Rouge Carmin

Preuve

Les buildings laissent de nouveau place à la nature, me faisant savoir qu'on s'éloigne de plus en plus de la ville. Le soleil commence à se coucher et je ne comprends toujours pas pourquoi Roméo m'a demandé de porter une robe. Surtout que je commence à être de moins en moins à l'aise avec les talons que j'ai aux pieds.

-On va où? Je demande en le regardant.

-Qu'est-ce que tu aimes? Me répond-t-il par une autre question.

Je déteste lorsqu'on ne me répond pas. Ça me replonge dans mes années collège où on m'ignorait volontairement pour faire savoir que je ne comptais pas et que je ne compterai jamais pour eux.

Ça me fait sentir insignifiante.

Je ravale la boule dans ma gorge et lui répond maladroitement.

-La peinture... l'écriture et les fleurs. J'aime.. les choses reposantes. Et toi? Je bredouille en évitant son regard.

Il ne me répond toujours pas et je fronce les sourcils pour garder les émotions négatives qui veulent s'échapper de moi. Je ne dois pas montrer que cela m'atteint.

Je triture mes doigts et inconsciemment, fait bouger mon genou gauche. Rapidement, la main baguée de Roméo se pose dessus.

-Cálmate. Dit-il en caressant ma peau de son pouce. Je voulais t'emmener manger mais finalement, on va faire un petit tour dans un coin tranquille.

Sa phrase, tournée comme ça, me fait peur. Il va me tuer? M'abandonner?

Il remarque mon regard affolé et ricane en serrant sa main qui est remontée vers ma cuisse.

Un frisson me traverse tout le corps et je serre mes cuisses entre elles instinctivement.

-Je ne vais pas te tuer... Du moins..pas encore. Conclue-t-il, l'air mystérieux.

Je tourne ma tête vivement vers lui et repousse sa main alors qu'il rigole à gorge déployée.

-Ça ne me fait pas rire, Roméo.

-Oh oui vas-y, continue à dire mon nom. Rigole-t-il.

Je lui tape l'arrière de la tête alors que mes joues prennent une teinte rouge écrevisse.

Alors qu'il rigole doucement, je me renfrogne et croise les bras sur ma poitrine en regardant par la fenêtre.

Mon visage se détend et s'illumine directement lorsque je vois enfin l'endroit où le brun m'a emmenée.

Il stoppe la voiture sur un coin d'herbe et descend. Encore trop subjuguée par la beauté de l'endroit, je ne remarque pas qu'il a fait le tour du véhicule et que désormais, il me tend la main.

-Si madame veut se donner la peine de bien vouloir me suivre. Dit-il dans une révérence.

Je souris, gênée mais pose tout de même ma main dans la sienne. Mes yeux gris remontent le long de son bras tatoué.

Je pose mes pieds au sol mais manque de tomber à cause de la terre molle.

-Fait attention, Amor. Me rattrape le bouclé.

Je m'accroche à ses avant-bras et le remercie avant d'enlever mes chaussures afin d'être plus stable.

Je tourne sur moi-même en souriant. Nous sommes dans une plaine et entourés de milliers de fleurs, toutes plus belles les unes que les autres.

-Pleins de fleurs! Je m'exclame en me tournant vers Roméo qui est déjà loin, s'enfonçant dans les champs fleuris avec mes chaussures en main.

Je cours vers lui, regardant les couleurs.