Balle perdue

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Le trajet en voiture se faisait jusqu'à présent tranquillement. Malgré mon malaise à cause de cette robe mettant mon corps en valeur. Les mains baguées de l'homme à côté de moi serraient le volant, montrant son état de pression.

Je ne sais pas à quel point cette soirée est importante. Je sais simplement que je ne dois pas me faire remarquer et qu'il y aura beaucoup de cartels. Ce détail ne me rassure pas vraiment.

Roméo tourne la tête et me regarde, je le regarde également.

-Je veux que tu ne parles à personne. C'est un événement important avec les plus grands criminels de ce continent. Et si par excès de courage ou autre, tu leur parles mal, ils n'hésiteront pas à te tirer une balle dans la bouche. Dit-il.

Ce n'est pas des plus rassurant, il faut se l'avouer.

-C'est compris?

Je regarde la route et hoche la tête en avalant difficilement ma salive. La mort dans les yeux et le cœur au bord des lèvres.

-Des mots, Carmín.

-Sí. Mais tu m'as dit que tout se passerait bien.

Il sourit en passant une vitesse et me répond.

-Je te l'ai promis. Mais nous ne sommes pas à l'abri d'un incident. Nous ne sommes pas des gens biens et tuer est dans notre quotidien.

-Vous êtes des monstres. Et toi, le pire. Je m'emporte.

Il ne répond pas mais son regard se fait plus noir, et je sais qu'il se concentre sur mes mots.

-Je me suis faite kidnappée. J'ai fait des tonnes de crises. Des cauchemars. J'ai été blessée à la main par une putain de lame. On m'a menacée, moi et ma famille. J'ai failli me faire violer! Et devine quoi? Je lui demande en le regardant, la colère ayant pris possession de mon être. -Tout ça, à cause de ta putain de gueule de merde!

Je lui hurle en rage et complètement assujétie par la tristesse.

-Cállate la boca*. Me prévient-il.

Ses membres tremblaient et ses avant bras tatoués étaient parsemés de veines en ébullition.

-Sinon quoi? Tu comptes me foutre une balle dans le crâne! Vas-y, je t'en prie!

Soudain, il stoppe la voiture sur le bande d'arrêt d'urgence, faisant claxonner les voitures derrière.

-Mais t'es complètement f..!

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que je sens un froid glacial se poser brutalement sur ma tempe. Le cliquetis de l'arme se déclenche et je sais que je suis cuite.

-Si je le veux, là, maintenant, tout de suite, je te tire cette balle dans la tête sans sourciller. J'ai été patient avec toi. Mais tu ne dois pas oublier qui je suis et ce dont je suis capable. J'ai déjà plusieurs morts à mon actif et la tienne n'en sera qu'une de plus. Tu n'es rien pour moi. Tu n'es qu'une simple serveuse dans une favéla plongée dans la précarité. Ne te pense pas invincible parce que je jure devant les dieux que je peux te ôter ton dernier souffle. Tu dis que je suis un monstre mais si tu continues je promets que tu le regretteras. Dit-il gravement en appuyant toujours plus sur ma tempe.

Les larmes coulent sur mes joues et je suis prise de spasmes. Toute source de chaleur a quitté mon corps.

-Alors maintenant, tu fermes ta gueule! Hurle-t-il me faisant sursauter.

Il baisse son arme lentement et la range dans sa ceinture. Mon corps paralysé par la peur et le sien par la haine. Mon coeur bat aléatoirement comme s'il pouvait sortir de ma cage thoracique.

Rouge Carmin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant