Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 I

IV. 3 novembre 1931 - les illusions

Des pieds nus touchèrent le sol froid du château. L'obscurité enveloppait Poudlard, plus épaisse que celle du ciel. La seule source de lumière venait de la lune, haute et ronde. Un faible rayon s'infiltrait à travers le cristal des fenêtres. Le tissu blanc de la chemise de nuit refléta avec intensité ce clair de lune. Callidora voyageait de couloir en couloir chaque nuit. Elle avait encore sur ses lèvres le goût de la passion, désireuse de s'aventurer plus loin encore. Quand elle entendait du bruit, elle espérait que ce soit lui.

Lui.

Harfang Londubat était devenu son obsession. La dernière fois qu'il avait daigné la regarder, c'était il y avait quelques jours, de retour du Pré-au-Lard. Depuis, il passait son temps à l'ignorer. Chaque fois qu'elle essayait d'attirer son attention, il partait dans la direction opposée. Dans la Grande Salle, il s'installait de dos à la table des Serpentards. Alors elle sortait la nuit, dans l'espoir qu'il l'embrasse de nouveau comme il l'avait fait, qu'il lui vole un morceau d'elle-même sous les étoiles.

Il était bientôt minuit et elle était fatiguée. Les frissons la secouaient, aussi jugea-t-elle raisonnable de retourner dans la Salle Commune. Elle espérait que Cassiopeia ne se rende pas compte de ses absences répétées. La jeune fille était perspicace. Avec seulement quelques détails, elle reconstruisait toute l'histoire. Quelques détails qu'elle pouvait aussi sortir de la tête des personnes.

Alors qu'elle avançait en direction des cachots, un sifflement lui parvint. Son cœur se souleva. Il n'y avait rien. Le vide l'entourait, un silence lourd était posé. Ce n'était sûrement que Peeves qui s'ennuyait. De moins en moins rassurée, elle fit un pas, mais aussitôt, un autre sifflement retentit. Elle se retourna. Soit on se moquait d'elle, soit elle était folle. Mais si ses sifflements étaient faits pour l'attirer quelque part, alors il fallait revoir la technique, parce qu'elle n'avait aucune idée d'où cela pouvait provenir.

-Qui est là ? osa-t-elle demander.

L'écho répéta ses mots une dizaine de fois, jusqu'à se confondre avec la muette obscurité. Personne ne répondit. Aucun sifflement ne suivit. Ce calme soudain ne fit qu'affoler Callidora. Elle avait l'étrange impresion d'être épiée, analysée par un regard étranger. Peu importe où elle posait ses yeux, elle n'y voyait rien, mais son impression ne faisait que se renforcer. Et si on cherchait à lui faire du mal ? Elle n'avait même pas pensé à prendre sa baguette. Tout en s'insultant elle-même, elle jeta un dernier coup d'œil au couloir vide.

Soudain, une main se plaqua contre sa bouche. Elle étouffa un cri, que l'écho délaissa. Une emprise l'empêcha de se débattre. À cet instant là, Callidora ne pensa qu'à sa survie. Elle aurait été prête à se faire mal elle-même pour pouvoir s'échapper. Malheureusement, on ne lui fit pas cette faveur. Un bras puissant se referma sur son abdomen, lui coupant le souffle. Elle griffa le bras de son agresseur, en vain. Pourquoi Diable avait-elle décidé de se promener seule dans un couloir ? On l'entraînerait dans une pièce, on la torturait, peut-être la tuerait-on, qui savait. L'homme la tira dans un détour. Elle voulut hurler, mais son bâillon humain se resserra. Pouvait-elle appeler Cassiopeia par l'esprit ? Non, non, non, quelle idiote, pourquoi se promener seule dans le château en plein milieu de la nuit ? Elle entendit, entre sa respiration saccadée et ses tentatives d'appels à l'aide, une porte s'ouvrir. Soudain, on la lâcha. Callidora tituba, désorientée, mais aussitôt, sa main tomba sur un objet lourd. Elle s'en saisit et le pointa face à la présence menaçante.

C'était un chandelier. Callidora s'insulta mentalement pour le ridicule qu'elle devait dégager.

-Pose ça, ordonna une voix masculine.

Le cliquetis de la porte résonna entre les murs gris. La pièce ne possédait que quelques chaises cassées et des balais en piteux états. Plusieurs chandeliers du même type s'alignaient sur une commode en bois d'acajou.