XXXV. 29 août 1933 - la potion

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-Oh ! Il a bougé !

Irma posa une main sur son ventre arrondi, souriant niaisement à ce signe anodin de vie. Assise sur son fauteuil de velours noir, Cassiopeia posa un regard dédaigneux sur elle puis se reconcentra sur les articles du journal. La baisse de malades la rassura. En tournant la page elle vit la photo de Grindelwald. Depuis que le virus de Bulgarie avait fait récession, le mage noir recommençait ses attaques. Une dizaine de moldues avaient encore été assassiné en Italie. Cassiopeia ne comprenait pas vraiment l'objectif final de ces tueries en masse mais n'objectait pas non plus. Leur sort ne lui faisait ni chaud ni froid.

La porte d'entrée claqua. Elle espéra que ce soit Pollux venu la sortir de l'idiotie de sa femme, mais il n'apparut pas immédiatement. Elle se demanda presque pourquoi elle était venue jusqu'ici s'il n'était pas si pressé de la voir. Pourquoi s'acharnait-elle pour le voir ? Ne devrait-elle pas être avec Perseus et profiter de ses derniers jours de liberté ? Si, bien sûr que si, mais une seule chose l'attirait dans cette maison.

Walburga.

Et comme elle était venue voir la petite, autant rester voir son frère. Elle tourna lassement la tête vers l'entrée du salon. Soudain, elle eut l'impression d'apercevoir un sceptre. Sa respiration se bloqua et elle fixa intensément l'objet de sa terreur. Un Détraqueur serait passé, elle aurait ressenti la même chose.

-Régulus ?

Son cousin se tenait droit dans son costume orné de bijoux en tout genre, le visage pâle, creusé dans la douleur et l'agonie. Néanmoins, son regard était d'acier. Ses iris grises perçaient le paysage, noyées dans des cernes noires. Ses cheveux étaient plaqués en arrière, ternes et rigides. Il avait vieilli de vingt ans.

-Cygnus m'a dit que tu étais ici, fit-il d'une voix déraillante. Je te cherchais.

Ni Lycoris ni Arcturus n'avaient donné signes de son rétablissement. En même temps, elle ne leur avait pas demandé, parce que sa relation avec eux étaient plutôt tendue, et elle avait même cru que Régulus était mort. Pourtant, il était là, face à elle, droit dans costume, peut-être trop droit. Comme revenu des enfers, toute partie d'humanité ôtée de son coeur. Cassiopeia délaissa le journal sur la table et se leva. Irma observait la scène d'un air intéressé sans pour autant poser de questions.

-Qu'est-ce que tu veux ?

Lui demander comment il allait aurait été une politesse mal placée. Et puis, elle n'avait pas envie de se montrer aimable. Elle haïssait tous les membres de cette fratrie, sans exception. Régulus était peut-être le pire de tous, et le fait qu'il soit sorti de deux mois de torture ne changeait rien à ses sentiments.

-Te parler.

Il n'attendit même pas son approbation qu'il s'était déjà dirigé vers le bureau de Pollux, situé au rez-de-chaussée. Cassiopia le suivit par pure curiosité. Elle entra et attendit qu'il s'assoit. Ce mouvement parut provoquer en lui une vague de douleur intense, mais il se ne plaignit pas. Régulus ne se plaignait jamais.

-Que veux-tu me dire ?

-Tu as étudié la magie noire, n'est-ce pas ?

-Pourquoi ?

-Tu t'es spécialisée dans le temps. L'immortalité. La jeunesse.

Elle plissa les yeux. Il ne laissa rien paraître quant à ses intentions. Pourtant, il n'était pas le genre à tourner autour du pot.

-Dis moi ce que tu veux.

-Une potion de jeunesse.

Un petit rire franchit ses lèvres.

Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant