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« J'suis vraiment pas motivé Lina. » Elle sortit seulement sa tête de la salle de bain tandis qu'il était allongé sur le lit, déjà prêt. « Et depuis quand elle travaille dans la boîte, rappelle-moi ? »

« Depuis toujours, enfin j'crois. » Elle lissa une nouvelle fois sa robe tandis qu'il la détaillait effrontément. « Et on y va, tu m'as lavée les cheveux, j'ai pas pleuré pour rien. » Il ne prit pas la peine de répondre, continuant à reluquer la brune qui mettait des escarpins. « Arrête de me regarder. »

« Pardon mais là, j'vais te mater toute la soirée. » Il se redressa au bord du lit tout en tendant ses bras vers elle, les mains s'ouvrant et se fermant pour montrer son envie enfantine de la toucher. Elle pouffa avant de s'approcher et il reposa sa tête contre son ventre tout en tripotant ses cuisses. « T'es trop belle. »

« Merci bébé. Tu l'es bien plus. » Elle caressa ses cheveux avant d'y déposer un baiser. « On y va ? »

Elle quitta sa chaleur et il la suivit, attrapant sa veste qu'il posa sur les épaules de la brune tout en embrassant sa tempe. Mathieu prit la peine de lui ouvrir la portière et elle commenta sa galanterie. Toutefois alors qu'il lui réservait une danse ridicule devant la voiture, il fut interpellé par son téléphone. Il rentra tout en montrant le nom à Lina qui le pressa pour répondre tout en mettant le haut parleur.

« Mamie ? Tout va bien ? » Il fronçait les sourcils, inquiet qu'elle appelle si tardivement.

« J'ai besoin que tu rentres à la maison. »

Il se plongea dans les yeux de la brune, espérant y trouver un apaisement. « Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Il faut que tu viennes chercher Enzo. » Ils restèrent silencieux et Mathieu n'eut besoin de grandes explications pour comprendre. « Mais Mathieu, n'emmène pas Lina... c'est mieux pour elle. »

« J'arrive. » Il raccrocha avant de démarrer et sa petite amie attrapa sa main. « Je te dépose à la soirée de Lucie et j'y vais. »

Elle secoua la tête. « J'viens avec toi. » Elle serra un peu plus sa poigne pour accentuer ses mots. « Hors de question que tu y ailles seul. » Le regard de Mathieu fut suffisant pour qu'elle n'argumente pas plus. Lorsqu'il s'arrêta devant la boîte de nuit, Lina attrapa son menton pour embrasser ses lèvres. « Je t'aime, fais attention à toi, ok ? » Il acquiesça, les lèvres pincées pendant qu'elle sortait. Elle se pencha une dernière fois avant de claquer la portière et de le laisser partir. « Je garde mon téléphone. Dis-moi quand t'es rentré. »

Mathieu crut n'avoir jamais roulé aussi vite de sa vie tant il voulait arriver. A peine était-il garé qu'il montait les escaliers à grandes enjambées, pestant contre ses cigarettes qui avaient bien trop encrassé ses poumons. Lorsqu'il arriva, Enzo était déjà assis sur le canapé, son sac dans le dos, attendant son grand frère pour le sauver. Le blond lui tendit une main et il se réfugia dans ses bras tout en sanglotant.

« J'vais voir mamie. Tu vas dans l'entrée, mets tes chaussures. » Il le força à se détacher. « Il est où papa ? »

« Dans la cuisine avec mamie. Ils se disputent. »

Mathieu souffla pour prendre son courage à deux mains avant d'entrer. Son père était accoudé à la table, un verre de whisky dans les mains. « Mamie ? Ça va ? » Elle leva le regard vers lui et acquiesça seulement. « J'emmène Enzo. »

Le patriarche se leva brutalement tout en pointant d'un doigt revendicateur son fils. « Il prend les mêmes plis que toi ! Une putain de honte ! Tu crois parce que tu ramènes de l'argent, t'as ton mot à dire ? Enzo reste ici ! »

« C'est mamie qui m'a appelé. Elle m'a demandé de venir le chercher. »

Il préféra s'éloigner loin de cette tension, incapable de se confronter à son géniteur. Néanmoins, il n'eut pas le temps de se retourner qu'il recevait un crochet contre la pommette. De ses doigts, il toucha la nouvelle plaie sur sa joue, la mâchoire serrée tant par la colère que l'humiliation. Il ne chercha pas à répondre avant de partir sous les pas de sa grand-mère qui n'avait pu retenir un cri devant tant de violence. Mathieu attrapa l'épaule d'Enzo pour le sortir de cet enfer. Il embrassa la joue de sa mamie pendant qu'elle touchait sa blessure, les larmes aux yeux.

« Pourquoi papa t'a frappé ? »

« Pour rien, Zo, t'inquiète, dépêche. » Ils descendirent tout deux à toute vitesse dans les escaliers pour rejoindre la voiture. « Donne ton sac, monte. »

« On va chez Nana ? »

Il acquiesça tout en attrapant son téléphone à sa pensée. Il fut étonné de ne voir aucun message d'elle mais plutôt de Lucie.

Lucie 2:16 « Où t'es ? Lina a déjà commencé à boire. Je veux pas me faire virer simplement parce qu'elle sait pas se gérer. »

Il dut se retenir de ne pas claquer la portière de rage mais ne put limiter ses jurons. Il ne perdit pas de temps pour écrire un message à Inès avant de prendre le volant.
Il fut soulagé de recevoir sa réponse avant d'arriver à l'appartement afin de calmer sa colère.

Inès 2:24 « Qu'est-ce que tu racontes ? Lina est à peine resté cinq minutes, elle s'est même pas assise. Elle tenait pas en place tellement elle était inquiète. Elle est rentrée en Uber pour vous attendre. »

« On y va Mathieu ? » Enzo tapotait des pieds à l'arrière, sa bonne humeur revenant au fur et à mesure qu'il quittait son domicile.

« Ouais, on va voir Nana. »

Il aida son petit frère à sortir de la voiture avant de rejoindre l'appartement de Lina, main dans la main, tout deux pressés de la retrouver. Ils n'eurent le temps de toquer qu'elle leur ouvrait et elle n'eut le temps de les accueillir qu'Enzo s'enfonçait dans ses bras. Mathieu, lui, resta immobile, trop peiné par cette soirée pour prendre le risque de la toucher et de finir par s'effondrer à cause de sa tendresse.

« Ta pommette... » C'était seulement un murmure sortant de sa bouche. Pourtant, il en sortit tant d'émotions qu'il baissa les yeux. « Dis-moi que tu t'es cogné tout seul comme un idiot. » Il secoua la tête. « Enzo, tu vas voir dans le salon ? J'ai préparé un super lit rien que pour toi. » Elle attendit que le petit brun disparaisse de sa vue pour s'approcher de Mathieu. « Mon dieu mais comment est-ce qu'il a pu faire ça ? » Les yeux de Lina étaient si larmoyants qu'il perdit toutes ses barrières. « Mon amour. » Elle posa sa paume contre sa joue. « Viens, on va essuyer, j'vais prendre soin de toi. » Il ne rechigna pas devant sa tendresse protectrice et la suivit jusqu'à la salle de bain, main dans la main. « Tu t'assieds au bord de la baignoire ? » Il se laissa guider tandis qu'elle sortait un coton et un désinfectant. « Combien de fois on va devoir soigner nos blessures ? » Elle tapota sur sa plaie tandis qu'il fermait les yeux.

« Combien de fois on va faire du mal à ceux que j'aime ? » Il ouvrit ses paupières pour la regarder et une larme s'échoua. « Toi, Enzo... » Il retira sa main pour baisser la tête et frotter son visage, essayant au mieux de ne pas lui montrer son tourment. « J'pensais que l'argent allait tout régler. J'pensais que si ma famille ne manquait plus de rien, ça se calmerait. J'pensais qu'en sortant des histoires de quartier, t'en sortirais aussi... »

« Tu portes trop de trucs sur tes épaules. » Elle lâcha son matériel pour s'accrocher à son cou. Lui, attrapa ses hanches pour la serrer contre lui. « T'es pas tout seul. Appuie toi sur moi. » Elle monta à califourchon sur ses genoux. Il ne sut réprimander ses larmes qui s'échouèrent contre la peau de sa petite amie. « Je t'aime bébé, ne l'oublie pas. Tu m'as moi, pour toujours. »

Rusted Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant