VII - 26 novembre 1931 - le dîner

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Callidora regarda pour la énième fois par la fenêtre, l'appréhension resserant bien fort son coeur. Elle soupira quand elle ne vit rien. L'allée était aussi déserte qu'il y avait quelques minutes. Les fleurs séchées caressaient tristement le sol et une couche de feuilles mortes tapissaient l'herbe malade. Le ciel, au dessus, recouvrait comme un épais voile gris la région.

-Tu devrais employer un jardinier, lâcha-t-elle pour briser l'ennui qui s'était posé dans le salon.

Régulus releva un sourcil.

-Pourquoi faire ? J'ai d'autres choses à faire que de m'occuper d'un jardin.

C'était avec des personnes comme cela que les grandes demeures tombaient à l'abandon. Exaspérant.

-Peut-être qu'il ne viendra pas.

-Lycoris, pourquoi voudrais-tu qu'il manque ce dˆiner ?

-Parce que ça m'arrangerait.

Callidora esquissa un faible sourire. Sa cousine avait très mal pris le fait qu'on la vende de cette manière à un Londubat. Elle avait voulu repartir pour ses voyages mais Régulus l'avait enfermée dans sa chambre pendant plusieurs jours. Callidora avait trouvé cela ridicule. Elle avait même convaincu le jeune homme de la laisser repartir, lui assurant qu'elle accepterait la demande d'Harfang pour protéger le secrets de Cassiopeia, mais il n'avait rien voulu entendre. Selon lui, sa soeur était plus qu'en âge de se marier. Fuir toute sa vie n'était en rien la solution.

Elle entendit des pas derrière elle mais ne se retourna pas. Elle avait déjà deviné de qui il s'agissait.

-Comment tu te sens ?

Callidora haussa mollement les épaules, fatiguée de parler. L'énergie s'était totalement envolée de son corps ces dernières semaines. Sa motivation et sa vitalité s'étaient craquelées jusqu'à se fondre dans des pensées noires toujours plus grandissantes. Elle avait sans cesse froid, comme si la mort elle-même l'accompagnait dans chacun de ses pas. Aussi, elle ne contint pas le frisson qui la parcourut quand son cousin passa un bras au-dessus de sa poitrine et l'attira contre lui.

-Il n'obtiendra rien de toi, je peux te l'assurer.

-Et si, au final, il avait de bonnes intentions ?

-Quoi ?

Il retira son bras et se tourna vers elle, cherchant dans son regard une quelconque trace de maléfice. La probabilité qu'il lui ait lancé un sort n'était pas si mince que cela. Et si c'était le cas, il se chargerait lui-même de d'écraser sa jolie tête de Gryffondor contre une pierre aiguisée. Callidora brisa le contact visuel, terrorisée à l'idée qu'il parvienne à lire dans son esprit. Heureusement pour elle, Cassiopeia était la seule de leur génération à connaître la Légilimencie.

-Quand il est sorti de la salle de classe, à Poudlard, je... je l'ai croisé dans le couloir.

Le corps de Régulus se tendit.

-Que t'as-t-il dit ?

-Qu'il était désolé.

Pour lui, cela n'avait aucun sens. Pas après le petit manège qu'il lui avait fait mener. S'il pouvait manipuler Callidora de cette manière, avec ses excuses feintes, cela ne marcherait pas avec lui.

-Rien d'autres ?

-Non.

Elle garda pour elle son regard emplit de tristesse qu'elle avait croisé durant une fraction de seconde. Les émotions l'avaient frappée de telle manière qu'elle en avait eu le souffle coupé. Régulus s'était déjà rétracté, craignant le pire. Callidora le connaissait assez bien pour savoir qu'il cachait quelque chose.

Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant