur ses cuisses, une vague d'émotion et de peur la submergea. Elle regarda de nouveau Franck, espérant qu'il lui apporte de l'aide mais il ferma seulement les yeux tout en serrant la mâchoire.

« Ne la touchez pas. Elle y est pour rien dans tout ça. »

« Mais tu tiens suffisamment à elle pour qu'elle devienne un prix intéressant. »

L'homme continua ses approches, ses gestes devenant épris de violence et de désir. Il renversa la situation, mettant tout son poids sur elle pendant qu'elle tentait de se libérer. Elle pouvait le sentir se durcir contre elle.

Lina cria à s'arracher les poumons tout en suppliant qu'ils arrêtent là. Mais rien n'y faisait, il continua, la déshabillant. Ce fut de trop pour Franck qui se leva, vite rattrapé par un coup de crosse sur sa tempe.

« Lina ! » C'était à son tour de hurler, sa vue brouillée par le sang. « Lina ! Laissez-la ! »

« Franck ! » Ses poignets étaient maintenant bloqués et elle regretta son petit poids et sa petite taille. Elle regretta le cachet de Molly prit plus tôt qui diminuait sa force. Elle regretta avoir fait confiance à cet homme pour de l'argent. « Aide-moi ! » Elle tenta de le frapper mais il la retourna sur le ventre, l'immobilisant complètement. Un sanglot éclata en même temps. « Non, j'vous en supplie, arrêtez ! »

« Ferme-la ! »

Franck continua de lui ordonner de se débattre tout en essayant lui-même de l'atteindre mais dès qu'il s'avançait d'un pas, un coup violent le rendait de plus en plus faible. Il se retrouva à ne plus pouvoir se défendre, tout comme Lina. Il se mit à pleurer tout en les suppliant de la relâcher. Ses supplications franches se transformèrent en gémissement tandis qu'on le forçait à regarder sa protégée.

« J'suis désolé Lina... »

Il se rappela leur première rencontre et sa proposition de faire de l'argent facile. Il se rappela son engouement et son innocence quand elle récupérait ses billets pour des soins.

Au final, l'emprise de Franck avait été telle qu'elle avait emménagé puis prit toutes substances qu'on lui proposait, ne pensant pas qu'un jour, on pourrait lui vouloir du mal.

« Lina, Lina... » Il s'écroula contre le sol, les souvenirs défilant sous ses paupières. « J'suis désolé, Lina. »

Mais c'était trop tard.

Aucune excuse ne sera jamais suffisante.

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant