Douceur

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Victoria rigole alors que je souffle sur son ventre rond. Après l'avoir cherchée dans le bureau de Roméo, je l'ai amenée dans la chambre, entre filles.

-Mama... Mama. Elle bafouille.

Depuis quelques semaines, elle a pris l'habitude de m'appeler comme ça. Je n'ai pas fait en sorte qu'elle le fasse mais Thysia, oui. La première fois, cela m'a surpris.

Je n'ai pas compris sur le coup et je me suis empressée de demander à mon amie. Elle m'a répondue que c'était ce que je suis. Sa mère adoptive. Celle qui l'a sauvée. 

Mes doigts caressent doucement le dos de la petite fille. Je la regarde somnoler sous mes papouilles. J'embrasse son petit nez et souris.

En bas, la musique bat son plein. Les rires explosent depuis maintenant deux heures et demi. Ils fêtent le réveil du tatoué et je suis heureuse pour eux. Je suis soulagée qu'il soit de nouveau avec nous.

Allongée en travers du lit, je regarde la personne qui ouvre la porte et entre dans la pièce.

Je relève la tête à la vue du garçon qui campe mes pensées. Il avance silencieusement et analyse la chambre avant de reposer son regard sur nous. La main sur son estomac.

Il ne connaît pas les t-shirts cet homme.

-Je peux m'asseoir?

Je hoche la tête et me décale lui faisant une place. Il s'installe lourdement et regarde Victoria dormir.

-Elle a grandi.

Jure.

Je souris face à cette idiotie puis me rappelle qu'il ne l'a pas vue pendant trois mois.

Je parcours son visage de mes billes bleues. Sa mâchoire carrée et son nez. Durant trois mois consécutifs, il était là, sous mes yeux. Mais c'est maintenant que je me rends compte qu'il m'a terriblement manquée. Sa voix m'a manquée. Horriblement.

-J'ai appris que tu avais arrêté de parler après ce qu'il s'est passé et que tu y arrives petit à petit. Dit-il hésitant en me regardant.

Je ne peux pas en vouloir aux autres de lui avoir dit. De toute façon, il allait bien s'en rendre compte.

-Je sais que ça va être dur mais je serai là pour t'aider.

Il passe sa main sur mon genou en me cherchant du regard.

Comment cet homme peut-il être aussi prévenant? Il vient de sortir d'un long coma et la chose à laquelle il pense, c'est de m'aider à aller mieux.

Personne n'a jamais pensé à moi comme cela.

Je mords ma lèvre inférieure et il pose son pouce dessus.

-Arrête de faire ça, tu vas me rendre fou.

Je rougis violemment et me recule avant de baisser la tête causant son rire.

Je suis gênée à ses côtés et je me rends compte que mon corps est tendu. Quelque chose a changé.

Mais quoi?

-Leonardo m'a expliqué ce que tu as fait pour moi et pour le cartel. Tu es incroyablement forte et surprenante. Je ne peux le nier.

Je hausse négligemment les épaules pour lui signifier que ce n'est rien.

-Tu t'es battue comme une reine pour sauver notre famille.

Je lève les yeux vers lui au déterminant possessif « notre ».

Je ne comprends pas. C'est son empire, sa famille. Pas la mienne.

Rouge Carmin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant