Rouge Carmin

Course poursuite

La nuit s'est affreusement passée. J'ai passé la quasi-totalité de la nuit à regarder par la fenêtre du balcon. Je pensais à ma grand-mère et à l'inquiétude qu'elle doit avoir.

Je décide de me lever et de descendre dans le salon. J'y trouve cinq hommes assis sur les deux canapés présents. Malheureusement pour moi, je dois traverser le salon pour rejoindre la cuisine afin de calmer mon estomac. L'un d'eux me repère.

-Salut. Il sourit

Les quatre autres se retournent pour voir à qui leur ami parle. Celui qui m'a salué a le crâne rasé et un piercing à la lèvre. Malgré son aspect peu commun, il dégage de la bienveillance.

-Je suis Marco. Et je te présente Alphonso. Il reprend en me désignant un homme aux cheveux longs et blonds. Raphael. Celui-ci était souriant, le regard malicieux et en me faisant un signe de main. Pablo. Un petit roux aux yeux bleus me saluait doucement. Et Rufus. Finit Marco.

Rufus.

Ce nom me dit quelque chose alors je tourne la tête vers l'individu et mon coeur s'arrête. C'est mon agresseur. Son visage est tuméfié. Son arcade ouverte est pansée. Son visage est violacé et sa lèvre se présente fendue.

Rufus, au visage littéralement défoncé, me lance un regard sombre. S'il pouvait me tuer avec ses yeux je serai déjà morte depuis longtemps.

-Carmín. Je me présente souriante en gardant un il sur Rufus. Je suis tendue à l'idée d'être dans la même pièce que lui.

-Enchantés!

-De même. Je vous laisse je vais manger... Dis-je en pointant du doigt la cuisine et en avançant.

Tous les quatre acquiescent néanmoins je sens toujours le regard sombre de ce monstre défiguré.

Dans la cuisine se trouvaient Thysia et Roméo.

-Bonjour. Dis-je.

Thysia me salue joyeusement en me demandant ce que je veux manger. Encore chamboulée par une rencontre non désirée, je la laisse choisir. Elle me donne une banane coupée en rondelles et des pancakes. Je la remercie.

Roméo me regarde étrangement comme s'il était capable de lire en moi comme dans un livre ouvert.

-Vous allez bien? Me demande-t-il.

-Oui. J'ai juste vu l'homme de la dernière fois. Rufus. Je dis hésitante.

-Il vous a approchée?

Il est tout d'un coup tendu. Le dos droit et les yeux noirs. Sa soeur le regarde.

-Non, je suis descendue et il y avait Marco et quatre hommes dont Rufus. Dis-je en le regardant dans les yeux.

Il regarde sa soeur et la voit le regarder fixement.

-Qué?

Elle secoue la tête négativement en disant:

-Nunca hermano.

Roméo reprend:

-Tiens, les clés de la Mercedes. Donne-t-il à Thysia.

~~

Avec Thysia, nous sommes dans une boutique de robes de soirée. Mes bras sont chargés de sacs en tous genres. Allant du Gucci au Victoria's Secret.

Je voyais Thysia courir partout dans la boutique à la recherche de LA robe comme elle dit. Je suis fatiguée, j'ai l'impression d'être là depuis toujours. Par contre, elle, ne semble être encore plus énergique qu'au début.

-Tiens. Elle me donne trois robes. Une verte émeraude, une rouge sang et une noire.

-Va vite essayer celles-ci! Sautille-t-elle.

-Promets-moi qu'après on rentre. Je la supplie.

Elle fait la moue mais hoche tout de même la tête. Soulagée, je pose les sacs à côté de la cabine d'essayage et m'engouffre dans celle-ci.

Je regarde chacune des robes. La robe noire est très courte avec un décolleté plongeant jusque dans les abysses. Je la repose doucement. Il est certain que je ne la prendrai pas. La verte est magnifique mais ne va pas avec la morphologie de mon corps et est également assez courte. Enfin je prends la robe rouge et me regarde dans le miroir. Celle-ci est longue et fendue laissant apparaître ma cuisse droite. Son haut entoure mon cou et mes bras sont dénudés.

J'entends la voix de Thysia.

-Alors avec mon frère?

Comment ça avec son frère?

Je ne comprends pas sa question et lui fais savoir.

-Ton frère?

-Oh arrête Carmín. Je ne suis pas aveugle, je vois très bien les regards qu'il te lance. Reprend-elle.

Les regards? Mais de quoi elle parle? Son frère n'est qu'un criminel, violent et de surcroît, mon ravisseur! Si je suis là, c'est à cause de lui et aucun moyen pour moi de m'enfuir. Il y a toujours quelqu'un qui me surveillait.

-Je ne comprends pas, Thysia. Ton frère m'a enlevée, séquestrée et pratiquement étouffée.

-Mais il t'a défendue. Et il ne défend jamais ses prisonniers. Ce n'est pas dans la logique d'un mafieux. Minaude-t-elle.

Un mafieux.

Mon coeur loupe un battement. Je suis donc gardée prisonnière pas la mafia. Je ne me souviens pas l'avoir vu me défendre. Il est logique que Thysia se fourvoie.
Devant mon silence elle reprend.

-À ton avis, pourquoi Rufus a le visage méconnaissable et Roméo, les mains abîmées? Elle me demande.

Alors comme ça il a corrigé un de ses hommes. C'était certes étrange mais ce n'est pas pour ça qu'il se passe quelque chose entre nous. Le viol n'est tout simplement pas admis dans sa trinité, peut-être.

-Il l'a frappé? Je demande pour être certaine.

-Bien sûr que oui, et il ne l'a pas loupé. Rigole-t-elle. Bon tu sors, beauté?

Je reprends mes esprits et tire le rideau lui laissant la possibilité de me voir. Elle relève les yeux vers moi et sa bouche s'ouvre. D'un coup elle saute en frappant dans ses mains.

-Tu es ravissante! On la prend, on la prend! Dit-elle surexcitée.

Je souris puis me change. Elle paie et nous mettons les articles dans le coffre.

Sur la route, la musique est présente et la voix catastrophique de ma nouvelle amie aussi. Oui! je la considère comme une amie, après tout, je vais rester un petit moment avec eux. Autant socialiser.

Tout à coup elle coupe la musique et accélère en jurant.

-Fait chier. Carmín ne panique pas mais on est suivies. Baisse la tête et prends le téléphone dans la boîte à gants. Ordonne-t-elle.

Suivies? Mais par qui? La panique me gagnait.

Je fais ce qu'elle me dit et prends le cellulaire posé dans la boîte.

-Qu'est-ce que je fais maintenant?

-Tu le déverrouilles et tu appelles mon frère. Il est sous le nom « l'adopté ». Dit-elle précipitamment en regardant dans les rétroviseurs et en accélérant toujours plus.

J'appelle son frère et mets le téléphone à mon oreille.

Premiere sonnerie.
Deuxième sonnerie.

Je crois qu'il ne va pas décrocher lorsque j'entends sa voix au bout du combiné.

-Quoi encore Thysia? Dit-il ennuyé.

-Roméo! Je panique lorsque j'entends des balles fuser.

-Carmin! Que se passe-t-il? Demande-t-il, comprenant directement que quelque chose cloche.

-On est suivies et on nous tire dessus! Crie Thysia.

-Vous êtes où? Demande rapidement Roméo.

-5ème Avenue des Los Reyes.

-Tenez le coup j'envoie une unité. Raccroche-t-il.