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Lina attendit que le silence complet envahisse l'appartement avant de se lever. Il était désert et seuls les cadavres d'alcool et les mégots jonchaient le sol. Elle enfila sa veste et prit son sac avant de partir en courant, dévalant les escaliers puis le parking. Elle fuyait à toute allure, le froid nocturne brûlant sa gorge et ses poumons.

Elle s'arrêta après avoir couru pendant de longues minutes, s'arrêtant dans une rue qu'elle ne connaissait pas, dans un quartier qu'elle ne connaissait pas. Elle analysa les environs pour reconnaître les lieux. Toutefois son téléphone l'interrompit. Elle ferma les yeux un instant, appréhendant le nom inscrit.

« Mathieu ? » Sa voix était tremblante, étouffée par la panique.

« Tu devais passer avant-hier. Tout va bien ? » Elle ne répondit pas. « Allo ? Lina ? T'es où? »

« J'étais occupée. » Elle inspira profondément pour reprendre son calme. « J'dois te laisser. »

« Attends, j't'appelle parce qu'il faudrait que tu viennes. J'ai besoin de toi. »

« J'arrive. »

Lina raccrocha pour utiliser son GPS à l'adresse de l'hôtel. Elle reprit son sac et marcha jusqu'à l'adresse tout en pestant contre le blond de l'appeler pendant sa cavale.
Néanmoins, elle n'avait pas hésité une seule seconde à prendre le risque de le rejoindre. Elle toqua à sa porte et il y répondit instantanément. Il l'attendait.

« Salut. » Il vit son sac à son épaule et fronça les sourcils. « Tu pars quelque part ? »

Elle hésita. « Non, pas vraiment. »

Il haussa les épaules nonchalamment avant de la laisser entrer. Il avait déjà retirer son t-shirt et Lina grimaça à la vue de la plaie. Elle ne guérissait pas et semblait s'infecter. Du bout des doigts, elle y toucha et ce fut au tour du blond de grogner. Il attrapa sa main pour la retenir d'y toucher plus.

« C'est moche. »

« Merci. »Il prit place sur le lit. « Tu peux y faire quelque chose ? »

« Il faut que t'arrêtes d'y toucher. » Elle s'installa à ses côtés, retirant ses chaussures pour croiser ses jambes. Elle fouilla dans son sac à la recherche de sa trousse.

« Pour quelqu'un qui ne va nul part, t'as beaucoup d'affaires. » Elle lui jeta un regard noir avant de mettre des gants.

« Occupe-toi de tes affaires. » Elle le poussa pour qu'il s'allonge. « Ne bouge pas, Mat. »

Elle réalisa ses soins en silence pendant qu'il se retenait de gémir de douleur.
En se réveillant, ses draps étaient recouverts de sang. L'anxiété et les remords étaient si grands qu'il s'était arraché sa plaie dans son sommeil. Il avait essayé de temporiser le saignement, appuyant dessus avec son t-shirt. Mais, rien n'y faisait, cette blessure ne voulait pas guérir.
Il grogna lorsqu'elle appliqua le pansement, l'inconfort devenant insupportable.

« J'ai terminé, c'est bon. »

« Putain. »

Il se frotta vigoureusement le visage pour faire passer ses émotions. Elle s'allongea à ses côtés, comme la dernière fois. Néanmoins, elle était plus proche, pouvant sentir son parfum et le tabac froid. Il la regarda discrètement et croisa son regard. Il pouffa tandis que ses joues rougirent. Mais, lorsque leurs yeux se rencontrèrent de nouveau, le silence s'imposa.

« Approche. »

Il tendit son bras en sa direction. Elle hésita un instant, tentant de trouver une once de mauvais dans ses pupilles. Toutefois, tout ce qu'elle vit, c'était du simple désir d'affection, presque un besoin. Alors, elle s'approcha de lui, posant sa tête contre son épaule. Il l'enroula dans ses bras en réponse.

« J'en avais envie depuis bien longtemps. » Pour seule réponse, elle s'installa un peu plus confortable contre lui. Il attrapa sa sacoche pour s'allumer un joint. Elle le prit à son tour, se détendant enfin. « Pourquoi ce sac ? »

« Je vais partir et rentrer dans ma ville natale. » Il s'étouffa dans la fumée. « J'peux plus rester chez Franck. »

Il se redressa la laissant s'effondrer seule sur le matelas. « Mais tu peux toujours vivre sur Paris, t'es pas obligée de partir. »

« Si, bien sûr que si ! » Il se leva soudainement, tirant sur le joint comme si sa vie en dépendait. Lina était sortie du lit, interloquée par sa scène.

Il secoua la tête tout en faisant les cents pas. « C'est n'importe quoi. » Il ouvrit la fenêtre pour apporter du renouveau « Tu sais qu'il te retrouvera ? Ça sera dix fois pire. »

Elle ouvrit la bouche pour rétorquer mais son argument la laissa silencieuse. Elle rangea ses affaires tandis qu'il lui faisait dos. Elle resta un instant à le regarder avant de prendre la porte. Toutefois, il se retourna une dernière fois pour l'interpeller.

« J'suis désolé. J'te dis ça pour te protéger. » Il s'approcha. « J'veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. »

« J'sais. » Il ouvrit les bras et elle s'y faufila. « Il va falloir que je rentre avant qu'il ne se rende compte que j'ai pris toutes mes affaires. »

« On trouvera des solutions pour que tu partes de là-bas. Ok ? »

« J'te fais confiance. » Il embrassa sa joue avant de la libérer.

« Tu peux. »

Lina fit alors demi-tour pour retrouver l'appartement insalubre qu'elle connaissait trop bien. Il était encore vide et elle remercia le ciel de lui accorder cette solitude. Elle rouvrit son sac et tout en pleurant, elle rangea ses affaires une par une. Le toquet à la porte ne l'alerta pas, continuant sa tâche.

« Tu fais du rangement ? » Elle hocha la tête, incapable de parler tant son menton tremblait. « Ça va pas ? »

« J'suis juste fatiguée. »

« J'ai ramené à manger. »

« J'ai pas très faim. »

Franck resta à la porte, regardant cette jeune femme qui avait perdu toute son innocence par sa faute. « J'suis désolé en ce moment j'suis tendu mais ça va se calmer. On pourra reprendre comme avant. » Elle acquiesça tout en haussant les épaules. Ça ne comptait plus pour elle. « J'vais essayer de me temporiser. Ok ? »

« Ok. »

Il était évident qu'il mentait et Lina le savait.

Ce qu'elle ne savait pas c'est qu'il n'était pas le seul.

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant