Fuite

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Je pousse la grosse porte de l'immeuble et marche rapidement dans la rue.

Il a osé me frapper. Il a levé la main sur moi. Il a fait comme Esteban. Et seuls les Dieux savent à quel point j'en ai souffert.

Les yeux noyés par mes larmes, j'accélère le pas en entendant la porte s'ouvrir de nouveau.

Je ne veux pas le voir. Je ne veux plus, je veux partir loin, très loin.

-Bella! Hurle Leonardo derrière moi.

Je tourne la tête et commence à courir. La respiration sifflante et la joue bleuie, je passe entre les passants ahuris de voir une folle les pousser et un homme large comme une armoire à glace, la poursuivre.

J'ai fait couler du sang pour lui, j'ai même fini par n'être que l'ombre de moi-même et voilà comment il me remercie.

Dans mon élan effréné, je bouscule un enfant.

-Faites attention! Gueule sa mère.

-Excusez-moi, je suis sincèrement navrée. Dis-je en jetant un regard derrière moi.

Putain de merde, il arrive. Laisse-moi tranquille. Laissez-moi tranquille.

Je m'excuse encore une fois avant de reprendre ma course. Je laisse la femme me crier de revenir mais je ne m'arrête pas.

Mes jambes sont lourdes et mes poumons me brûlent. Mon cœur est au bord de l'explosion mais je ne sais pas si c'est à cause de mon effort ou de ce qui s'est passé. Quoiqu'il en soit j'ai mal partout. Au corps comme à l'âme.

Je sens Leonardo se rapprocher à grands pas et je sais pertinemment que ma fuite va bientôt se terminer.

Je traverse la route sans regarder et manque de me faire percuter par une voiture. Celle-ci me klaxonne.

Dans les dernières forces qu'il me reste, je sprinte mais je sens mes pieds s'emmêler et je tombe violemment m'éraflant l'intégralité des genoux et des paumes de mains.

Les passants me regardent étrangement.

Aidez-moi bande d'enculés!

Je me tourne et vois Leonardo arriver en marchant tranquillement, pas le moins du monde essoufflé.

J'éclate en sanglots et commence à ramper pour me sauver. Mes membres me brûlent mais pas plus que mon cœur.

Sur mon passage, je laisse des traces de sang mais je ne m'arrête pas. Je n'ai pas le droit, je dois continuer.

Je dois retrouver ma vie et recommencer à vivre normalement.

Soudainement, on me tire par la taille et je me retrouve sur mes jambes flageolantes. On me retourne et je me retrouve face au mafieux.

Non... non.

Je secoue violemment la tête et pleure. Je me débat mais il me maintient dans ses bras, ne me laissant aucune chance.

Je le frappe, je donne des coups mais tout cela semble inutile.

-AIDEZ-MOI! Je vous en supplie! Aidez-moi! Je hurle à m'en éclater les cordes vocales.

-Chuut, calme-toi. Je suis là. Chuchote Leonardo.

Tu es là. C'est bien ça le problème. Si tu es là, il l'est également.

Je ne l'écoute pas et tente par tous les moyens de me libérer tout en appelant à l'aide les passants.

Tous me regardent mais ne réagissent aucunement. Je vois de la pitié et de la peur dans leurs yeux.

Rouge Carmin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant