Rouge Carmin

Impuissant

Mes hanches se balancent alors que je passe les plaques chauffantes sur mon carré.

J'ai souligné mon regard d'un épais très d'eye-liner fumé et j'ai appliqué sur mes lèvres un rouge à lèvres bordeau.

Je pose le lisseur sur le lavabo et pars chercher une tenue à me mettre.

Costume?
Robe?
Jean?

Mon regard s'arrête sur une jupette en similicuir et un chemisier. J'attrape rapidement les escarpins et déboule les escaliers pour rejoindre Roméo qui grogne à la porte d'entrée.

Je sautille jusqu'à lui en enfilant mes escarpins et recoiffe mes cheveux vite fait en souriant.

Son regard parcourt le long de mes jambes.

-Tu ne sors pas comme ça.

Haha. Il est marrant lui.

Je rigole mais me stoppe aussitôt en voyant son air sérieux.

-Tu rigoles j'espère.

-Bien sur que non. Tu t'es vu? Tu vas attirer toutes les mouches à toi. Je ne suis pas d'humeur à coller une balle dans le crâne de ceux qui te regardent.

Non mais sérieusement. C'est qui ce malade? J'ai le droit de m'habiller comme je le veux. Je suis majeure et vaccinée.

-À la bonne heure! Je n'en demande pas moins.

-Va te changer.

Je croise les bras sur ma poitrine et le regarde fixement.

-Non.

-Il va y avoir des morts, Carmín. Me prévient-il.

Je lève les yeux au ciel et ouvre la porte d'entrée, allant jusqu'à la voiture. Mes talons claquent sur le sol, le narguant délibérément.

Il fait le tour de la voiture et se place sur le siège conducteur. Le moteur rugit monstrueusement et il part de la propriété.

Je regarde le paysage défiler mais je sens qu'à ma gauche, Roméo est en train de bouillonner et le volant subit la force de ses mains veineuses.

-Le premier qui te regarde, il goûte à mes bagues.

Je soupire avant de lui répondre.

-Personne ne va me regarder. En plus tu viens de sortir du coma. C'est complètement stupide de te mettre dans des situations dangereuses.

-Arrêtez de penser que je suis devenu faible et sénile! Je suis le même homme qu'avant. Je suis celui qui protège et non le protégé! Il vous faut quoi pour vous le prouver? Que je bute quelqu'un?! Il hurle ses mots et je parviens à ressentir un certain mal être.

Tout le cartel a pris l'habitude de le surprotéger et même jusqu'à lui proposer de lui faire sa toilette.

Bon ça, c'est Britanny mais en soit, qui ça choque ce genre de remarques venant d'une blonde écervelée?

Personne.

Je regarde l'homme tatoué et remarque son état. Il est triste mais le cache derrière la colère. Il a pris l'habitude de tout gérer d'une main de maître. Avoir le contrôle des choses le rassure. Il n'a pas pu éviter la mort de nos parents, trop impuissant. Depuis ce jour, il ne cesse d'essayer d'avoir une emprise sur tout et n'importe quoi, et il y ait parvenu mais actuellement, il se sent vulnérable. Il sent la situation lui échapper et ça l'angoisse. Ça l'angoisse parce que pour la seconde fois de sa vie, il a l'impression de ne plus contrôler son destin.

Et je connais cette sensation, bien sûr que je la connais. Elle m'a détruite. Mais heureusement, abuela était là.

Alors malgré la rancœur que j'ai vis à vis de lui, je me dois d'être là pour l'aider. Je suis obligé, parce que je sais que c'est insoutenable de vivre avec cette douleur.