Je suis allongée, le corps tendu et la voix tremblante.-Lorsque j'avais dix-huit ans, j'ai rencontré un garçon à mon école secondaire. Il était intelligent, gentil et incroyablement séduisant.
Je sens Roméo poser sa main sur ma hanche et attendre la suite de mon récit.
-Si séduisant que même ma grand-mère n'y a vu que du feu. Je marque une pose en fermant les yeux fermement.
-Continue.
J'humidifie mes lèvres.
-À l'époque j'étais très timide, j'avais peur du jugement et de ce que les autres pouvaient penser de moi. Je me réfugiais dans les livres à la moindre occasion.
-Tu n'étais pas comme ça étant enfant. Tu étais la joie de vivre incarnée.
-Mes parents sont morts, Roméo. Dis-je de but en blanc.
Je me tourne sur le dos, sa main encerclant toujours ma hanche.
-Le fait est que ce jeune homme qui plaisait à tout le monde, a comme par magie, commencé à s'intéresser à moi. On s'est rapproché puis il m'a proposée d'être sa copine. Tu te rends compte? Moi, une jeune femme timide et introvertie qui avait la chance de sortir avec le garçon qui lui plaisait. Alors tu t'en doutes, j'ai accepté. Dis-je en riant légèrement de ma naïveté.
Roméo passe son doigt sur mon front, m'apaisant.
-Et ensuite? Souffle-t-il.
-Nous avons vécu une relation des plus romantiques. Il était aux petits soins, je l'aimais fort. Les premiers mois ont tous simplement été sublimes. Malgré mes sentiments plus que forts, je ne voulais pas céder à son désir de faire... tu vois... le truc...
-L'amour?
-Hum. J'acquiesce de la tête.
Je le sens se tendre mais il ne dit rien.
-Ce n'est pas un gros mot, Amor. Ricane-t-il.
Je me renfrogne et le pousse doucement.
-Aller, continue. Sourit-il contre ma joue.
-Je ne voulais pas faire l'a-l'amour. Je bégaie et il rigole.
Je tourne subitement la tête vers lui en fronçant les sourcils.
-Tu te fous de ma gueule!
Il lève sa main innocemment.
-Excuse-moi, mon ange.
Je me replace correctement et poursuis.
-Ne m'interromps plus. Bref, j'ai toujours voulu attendre le mariage mais pas lui apparement. Il m'a redemandée plusieurs fois dans les deux derniers mois mais en vain. Alors le premier coup est parti. Il s'est directement excusé et je l'aimais tellement que je l'ai pardonné. Le problème c'est qu'il a recommencé et pas qu'une fois. Chaque week-end, j'allais chez lui et chaque fois je rentrais avec des ecchymoses sur le corps. Il se débrouillait toujours pour frapper là où c'était le moins voyant.
-Sale fils de pute. Gronde Roméo en serrant ma hanche. -Il t'a fait des attouchements ou pire?
Je sens sa voix trembler de colère. Son corps est extrêmement tendu et il attend avec intérêt ma réponse qu'il espère être négative.
-Non. Jamais. Je ne reconnaissais pas le garçon que j'avais vu la première fois. J'étais impuissante. Je pensais que je le méritais. Je le méritais. Après tout, quand on aime il est normal de se donner corps et âme. Faire des concessions.
-Non. On ne fait pas quelque chose contre sa volonté. Surtout quand ça prend en compte quelque chose d'aussi sacré.
-Le jour de nos un an, je suis allée chez lui. Je lui envoyais des messages pour le prévenir mais il ne répondait pas. Je suis alors entrée dans son appartement, le sourire aux lèvres. Mon visage s'est décomposé en même temps que mon coeur se fracassait. Il était dans le lit avec une fille, sa soi-disant amie en qui je ne devais pas avoir peur.
J'avale difficilement ma salive sachant la suite de mes paroles.
-Il m'a vu et à tout de suite sauté du lit. Moi j'étais déjà partie, je ne pouvais pas rester sous le même toit que cet homme. Il a seulement réussi à me rattraper dans la rue opposée à son logement. Il m'a dit de ne pas le quitter, que c'était en partie ma faute s'il m'avait trompé, que j'étais trop prude et que si j'osais mettre fin à notre relation, il allait mettre fin à ses jours.
Je me racle la gorge sentant l'émotion monter.
-Je criais, j'étais anéantie par ce que j'avais vu. Je l'ai repoussé et je lui ai dit de ne plus m'approcher. Il m'a souri et m'a dit que j'allais avoir ça sur la conscience pour toujours. Je n'ai pas tout de suite compris mais il a reculé soudainement sur la route au moment où un poids lourd passait. Le choc a été puissant. Il est mort sur le coup. Je n'ai rien pu faire. Je l'ai tué, j'ai tué mon premier amour par égoïsme. Je termine en ayant la voix coupée par des sanglots.
Roméo me sert fortement contre lui et me fait passer sur son torse. Il me câline le dos avec ses mains baguées.
-Tu ne l'as pas tué, tu t'es sauvée. Il était toxique, il t'a blessée autant physiquement que moralement.
-Si je l'ai tué, j'aurais pu éviter tout ça.
-Non, mon coeur. Il te frappait, te trompait et faisait du chantage affectif. Tu n'étais pas amoureuse, tu avais simplement peur. Ce n'est pas ça l'amour.
Je renifle en essuyant mes yeux tandis qu'il me caressait encore. Les cuisses cette fois, me procurant de légers frissons.
-C'est lui que tu as vu ce soir?
Je hoche de la tête pour affirmer ses suppositions.
-Amor, je pense que tu es victime d'un choc post traumatique.
-N'importe quoi.
-L'enlèvement de Victoria et ta peur de la perdre t'as fait ressurgir ce moment de ta vie. Tu t'es punie de quelque chose dont tu n'es pas coupable.
Je relève le menton et par ce simple geste, le regarde. Nos visages sont très proches et mes yeux ne savent pas où s'arrêter, analysant chacun de ses traits.
-Je te promets qu'on la retrouvera. Je ne la laisserai pas seule dans mon monde. Je le ferai pour elle. Il marque une courte pause puis reprend. -Et pour toi.
Je rougie violemment mais lui souris tout de même pour le remercier.
Il me fait basculer sur le côté, me recouchant sur le matelas et me couvre de ses bras.
-Maintenant dodo, Amor. Demain on a un plan à peaufiner.
Et je m'endors dans ses bras tatoués et chauds.
~~
NDA
Je tiens particulièrement à m'excuser pour certaines fautes que je ne vois pas lors de la correction. Une amie m'aide à les corriger mais bien entendu il en reste quelques fois. J'espère que cela n'entrave pas votre lecture.Merci. ♡
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Rouge Carmin
RomanceL'amour. Ce sentiment inexpliqué et inexplicable qui pousse une personne à en aimer une autre plus que tout sans réellement pouvoir le contrôler. Qu'arrive-t-il aux personnes qui chavirent sans le vouloir et doivent se battre contre vents et marées...