XLIX. 31 décembre 1934 (2/2) - le discours

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Il existait bien un moyen de se dégager d'une maudite racine. La baguette d'Adonis était en possession de Cassiopeia à présent, mais il y avait bien une technique pour exercer sa magie sans arme. Il tira sur son poignet comme si elle allait céder. Ses yeux affolés jetèrent plusieurs coups d'oeils vers la porte où la jeune Black avait disparut, puis sur l'entrée. S'il hurlait, l'entendrait-on ? Sa soeur viendrait-elle le sauver ?

Il sursauta quand un bruit sourd résonna entre les murs du couloirs. La lame aiguisée d'une hâche brilla sous les rayons pâles de la lune. Son estomac se retourna. Elle n'oserait pas. Elle ne pouvait pas faire ça, c'était inhumain.

-Tu me sous-estimes, releva-t-elle avec un sourire irréductible.

Il aurait aimé maîtriser l'art de l'Occlumencie juste pour ne pas laisser sa peur la satisfaire. Cassiopeia se nourrissait de l'effroi des autres comme un vampire face à une veine palpitante.

-Je te cède la liste, capitula-t-il. Je l'offre au Black sans condition.

-Il fallait y penser avant.

Elle s'arrêta face à lui, les deux mains aggripées au manche. Il ne sentait plus son bras à force de tirer dessus. Il devait hurler. Que quelqu'un vienne. Que quelqu'un arrête ce monstre.

-Pourquoi refuses-tu ?

Sa voix tremblante n'échappa pas à Cassiopeia. Son sourire s'élargit sur des kilomètres.

-Peut-être parce que le Pacte de Sang m'empêche de la toucher. À moins que cette main ne disparaisse.

-Écoute, je suis sûr qu'il y a une autre solution.

Elle haussa des épaules.

-Même s'il y en avait une, elle ne serait pas aussi drôle que celle-ci.

Drôle ? Arracher une main lui paraissait drôle ? Cette fille était définitivement folle. Ils devaient l'enfermer dans un asile, l'exiler loin, très loin. Certes, il avait humilié les Black ouvertement, mais ce n'était pas une raison pour sortir une hâche et lui couper la main comme une barbare.

-S'il te plaît. Ne fais pas ça.

-Ou quoi ?

Son silence la réjouit. Que dire ? Il ne pouvait plus rien faire. Dans sa carrière politique, il avait appris que, quand tout espoir s'était évanoui, mieux valait se taire. Mais ce soir, ce n'était pas un débat qu'il allait perdre, mais un membre. Peut-être même allait-il se vider de son sang et mourir. Elle ne se dérangerait pas à appeler quelqu'un pour le soigner.

-Ça risque de faire mal.

-Je t'assigne un poste au Ministère, nous dominerons à deux sur la liste.

-Prépare-toi.

-Ne fais pas ça, s'il te plaît écoute... Régulus !

Mais il n'eut pas le temps de crier à l'aide au nouveau arrivé que la lueur de la lame s'introduisit dans son oeil et l'aveugla. Cassiopeia éleva l'arme. Régulus cria son nom.

Elle abattit la hâche.

Un hurlement inhumain emplit la pièce. Des gouttes de sang giclèrent et atterirent sur Cassiopeia telle une pluie mortelle. À moitié enfoncée dans le bois, elle n'eut pas besoin d'utiliser l'arme une deuxième fois. La main gisait à gauche, Adonis à droite. La douleur lui fit rouler les yeux dans ses orbites, sa mâchoire se déboîta sous son cri. Il s'effondra au sol.

Régulus et Callidora se tenaient dans le cadre de la porte, l'estomac fait de plomb. Cassiopia fut surprise de la présence de sa cousine. Elle s'était faite petite, tapie dans le noire à observer la chute de l'aîné Rosier. Mais malgré sa stupeur, une espèce de contentement détendit ses traits.

Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant