Psy

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Les doigts emmêlés et les genoux collés, je regarde les objets présents dans le cabinet de cette personne.

Un faux squelette.
Des boules anti-stress.

Roméo m'a dit qu'elle avait beaucoup aidée Thysia après la mort de leurs parents et que c'était une femme de confiance.

Je n'en doute pas mais je ne suis clairement pas à l'aise avec son regard insistant et son grand sourire limite psychopathe.

Je n'ai jamais été voir un psychologue et ce n'est pas pour rien. J'ai toujours trouvé cela étrange d'aller payer quelqu'un pour lui raconter mes problèmes. Et puis, on ne va pas me faire croire qu'ils ne deviennent pas eux-mêmes fous avec tous les problèmes qu'ils entendent à longueur de journée.

Le sourire étrange de cette femme ne fait que renforcer cette hypothèse, qui est la mienne.

Mes indexes tapotent mes genoux et je croise le regard de la femme qui me fixe depuis déjà dix bonnes minutes sans rien dire.

Elle me sourit et je lui réponds maladroitement.

-Depuis quand avez-vous ces hallucinations, Carmín? Se décide-t-elle enfin à demander.

-Environ depuis la mort de mon abuela.

-D'accord. Murmure-t-elle avant d'écrire quelque chose dans son carnet.

Je me penche discrètement afin de parvenir à lire mais c'est un échec cuisant, alors je me remets dans le fond du divan.

-Pouvez-vous me parler de votre histoire? Votre enfance et puis votre adolescence jusqu'à maintenant?

Je déteste être dans ce bureau. Le tic-tac de l'horloge m'angoisse et la voix nasillarde de la psychologue me fait tourner la tête.

Je plisse le nez.

Quelle est cette odeur? Le médicament.

Un médicament pour soigner les gens parce qu'ils sont fous. Fous à cause de la vie. Fous par la faute des gens.

-J'ai eu une enfance heureuse jusqu'à l'âge de mes quatre ans. Elle hoche la tête. Puis...

Est-ce que je peux le dire? Cela ne risque pas de mettre en danger Roméo et mes amis?

-Vous pouvez tout me dire. C'est monsieur Castiño qui m'a engagée, je sais à quoi m'attendre. M'invite-t-elle à continuer.

Je prends une bouffée d'air et reprends.

-À mes quatre ans, mes parents ont été férocement assassinés dans la pièce à côté de celle où je me trouvais. J'ai entendu les cris, les balles. J'entends mon cœur qui bat fort et qui veut sortir de mon corps.

Je ferme les yeux et les réouvres mais je ne suis plus dans le cabinet, je suis là, dans la chambre de Mio.

-Le jeune garçon m'a cachée sous son lit, il m'a fait promettre de ne pas faire un bruit. Qu'il allait voir ce qu'il se passait. Il m'a promis de me retrouver.

-Continuez.

-Un cri. Je l'ai entendu crier. Et puis plus rien, alors je suis sortie de ma cachette après environ une heure.

Je me vois avancer doucement jusqu'à la porte et l'ouvrir.

-Un silence de mort régnait. Vous connaissez ce silence qui est plus bruyant que le bruit lui-même? Ce silence qui témoigne de la violence qui précède.

-Non, je suis désolée.

Bien sûr qu'elle ne le connaît pas! C'est sûrement une petite fille à son papa et à sa maman. La seule chose qui lui a fait peur, c'est probablement de ne pas avoir eu le dernier parfum Chanel!

Rouge Carmin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant