XLVI. 15 octobre 1934 - le parchemin

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Manoir des Rosiers, Hampshire

-Ma chère Emma ! Cela fait si longtemps !

Marianne enlaça sa soeur d'une affection presque fausse. Perseus haussa un sourcil face à cette démonstration d'amour forcé qui ne semblait même pas choquer sa femme. Enfin, il se demandait parfois pourquoi il s'acharnait à comprendre cette famille.

-Comment se porte la France ?

-Merveilleusement bien.

Leur cher pays dans lequelle Emma avait insisté pour s'y rendre juste après leur mariage. Perseus avait du se mettre au français à contrecoeur mais malheureusement, il était resté avec le même niveau que quand il était parti. "Bonjour", "au revoir", "merci", le juste nécessaire pour paraître poli et convenable aux yeux de la société française.

-J'ai revu les Duchesses et les Leviers, s'émerveilla la blonde. Ils nous ont invités à leur bal d'été. C'était merveilleux, n'est-ce pas Perseus ?

Il grommela quelque chose qui s'apparenta à un "oui". Si dans merveilleux, elle incluait le fait de passer six heures à écouter parler une langue étrangère et se voir assaillis par une vieille anglaise qui avait pris plaisir à lui raconter les moindres détails de sa vie, alors oui, cette soirée avait été merveilleuse. Comme si cela ne suffisait pas, elle avait accepté l'invitation d'un dîner le jour d'après, et la vieille avait continué son récit. La seul chose dont il se souvint était son étonnement à voir qu'on pouvait mener une vie de la plus ennuyeuse et ne jamais s'en plaindre.

Les Duchesses avaient été ceux qui reflétaient le plus le style français. Il se remémora leur Galerie des Glaces, une reproduction du Palais de Versailles avec des éléments magiques inclus, comme des miroirs permettant d'accéder directement aux salles principales. Il avait pris plaisir à visiter leur demeure, bien plus somptueuse et illuminée que les Manoirs Anglais. Cela avait été son seul moment agréable. Le reste s'était résumé à parcourir les magasins de femme et subir les sauts d'humeur de sa femme. Emma était une tornade creuse. Elle s'affolait pour un rien, et à chaque fois qu'il laissait transpaître sa mauvaise humeur, elle se vexait. C'était le genre de fille fatiguante et superficielle, tout le contraire de Cassiopeia. Cassiopeia, si seulement il s'était marié avec elle...

Marianne les fit s'asseoir sur un canapé de velours vert. Les tasses de thé se remplirent seules. Perseus s'empara d'une mais ne trempa pas ses lèvres. Il détestait cette boisson.

-Je suppose qu'en deux mois d'absence, vous avez manqué des informations sur notre petite communauté.

Comme si ça les intéressaient. À son plus grand désespoir, Emma prêta oreille.

-Irma a eu un deuxième fils, Cygnus Black, nommé comme son grand-père.

-Pauvre femme. À ce rythme là, chaque année elle mettra au monde un enfant.

-Ou deux, grimaça Marianne.

-Je trouve quand même étrange qu'elle ait eu son deuxième fils aussi proche de sa fille aînée.

-Les Black doivent la payer pour lui faire faire des héritiers, répondit la brune en buvant tranquillement son thé.

Comme si les Rosier étaient différents.

-Et toi, comment vas-tu ? s'enquit Emma. Comment va Tristan ?

Perseus crut apercevoir un éclat de souffrance dans les pupilles bleues de Marianne.

-Il continue de demander où est sa soeur.

Sa déclaration posa un froid dans le salon. Perseus se repositionna, mal à l'aise. Carmen était morte du virus de Bulgarie, et en apparence, ni Adonis ni Marianne ne semblaient être affectés par sa disparition. Mais il avait compris que les apparences, dans cette famille, étaient plus importantes que jamais. Si les Black se laissaient aller à l'intérieur du cercle familial, chaque membre de la famille française se retrouvait seul face à ses propres chagrins. Marianne reposa sa tasse d'une main tremblante.

Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant