Sa bouche était sèche. Un goût de fer s'étendit sur sa langue. Cassiopeia grimaça. Elle bougea son bras. Le fait qu'elle ne sente pas les millioins de piques lui traverser la peau la surprit. Elle n'avait plus mal, elle pouvait bouger. Par Merlin. Enfin. Ses paupières papillonèrent, s'habituant à la luminosité blanche de la lune. Elle arriva non sans diffuculté à se redresser, même si un mal de tête affreux cognait contre sa boîte crânienne. Son corps était comme vidé, endolori, l'impression que quelqu'un lui avait arraché son intérieur. Ses draps étaient immaculés, elle n'avait pas vomi depuis plusieurs jours. Peu à peu, elle avait réussi à émerger de la douleur comme un noyé remonterait à la surface.
Cassiopeia avait vu la mort, et elle avait été terrifiée. Elle avait voulu supplier les forces supérieures de la laisser vivre, ou au moins lui offrir une renommée, une âme immortelle, quelque chose qui ferait que personne ne l'oublierait. Pourquoi vivre pour terminer en poussière ? Comment passer d'une âme vivante et bousculée de pensée à... rien ? C'était ce "rien" qui la terrorisait. Alors qu'elle s'était sentie mourir de l'intérieur, elle s'était perdue dans la peur et dans ce "rien" qui constitue la faiblesse. Faiblesse, fragilité, impuissance, ou peu importe comment on l'appelait. Toutes ces choses que Cassiopeia avait en horreur.
Elle inspira profondément et se leva. Dans l'obscurité de la chambre, elle ressemblait à un fantôme avec sa longue robe de nuit. Peut-être était-elle morte pendant son sommeil, tout compte fait. Peut-être se croyait-elle vivante alors que son coeur ne battait plus. Si, elle l'entendait. Un peu. Le silence de la pièce lui permit d'entendre un léger boum boum, mais cela aurait très bien pu être le fruit de son imagination. Et si son âme était destinée à errer entre les vivants ? Et si elle passait l'éternité à songer à ce qu'elle aurait pu être et pu faire si la maladie l'avait épargnée ?
Elle ne se sentait pas bien. Quelqu'un d'extérieur devait la voir, lui assurer qu'elle était encore quelque chose. Sa respiration s'accéléra, elle atteint la porte si vite qu'elle en eut le tournis. Pollux. Ou Dorea. Ou même ses parents. Peu importait. Quelqu'un. Même Marius, pourvu qu'il lui dise qu'elle était bien vivante. Un cri voulut franchir ses lèvres pour les appeler, mais quelque chose attira son attention.
Une tâche sombre sur le sol. Elle s'étendait en avant, s'arrêtait puis reprenait plus loin. Cassiopeia ne voyait pas bien parce qu'il faisait nuit, mais la luminosité extérieure, quoique faible, réussit à dessiner les esquisses de ces traces. Elle s'agenouilla puis toucha de son doigt la moquette humide. Elle le porta à son nez.
Cette odeur. Elle l'aurait reconnue entre mille. Comme percutée par une réalité terrifiante, elle se releva et observa jusqu'où ces traces continuaient. Maintenant qu'elle venait de le sentir, le sang emplissait son nez. Elle frissonna, cherchant à se débarasser de ce parfum malsain. Mais il restait collé à la peau et ne partait jamais vraiment. Son pied prit la même direction que les tâches pourpres.
Silencieusement, elle suivit le chemin macabre sans vraiment appréhender ce qu'elle trouverait au bout. Sa tête bouillonait encore sous une fièvre endormie. Elle ne pensait pas, elle suivait juste, tel un condamné obéissant aux derniers ordres donnés. La maison restait sous le menteau de la nuit, elle arriva au bout du couloir. Là, le sol était recouvert de liquide rouge visqueux, comme noyé sous la rivière des enfers. Elle tourna la tête, plongeant son regard dans la chambre de Marius.
Elle hurla.
Son frère était allongé sur le dos, la bouche débordant de sang, les yeux grands ouverts, éteints. Sa main gisait sur son tapis, indolente, les doigts recroquevillés comme une fleur en train de fâner. Sa poitrine se comprima, elle n'arriva plus à respirer.
Ce n'était pas elle que la mort était venue chercher. C'était lui.
***
Cassiopeia retira son chapeau noir, ôta son filet et regarda son reflet dans le miroir du vestibule. Des cernes noires entouraient ses yeux, ses cheveux auparavant flamboyants étaient cassés et pâles. Peu importe combien de fois elle mouillait ses lèvres, celles-ci redevenaient sèches presque immédiatement. La maladie, en plus de sucer son sang, lui avait arraché une partie de sona âme. Cassiopeia ne se sentait plus la même. La douleur qu'elle avait ressenti pour sa fille avait disparue, remplacé par un tourbillon mangeur de sentiments. Elle ne percevait plus rien de la même manière, comme si sa sensibilité avait disparue du jour au lendemain. Elle venait d'enterrer son frère et... rien. Elle ne ressentait rien.
VOUS LISEZ
Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 I
Fanfiction"𝓛𝓮𝓼 𝓑𝓵𝓪𝓬𝓴 𝓼𝓸𝓷𝓽 𝓾𝓷 𝓰𝓪𝔃 𝓽𝓸𝔁𝓲𝓺𝓾𝓮. 𝓟𝓪𝓻𝓽𝓸𝓾𝓽 𝓸𝓾 𝓲𝓵𝓼 𝓿𝓸𝓷𝓽, 𝓵𝓮 𝓶𝓸𝓷𝓭𝓮 𝓶𝓮𝓾𝓻𝓽 𝓼𝓸𝓾𝓼 𝓵𝓮𝓾𝓻𝓼 𝓹𝓲𝓮𝓭𝓼." Grindelwald domine peu à peu le monde tandis que la famille la plus ancienne d'Angleterre essaie...