VI - 14 novembre 1931 - l'accord

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Avant de commencer, je précise que le rythme dorénavant va être de un jour sur deux, vu que j'ai de l'avance sur plusieurs chapitres et que j'avance très vite, dites moi si pour vous c'est bien ou pas.

-Londubat. Quelqu'un veut te voir.

Harfang releva la tête de son livre, étonné d'être appelé aussi tard dans la journée. Mais surtout, il se demanda qui voulait lui parler. Ce n'était pas comme si, dans sa famille, on l'appréciait beaucoup. Il ferma d'un coup sec le manuel de Potion et sortit en compagnie de Prewett.

-Sais-tu de qui il s'agit ?

-Non.

Cette réponse simple et sèche ne l'étonna pas. Harfang enfouit les mains dans ses poches et fixa un point face à lui, essayant de ne pas se trouver incomodé par ce silence froid. Andrew Prewett était ami avec Weasley, et c'était bien la première fois qu'il lui adressait la parole. Il était de ceux qui encourageaient l'insertion de moldus dans leur société, ceux que Harfang méprisait. Pourquoi est-ce que des personnes provenant de milieux moldus seraient dignes de pratiquer de la magie ? Ils n'avaient même pas une goutte de sang sorcier dans leur veine ! Mais surtout, il trouvait cela injuste d'être le seul dans sa maison à penser ainsi. Il avait bien des amis, mais il évitait de partager ses opinions avec eux. Mieux valait ne pas raviver le feu.

-Il est dans cette classe, désigna Andrew du menton.

-Dans une classe ? Sérieusement ?

Prewett haussa les épaules et repartit. Harfang étouffa un petit rire et se tourna vers la porte. Il avait beau creuser profondément dans sa tête, aucune personne souhaitant parler avec lui ne lui vint à l'esprit. Sa mère ? Jamais de la vie. Théo était le favori, Théo était celui pour qui elle aurait traversé le Royaume-Uni pour le voir, Théo était le fils parfait, mais pour lui, mˆeme traverser une ville serait de trop. Son père ne daignait même plus le regarder, à croire que le dégoût était plus fort que la politesse. Son frère vivait comme s'il n'existait pas ; parce que quand il ne le faisait pas, cela finissait toujours mal. Le reste de sa famille agissait de même. On le prenait pour un homme dangereux, ou bien on lui renvoyait sa pitié pour ce qui s'était passé plusieurs années apauravant. Sa grand-mère répétait toujours "ah, mais comment voulez-vous qu'ils pensent du bien d'eux après Elena ?". Harfang détestait quand ce nom était prononcé. Cela n'avait rien à voir avec elle. Il avait toujours pensé ainsi. Pourquoi n'aurait-il pas plus de droit qu'un né-moldu ? Tous ceux qu'il connaissait secouraient la tête d'exaspération face à cette question. Tous, sauf une. Callidora. À cette pensée, un petit sourire orna ses lèvres, mais il le retira quand il entra dans la pièce.

L'obscurité enveloppait doucement la salle. Les tables étaient recouvertes d'une sorte de voile translucide. Une lumière orangée déposait le peu de couleur qu'il pouvait y avoir. À travers le cristal de la fenêtre, Harfang admira brièvement le coucher de soleil.

-C'est beau, n'est-ce pas ?

Le jeune Gryffondor sursauta. Il n'avait pas vu la figure appuyée contre le bureau, tout au fond.

-Qui êtes-vous ?

-Auparavant, les hommes avaient peur du coucher de soleil. Ils voyaient la nuit comme leur ennemie, l'obscurité était assimilée au diable, à l'espièglerie.

La figure se redressa et s'avança vers une des fenêtres. Harfang réussit à distinguer les traits d'un jeune homme, le visage empli d'une sûreté singulière, comme si le monde entier lui appartenait. Le costume qu'il portait témoignait de sa noblesse. Harfang crut reconnaître les trois corbeaux de la maison Black sur les bijoux de sa veste.

-Que voulez-vous ?

-Les hommes en avaient peur pour une seule raison : le noir les aveuglait. Le noir les étranglait. Le noir les étouffait. Le noir cachait l'ennemi, et le noir éteignait la moindre lueur d'espoir. Comment un seul élément pouvait avoir autant de pouvoir ? Comment parvenait-il à affrayer des milliers d'hommes ? La solution la plus simple aurait été de faire disparaître cette ennemie, de l'illuminer pour toujours. Mais que ce passerait-il si on trouvait le moyen de l'utiliser ?

Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant