Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 I

X. 21 décembre 1931 - la liste

Manoir Nott, Devonshire

Teignous avait en horreur le Manoir de ses parents. Certes, c'était là ou il avait grandi, ou il avait appris ses premières notions de magie avant même de recevoir sa lettre à Poudlard, où lui et son frère avaient fait leur blagues sur leur mère... mais cela n'empêchait pas Teignous de détester cette maison. Il ne savait pas ce qui n'allait pas. Peut-être les pierres qui étaient trop noires. Ou les fenêtres, trop hautes, donnant l'impression qu'elles vous dévisageaient. Trop de plantes mortes, d'arbres vieux de plusieurs siècles. Même l'air sentait le renfermé, on avait l'odeur du passé à plein nez. Venir ici c'était comme plonger dans une mare d'Histoire. Sauf qu'il s'agissait d'une Histoire ennuyante et plate. Vieille. Comme ce Manoir.

-Je t'ai connu plus heureux que ça, le charia son frère.

Il immita un rire ironique qui avait pour but de ressembler à Cornelius quand il rigolait de ses propres blagues. Les deux frères passèrent l'imposant portail en fer et s'engagèrent sur l'allée principale. Un chemin triste et fade. Pour changer. A croire qu'à l'autre bout se tenait la Mort elle-même.

-Je ne pourrais pas aller au prochain thé de Mère, annonça-t-il sur le chemin.

-Ah bon, pourquoi ?

-Ce sera l'anniversaire d'Elena.

Cornelius s'arrêta brusquement, le regard plein de sous-entendus.

-Pourquoi vous faites encore ça ? Pourquoi vous ne la laissez pas partir en paix ? Elle est morte, Teignous, elle ne...

-...reviendra pas, je sais, tu me l'as déjà dit cent fois. Mais Gilna a besoin de ça.

Son frère soupira. Il voulut dire quelque chose mais s'arrêta, par peur de regretter ses mots. Il était inutile d'en dire plus. Il espérait juste, qu'un jour, ils parviennent à passer au-dessus de la perte de leur fille unique et s'intéressent à autre chose. Même si c'était dur.

-Cela nous permettra aussi de revoir Harfang, justifia Teignous.

Cordelius reprit sa marche, heureux de voir son frère changer légèrement de sujet.

-Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, tiens. Il doit être un beau jeune homme à présent.

-Oui, il est très charmant. Il a hérité de la beauté de sa mère, elle a du sang de Vélane.

-Vélane mais bête comme ses fesses, murmura Cordelius.

Teignous n'entendit pas sa remarque, mais il pensait certainement la même chose. Il fallait être idiot pour ne pas croire son fils juste parce que son idéologie favorisait les moldus. Cette famille se perdrait elle-même en agissant ainsi, pour sûr, mais la première chose qu'ils allaient voir partir allait être Harfang. Il l'avait dit lui-même : dès sa majorité, il partirait de chez lui. Teignous avait versé assez d'argent dans son coffre pour lui permettre de vivre plusieurs années, en attendant de trouver un travail honorable.

-Dépêche-toi, Mère va être fâchée si nous sommes en retard, commenta l'aîné.

Teignous soupira d'exaspération. Ces thés commençaient à lui taper sur les nerfs. Il n'y voyait aucun intérêt, d'ailleurs. Sa mère n'avait jamais rien de nouveau à dire. Elle vivait seule dans son Manoir et les seuls voisins étaient partis l'année dernière. Une peine pour elle, puisqu'elle ne pouvait plus commenter chacun de leurs gestes.

Quand ils entrèrent, l'elfe de maison leur prit leur manteau et leur désigna d'un geste fébrile de la main la porte du salon. Leur mère les y attendaient déjà, les thés chauds posés sur la table basse et un journal sur ses genoux. Elle était tellement absorbée par sa lecture qu'elle n'entendit pas ses deux fils arriver.