LIV. 22 août 1935 - la crypte

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Alander se lassait d'écouter les hurlements. Ils lui faisaient mal aux oreilles. Callidora était forte, peut-être trop. Il ne savait plus quoi lui infliger pour qu'elle parle. Le Doloris était le sortilège le plus douloureux qui existe dans la magie et Marianne avait déjà essayé des techniques plus anciennes comme le fouet, mais malgré son dos en lambeaux et ses cordes vocales usées, Callidora s'acharnait à garder le silence. Alander lui demandait deux simples choses : le lieu où elle avait laissé Adonis et qui lui avait tranché sa main. Elle ne répondait à ni l'un ni l'autre.

Il détestait les sous-sol. C'était là que son père l'enfermait petit et y rester trop longtemps lui ramenait d'affreux souvenirs. Son humidité qui prenait à la gorge, son obscurité, sa tendance à faire écho à chaque son qui se produisait. Il avait déjà proposé à Marianne de l'enfermer dans une des chambres de l'étage, mais elle avait répliqué "ce serait trop confortable pour elle" avec une grimace dédaigneuse. Alander s'était retenu de dire qu'il demandait ça plus pour lui-même que pour elle.

-Parle ! tonna-t-il.

Mais à son plus grand désespoir, elle ne bougea pas. Ses longs cheveux bruns coulaient devant son visage, masquant le regard qu'elle pourrait avoir. Son corps avait cessé de lutter ; elle ne tenait que grâce aux fers attachés à ses poignés. Ses mains étaient devenus bleus à force d'être suspendues en hauteur. Sa peau devenait crasseuse, ses cheveux graisseux et collant. Elle lui faisait presque pitié.

-Ça ne servira à rien, fit Vinda qui venait d'arriver.

Il ne l'avait même pas entendu venir. Elle arriva à sa hauteur et observa Callidora avec autant de mépris que face à un insecte.

-Parce que tu as une meilleure solution peut-être ? grogna-t-il.

-Je n'arrive pas à pénétrer son esprit.

Comme si Vinda savait quelque chose de la Legilimencie. Il leva les yeux au ciel et ne prit même pas la peine de répondre. Sa sœur se pensait parfois plus douée qu'elle ne l'était réellement, mais mieux valait ne pas le lui dire.

-On fait quoi ? soupira-t-il.

-Comme ils ont fait à Adonis.

Il fronça les sourcils. Elle ne lui laissa pas le temps de comprendre. Les fers se détachèrent des poignées de Callidora, celle-ci s'effondra au sol. Un gémissement plaintif, virant plus sur le sanglot la secoua. Vinda s'abaissa à son niveau avec un regard inquisiteur. Elle serrait un couteau dans sa main. Alander, à cette découverte, hésita alors entre l'écarter et la laisser faire. Infliger des Doloris était une chose, mutiler en était une autre.

-Maintenant, petit colombe, tu vas nous dire où tu as laissé Adonis, et qui lui a pris sa main.

Il ne put entendre sa réponse, mais il était certain qu'elle avait soufflé quelque chose. Non pas parce qu'il avait suggéré un murmure, mais par la réaction de sa soeur. Les traits de Vinda s'enfoncèrent dans sa peau, ses yeux virèrent au noir. Elle agrippa le bras de Callidora et le cloua au sol. La jeune fille tenta de se débattre, mais elle était devenue bien trop faible.

-Tu vas vivre ce que vous avez fait vivre à mon frère.

Sa bouche se tordit sous l'effet de la colère.

-En deux fois pire, ajouta-t-elle.

Elle déposa le côté tranchant de la lame dans le creux de son poignée. Si elle le faisait avec un couteau, elle allait en faire une charpie. Et Alander, pour beaucoup qu'il haïssait, ne voulait pas voir ça. Mais il n'eut pas le temps de réagir que Callidora cria.

-Non ! Non, par pitié !

-Dernière opportunité avant que je n'enfonce cette lame dans ta chair.

-La crypte, souffla-t-elle.

Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant