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Il n'était que six heures du matin lorsque l'appartement des Pruski fut réveiller par des toquets à la porte. Lorsque la grand-mère ouvrit, elle tomba sur son petit fils, menotté, devant deux policiers en colère mais fiers de leur prise. Ils ne prirent pas le temps de la saluer, lui donnant vulgairement un papier avant d'avancer dans le salon pour observer les alentours. Lina s'était redressée, toujours emmitouflée dans les vêtements du blond.

Lorsque Mathieu s'approcha, il ne put retenir un temps d'arrêt en la voyant. Son regard la transperça de toute part tandis qu'il essayait de comprendre ce qu'elle faisait là. Il fut pousser à ses côtés par un des hommes en uniforme.

« Reste-la. »

« Vous pouvez au moins le détacher ! »

« Mamie, c'est bon, t'inquiète. »

Il s'installa confortablement, une once d'insolence dans sa posture malgré la peur de terminer en prison. Il n'essaya pas de communiquer avec la brune, regardant l'écran noir de la télévision comme si le film de sa vie y passait, imperturbable malgré le brouhaha dans sa chambre. Les policiers renversèrent chaque meubles, coussins ou photos accrochées au mur. Ils ne prirent aucune attention à son matériel, le faisant tomber sans retenu. Il ne grimaça pas une seule fois, restant impassible, comme s'il était intouchable.

Toutefois, lorsqu'il entendit la voix de son père, sa mâchoire se contracta et son regard devint brumeux.

« C'est quoi ce bordel ? » Il leva les yeux pour le regarder. Malgré une nuit de sommeil, il était encore rouge de sa soirée alcoolisée. « Tu m'expliques ? » Il haussa les épaules, incapable de prononcer un mot. « J'croyais pas que tu pouvais pas plus me décevoir mais tu m'étonneras toujours ! T'es vraiment la honte de la famille. » Ses mots furent pire qu'une lame chaude dans le cœur. « J'espère qu'ils vont trouver quelque chose pour que tu termines en taule et que t'arrête d'être un bon à rien ! »

« Ça me fera des putain de vacances ! » Il avait craché cette phrase, la voix rocailleuse et les poings fermés.

« T'es vraiment qu'un petit con ! »

« Tel père, tel fils ! »

Son père claqua la porte, l'abandonnant dans un salon soudainement trop silencieux. Lina qui avait observé toute la scène se mit à le regarder pendant qu'il cherchait à reprendre constance. Mais, le voyant se débattre contre ses propres émotions, elle posa sa main sur les siennes, sans un mot ou quelconque échange visuel. Mathieu observa ses doigts caresser sous ses menottes et apaiser la tension de ses poignets. Il inspira profondément, se rendant compte que depuis l'intervention de son paternel, il avait coupé sa respiration.

Elle s'approcha de lui pour murmurer. « Tu risques rien. » Il fronça les sourcils, la questionnant des yeux. « On a tout fouillé avec ta mamie. »

Il ne put retenir son demi-sourire malicieux. « Vous êtes dingues. »

« Tu ne devrais pas écouter ton père. »

Les policiers arrivèrent et Lina s'éloigna. La tension augmenta d'un cran tandis qu'ils le détachaient à contre cœur. « Reste dans le coin. On n'en a pas terminé avec toi. »

« Vous savez où me trouver. » Il haussa les épaules, nonchalamment.

Il attendit qu'ils partent pour verrouiller la porte et s'y appuyer. La fatigue tomba sur ses jambes et son esprit. Lorsqu'il ouvrit les yeux, les deux femmes étaient assises sur le canapé, prêtes à l'interroger jusqu'à ce qu'il perde toute énergie. Il resta debout, s'allumant enfin une cigarette sous le regard noir de sa grand-mère.

« Tu comptes nous expliquer. » Elle avait croisé les bras et Mathieu put jurer qu'il ne l'avait jamais vu aussi en colère.

« J'ai voulu aller chercher Lina mais il y avait les flics ! » Il la pointa du doigt, la fureur envahissant soudainement ses veines. « Elle m'a demandé de l'aider pour au final qu'elle disparaisse de la planète. Et là voilà, comme si de rien était ! »

« Mathieu, je t'interdis de lui parler comme ça ! » Elle attrapa la main de la brune pour appuyer ses propos et il se demanda s'il n'avait pas loupé une information pour qu'elles deviennent si proches. « Elle n'y est pour rien. »

« Putain mais personne peut être de mon côté juste une fois ? » Il avait crié ses sentiments avant de les abandonner pour rejoindre sa chambre.

« J'vais le voir. »

Lina se leva pour le retrouver. Il s'était mis à ranger, du moins, à flanquer à d'autres endroits, plein de rage. Elle attrapa son bras pour le faire s'arrêter mais il continua, jetant ses vêtements en désordre dans son placard.
Elle ne reconnaissait pas la chambre. Toutes ses affaires étaient éparpillées sur le sol, si bien qu'elle ne pouvait se déplacer sans marcher sur son matelas ou les photos qu'elle avait admirées quelques heures auparavant.

« Hey, Mat, arrête ! » Cette fois, elle se positionna devant lui. « J'vais le faire. Laisse-moi faire, s'il te plaît. »

« J'ai pas besoin d'aide. J'ai pas besoin de toi. » Il n'avait su la regarder en s'écriant et Lina comprit qu'il était seulement furieux.

« J'suis de ton côté. » Elle posa ses mains sur son torse. « J'suis de ton côté. J'suis désolée. »

« Lina, putain, mais t'étais où ? J'étais mort d'inquiétude. » Il passa sa main sur sa joue, son calme revenant en même temps qu'il scrutait ses traits.

« J'ai dû partir dans la nuit. Ta mamie m'a accueillie. Elle m'a donnée tes vêtements. » Elle tira son pull tout en le disant et il ne put retenir un sourire discret. « Mais j'sais pas qui a appelé les flics. J'savais pas que t'allais venir. »

« Franck était bien amoché. C'est pour ça que t'es parti ? » Il caressa ses cheveux. « Dis-moi qu'ils t'ont pas touché ? » Elle secoua seulement la tête, transpirant le mensonge. « Tu me le dirais, hein ? »

Elle embrassa sa joue, espérant le distraire. « Tout va bien, Monsieur Pruski. Arrête de t'inquiéter. Tout va bien. » Il en profita pour attraper son menton et embrasser tendrement ses lèvres. « Mais toi, pourquoi ils t'ont arrêté ? »

« Ils étaient déjà là quand j'suis arrivé. Ils ont arrêté Franck. J'avais aucune chance avec ma cons dans ma sacoche. » Il secoua la tête avant de s'asseoir sur son fauteuil, tête dans les mains, essayant de digérer sa nuit au poste.

« Ils ont que ça. Rien d'autre. » Elle l'enlaça et il reposa sa tête contre elle. « Ça devrait être vite bouclé. » Il haussa les épaules, incertain. « Mais il faut absolument que t'arrêtes. Tu peux plus prendre de risque comme ça. » Il acquiesça et elle embrassa son front.

« Où est-ce que tu vas aller maintenant ? Tu peux pas retourner chez Franck. »

« Ta grand-mère m'a dit qu'une de ses amies pouvait me loger. » Elle continua ses mensonges en fermant les yeux. Rien ne pouvait l'arrêter maintenant. Il ne pouvait pas savoir. Et ce n'était plus qu'une question de traumatisme sordide mais d'une peur démesurée. Elle ne voulait pas prendre le risque qu'il la venge.

« Ah ouais ? » Elle acquiesça. « Tant mieux. »

« Allez, il faut ranger. » Elle voulut s'atteler mais il attrapa ses hanches pour l'asseoir sur ses genoux. Dans ses pensées, il ne remarqua pas la grimace de la brune, ni son envie de se libérer. Elle entrelaça leurs mains pour limiter ses envies baladeuses tout en se demandant combien de temps elle pourrait cacher la vérité.

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant