Ascension - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 I

XLVII. 3 décembre 1934 - le pacte de sang

La porte claqua. Adonis se retourna avec un air agacé affiché sur le visage. Son frère cadet se contenta juste de soupirer profondément, comme si se fâcher lui prenait une énergie qu’il n’avait pas. Vinda fit son apparition sur le seul de la porte, son manteau encore sur les épaules.

-Tu as une heure de retard.

-Où est Père ? demanda-t-elle en balayant la pièce du regard.

-Il avait une affaire à régler à Gringotts.

-Pourquoi tu me parles de retard, dans ce cas ?

Délicatement, elle ôta son manteau et retourna à l’entrée pour le déposer. Adonis avait beau aimer sa sœur, il avait parfois des soudaines envies de l’étrangler.

-Peut-être parce que j’aurais aimé parler de choses avec vous, cria-t-il pour qu’elle l’entende.

Elle revint avec un éclat malicieux dans le regard et se positionna derrière le fauteil d’Alander, les mains posées sur le dossier.

-Je t’en prie, fais nous part de ta profonde réflexion.

S’il ne la connaissait pas assez bien, il croirait qu’elle se moquait de lui.

-Perseus a brûlé le parchemin.

Toute trace d'amusement s'évanouit du visage de sa soeur. À la place, une colère froide plaqua une expression d'horreur sur son visage parfait. Alander se redressa, lui aussi choqué par cette annonce. Adonis continua sur sa lancée.

-C'est lui qui l'a volé à l'hôpital. Il a pensé l'envoyer lui-même mais après avoir réfléchi, il s'est dit que enclaver Cassiopeia de cette manière ne viendrait pas dans son intérêt.

Alander resserra son poing.

-Si seulement j'étais arrivé avant lui.

-Tu ne pouvais pas savoir, le rassura Vinda en posant une main sur son épaule.

-Ce n'est pas tout. Il a compris pourquoi je voulais ce parchemin.

La jeune femme observa le feu de cheminée comme si elle souhaitait plonger à l'intérieur.

-Il a fait le lien, articula-t-elle froidement.

Il aquiesça. En même temps, en y pensant bien, c'était évident. Personne ne redoutait autant l'ascension des Black plus que les Rosier. De plus, si Cassiopeia se rangeait aux côtés de Grindelwald, elle aurait une place privilégié. Une place que devrait partager Vinda.

-J'ai toujours dit qu'il était intelligent, même s'il en a pas l'air, fit Alander.

-Pourquoi tu ne veux pas le dire face à Père ? demanda brusquement sa soeur.

Adonis observa le fauteuil vide de leur géniteur.

-Il me traiterait d'incapable. Comme à chaque fois que quelque chose m'échappe.

-Tu sais que tu ne l'es pas.

Il ouvrit la bouche pour répliquer quand ils perçurent du mouvement à l'entrée. Même avec plusieurs pans de murs de séparation, Adonis parvint à sentir l'aura imposante que dégageait leur père. Petit, c'était ce qui lui faisait le plus peur. Se voir écrasé face à ce regard lourd, entendre les reproches s'enchaêner, sa voix glaciale et aussi sèche qu'une gifle.

Contrairement à Alander, Vinda et lui avaient connus l'amour d'une mère. Le changement quand celle-ci était partie avait laissé un vide en lui, vide qui le rendait parfois faible. Sa soeur avait réussi à surpasser cela, mais Marianne avait su réveiller la sensibilité en lui quand la situation le permettait. Alors, plus le temps passait, et plus recevoir les sermons de son père le froissait.