XXVII. 7 mars 1933 - le meurtre

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Cassiopeia hurla. La sueur collaient les mèches de cheveux à son front tandis que sa bouche s'ouvrit sur un cri déchirant. Lycoris sentit sa main être serrée si fort qu'elle eut l'impression qu'on la broyait.

-Allez, pousse, encore un peu !

La sage femme lui répéta la même chose, jetant un coup d'oeil avisé à son entrejambe. Cassiopeia se tint le ventre. Ses doigts se crispèrent au fin tissu blanc qui la recouvrait.

-J'ai... j'ai mal, haleta-t-elle.

-Ça va aller, tient bon, tu y es presque.

Mais ça faisait deux heures qu'elle lui répétait la même chose. Deux heures qu'elle ne parvenait pas à accoucher. Deux heures de pures souffrances qui étaient chaque fois plus fatiguante. Cassiopeia était forte, mais arriverait un moment où elle ne tiendrait plus.

-J'y... j'y arrive... plus...

-S'il te plaît, tu dois continuer. Tu peux le faire.

La jeune fille reposa sa tête sur le coussin en pleurant à moitié. Lycoris s'affola. Si elle baissait les bras, c'était elle qui allait y rester. Et aussi étrange que cela puisse paraître, après six mois passés à s'occuper d'elle et lui enseigner la magie, elle s'était rapprochée. Auparavant, elles n'étaient liées que par le sang et s'appelaient "cousine" pour rester polies. Mais chacune avait su trouver chez l'autre un réconfort, et Lycoris refusait de la voir partir. Pas comme ça, pas maintenant.

-Pollux... souffla-t-elle.

Elle comprit. S'il suffisait de la présence de son frère pour lui redonner espoir alors elle n'y rechignerait pas.

-Je reviens, d'accord ?

-Non, ne pars pas...

-Je reviens avec lui.

Elle la força à détacher sa main de la sienne et sortit de la chambre en ignorant son appel désespéré. Cassiopeia n'avait jamais eu besoin de quelqu'un pour quoi que ce soit. Pourtant, aujourd'hui, elle se trouvait tellement faible qu'elle s'accrochait à tout ce qui vivait. C'était peut-être la menace de mourir qui la rendait aussi fragile.

Elle arriva dans le salon en quelques secondes seulement.

-Pollux ? Il faut que tu viennes.

Le concerné se leva presque immédiatement, sur le qui-vive. Sa pâleur témoignait de son inquiétude. Double angoisse puisqu'il s'agissait de sa soeur et de son enfant.

-Tout va bien ?

-Pour l'instant.

Ils montèrent ensemble l'escalier. Pollux n'osa pas dire autre chose. Ce serait comme insister sur le fait que rien de ce qui se passait était normal. Elle le laissa face à la porte et attendit qu'on l'appelle à nouveau. Elle resterait près. Juste au cas où.

En voyant son frère arriver, Cassiopeia tendit sa main tremblante dans sa direction. Le voir provoqua en elle un réveil. Elle avait cru qu'il l'abandonnerait. Son cerveau s'était enlisé dans la folie et, durant un instant, elle s'était imaginée seule avec cette enfant. Mais non, Pollux serait toujours là pour elle. Toujours, oui.

Il glissa ses doigts dans les siens et caressa ses cheveux.

-Tu es forte, petite soeur. Tu le sais, hein ?

Elle hocha la tête.

-Tu vas y arriver. Je sais que tu vas le faire.

-J'ai mal... articula-t-elle malgré sa bouche pâteuse.

Il déposa un lourd baiser sur son front. Elle hoqueta sous le contact.

-Dans ce cas, j'aspire toute ta douleur à l'intérieur de moi et je te donne tout mon bonheur.

Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant