32

1.4K 50 24
                                    




Lina ouvrit les yeux, la tête appuyée contre le torse de Mathieu qui dormait encore. Elle embrassa sa peau pour le réveiller mais il lutta, souhaitant profiter de ses lèvres. Toutefois, elle insista et grimpa à califourchon sur lui pour approfondir ses tendresses. Ses mains se baladèrent sur ses bras où des frissons apparurent grossièrement.

« Qu'est-ce que tu fais, Lin' ? » Il grogna, fatigué, mais attrapant ses fesses pour qu'elle ne change pas de place. « Laisse-moi dormir. »

« Il est 20h, j'ai faim et j'ai assez dormi pour une vie. Allez, viens. »

Elle mordilla sa mâchoire et il passa ses mains sous son maillot pour toucher sa poitrine. « Ou on peut rester là pour toutes les vacances. »

TW
« Hors de question. » Elle retira ses mains pour descendre le long de son torse et ses abdominaux, laissant des suçons à son passage. « Mais j'veux bien te motiver à sortir du lit. » Elle descendit son caleçon et Mathieu attrapa ses cheveux instinctivement, tant pour garder un contrôle que pour s'assurer de voir son visage.

« J'vois pas en quoi ça va me faire sortir plus vite du lit. » Il soupira lourdement. « Vraiment pas. » Il attrapa sa nuque pour la relever et l'embrasser à pleine bouche. « Bébé... » Il lui retira ses habits et il taquina son désir, la gardant en suspend sur lui. « J'aime tellement te voir comme ça. » Elle avait les joues rouges, la bouche entrouverte et les yeux vitreux. Elle oublia rapidement sa gêne alors qu'il lui permettait enfin de s'asseoir sur lui. Toutefois, tandis qu'ils s'étaient coupés du monde, leur cocon éclata lorsque Moctar frappa à la porte. Mathieu jura tout en empêchant Lina de s'éloigner, hors de question de tout arrêter après en avoir rêvé pendant des mois. « Qu'est-ce que tu veux ? »

« Vous venez ? J'ai commandé la pizza ! »

« Tu te fous de ma gueule ? » Mathieu attrapa son oreiller pour le jeter contre la porte. « Casse-toi putain ! » Il attendit qu'il parte pour retourner la situation et passer au dessus. « Tu sais que je t'aime bébé mais on a cinq minutes avant que ce dératé défonce la porte. » Le rire de Lina s'étouffa dans un gémissement alors qu'il intensifiait l'atmosphère. Il posa sa main sur sa bouche pour la faire taire et elle mordilla ses doigts, pourtant amoureusement. Mais il se refréna comme pris d'un choc post-traumatique qui l'empêcha de bouger ou de respirer. Il se retira complètement, laissant la brune, pantelante et soudainement frigorifiée sur le matelas. « Putain, fais chier, j'suis désolé. »

« De quoi ? » Elle se redressa pour attraper un t-shirt. Mathieu était assis au bord du lit, la tête entre les mains. « Hey, Mat...bébé...Tu m'expliques ? »

« C'est rien. » Il se leva pour s'habiller. « On ferait mieux de les rejoindre. » Il allait sortir sans un regard, ni un mot mais Lina bloqua la porte par son corps. « C'est bon, c'est rien, je t'assure. » Il haussa les épaules sans pour autant la regarder. « Ça arrive, j'étais déconcentré. »

Elle lui libéra le passage pour s'asseoir contre le lit. « Oh... d'accord. Vas-y, j'vais me rafraîchir, j'vous rejoins. »

Elle se força à sourire mais il ne prit pas la peine de se retourner. Et il s'en alla sans un mot de plus. Lina se leva pour rejoindre la salle de bain et prendre une douche, essayant par tous les moyens de comprendre mais tout ce qu'il restait, c'était un sentiment d'abandon. Elle attrapa sa serviette pour se sécher et s'habiller rapidement. Elle sortit quelques minutes après pour rejoindre les garçons qui mangeaient déjà. Elle n'eut à peine le temps de s'installer que Mathieu courrait déjà lui servir une part. Elle fit l'effort d'accepter malgré sa frustration.

« Alors, Lina, ça fait quoi de se faire kidnapper dans la nuit ? » Elle put voir le blond serrer la mâchoire à la question de Moctar.

« Tant que c'est Mathieu, tout va bien. » Elle sourit puis mordit dans sa pizza, les joues cramoisies. Il ne la regarda pas préférant contempler son assiette.

« Si elle n'avait pas voulu, je l'aurai pas forcée. » Il haussa les épaules. « Je l'ai invitée. »

Personne n'osa répondre à cause de la tension qu'il venait de créer. Si bien que le repas se termina en silence et que Mathieu préféra fumer sa cigarette en solo, devant son ordinateur pour enregistrer. Toutefois, il n'eut à peine le temps de l'entamer qu'on la lui volait. Il n'essaya pas de la reprendre et s'en alluma une autre.

« Tu comptes vraiment m'ignorer ? »

« Je t'ignore pas, je travaille. » Elle ferma la porte à clé puis se positionna derrière lui.

« Moctar faisait une blague. Il sait très bien que tu m'as pas forcée à venir. »

« C'était pas drôle. » Il haussa les épaules. « Mais si t'es de son avis, tu devrais aller traîner avec eux. » Elle ria jaune. « J'suis sérieux. »

« Mais t'es dingue.» Elle poussa son fauteuil pour lui faire face. Il se tenait nonchalamment mais son visage le trahissait. « Qu'est-ce que t'as ? » Elle attrapa son menton. « Parle-moi, andouille. » Il ignora encore une fois la tentative de Lina. « Mathieu... » Elle s'appuya sur les accoudoirs pour l'embrasser. « Arrête de faire ta tête de mule. » Ses doigts jouèrent avec le col de son pull pour finalement glisser jusqu'au lacet de son jogging. « Et si on se rattrapait ? Peut-être que t'oulierais enfin le passage de toute à l'heure. » Elle tira sur un des cordons. « Parce que moi, je m'en fous mais apparemment toi, non, alors la prochaine fois, parle-moi. »

Il attrapa son poignet avant qu'elle ne glisse sa main. « J'en ai pas envie. »

Elle se libéra avant de s'éloigner. « Oh. Désolée, j'pensais... Ok. » Elle déverrouilla la porte. « On se voit plus tard, j'te laisse travailler. »

Il acquiesça et elle fila hors de la pièce. Elle attrapa un blouson et ses chaussures avant de sortir dehors, laissant exploser un sanglot dans la pénombre. Le mélange d'émotions au fond de sa tête la fit craquer si hideusement qu'elle se mit à faire les cent pas, si rapidement, si furieusement, qu'elle glissa sur la terrasse, tombant lourdement au sol. Elle resta là, dans le froid, la douleur envahissant son corps, jusqu'à ce que Moctar arrive en trombe. Le choc était tel qu'il l'avait entendue du salon. La neige était déjà teintée de rouge lorsqu'il se mit à genoux à ses côtés.

« Putain, ça va ? » Elle le regarda sans un mot et il comprit qu'elle était sous le choc. Il courra à l'intérieur pour appeler les deux autres garçons qui le suivirent, paniqués.

Mathieu se laissa tomber à ses côtés, une main caressant sa joue. Ses doigts se tachèrent de sang. Il retira son sweater pour faire pression sur sa tête. « Bébé ? T'as mal quelque part ? » Elle secoua la tête, son menton tremblant alors qu'elle se retenait de pleurer. Il se mit à l'examiner, espérant ne rien percevoir d'anormal. « Ok, tu crois que tu peux te lever ? » Elle acquiesça mais Moctar appuya sa main sur l'épaule du blond.

« Vu sa jambe, j'pense pas, frérot. »

« Putain. » Il n'osa pas y toucher mais sans pour autant quitter des yeux sa déformation. Il en avait la nausée.

« Mathieu ? » Il remonta vers son visage, essayant tout au mieux de retenir ses propres émotions. Il acquiesça tout en reniflant. « Ramène-moi à la maison. J'veux rentrer. » Elle se mit à sangloter. « J'veux rentrer, s'il te plaît. » Elle le suppliait maintenant, l'agitation prenant le dessus. Elle essaya de se redresser et attrapa sa main libre pour l'interpeller un peu plus. « On rentre tous les deux et on reste toute la journée au lit, comme on aime faire, ok ? On oublie tout. »

« On fera ça, on fera ça... mais d'abord il faut que tu te fasses soigner. » Elle acquiesça brusquement, s'agrippant à lui pendant qu'il continuait de faire pression sur sa plaie à la tête. Il se tourna vers ses amis. « Allez lui chercher des vêtements secs et la voiture, on y va. »

Il la porta dans ses bras pour la faire quitter la neige et elle cria de douleur si fort que Mathieu dur serrer la mâchoire pour retenir ses émotions. Il ferma les yeux pour se calmer tandis que Lina s'accrochait de toutes ses forces à son cou.

« Notre histoire est condamnée à l'échec. Tu vas rompre comme la dernière fois. »

« Sshh...repose-toi. »

« On peut rien y faire... c'est plus fort que nous. Ca marchera jamais, même si on se bat de toutes nos forces. Tu veux même plus de moi. »

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant