Nuit mouvementée

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C'est le dos ruisselant que je me réveille. Les cheveux collés à mon front montrent à quel point ce rêve m'a boulversé.

La chambre est plongée dans le noir, ne laissant place qu'à la lumière de la pleine lune qui traverse la grande baie vitrée.

Je me lève et entreprends de descendre me chercher un verre d'eau, cependant avant d'arriver aux escaliers j'entends des bruits de lutte. Le coeur battant, je colle mon oreille à chaque porte de l'étage. Les bruits sortent de la chambre face à la mienne.

Je reste devant celle-ci en la fixant ne sachant que faire. Je ne sais même pas qui est à l'intérieur et ce qu'il s'y passe.

-Je vous en supplie... J'entends à travers le bois blanc de la porte.

Le coeur au bord des lèvres, je passe ma main dans mes cheveux humides de sueur et toque avant d'entrer.

Ce que je vois me tiraille le coeur. Roméo se débat dans son lit, le visage crispé et les poings serrés. Sa respiration est lourde et bruyante.

Je le regarde se perdre dans les profondeurs de son cauchemar. Étrangement, le voir souffrir comme cela ne m'enchante pas. Au contraire je n'ai qu'une seule envie, le soulager de ses maux.

Prudemment, je marche sur les pointes de mes pieds jusqu'à la salle de bain adjacente à la chambre du mafieux, et mouille un linge.

Je pose précautionneusement le gant mouillé sur le front de Roméo. Cela le calme mais il continu de se mouvoir brutalement dans la couverture.

-Chhhut.. Je chuchote doucement afin de l'apaiser.

Mes doigts se perdent dans ses cheveux bruns et mon regard sur son visage. Roméo est un bel homme, je ne peux pas le nier.

Sa respiration s'est calmée et il semble sorti de son mauvais rêve. Je ne suis pas la seule à avoir passé une mauvaise nuit.

Au moment où j'entreprends d'enlever ma main de sa tête, je suis brusquement attrapée par le cou et me fais plaquer au matelas. Roméo est sur moi, les jambes de part et d'autre de mon corps, le poing levé et les yeux dans le brouillard.

Son être entier dégage une aura dangereuse. Tel un animal, il est aux aguets même endormi.

Mes mains sur sa poigne, je plisse les yeux pour ne pas voir le coup qui s'apprête à venir droit sur moi. Mais rien. Le coup ne vient pas et la pression que sa main exerce sur ma trachée se fit plus légère.

-Qu'est-ce que tu fous là? Grogne-t-il.

La respiration courte, je le regarde éberluée. Cet homme si inoffensif et fragile de tout à l'heure avait laissé place à l'homme dangereux et froid qu'est Roméo.

-J'ai entendu des bruits de lutte, je voulais voir ce qu'il se passait.

Il enlève sa main tatouée de ma gorge mais reste assis sur mon bassin m'empêchant de fuir.

-On t'a jamais appris à t'occuper de tes oignons?

Je tente l'humour?

-Seulement à la cuisine. Je souris maladroitement, sachant pertinemment que je joue avec le feu.

Il souffle et se lève me libérant de son poids. Il emmène le gant mouillé dans la salle de bain et j'entends le robinet s'enclencher.

-Pourquoi tu ne dors pas? Revient-il.

Je tourne ma tête vers lui. Son torse dévoilé me chauffait le corps.

-J'ai fait un cauchemar. Je chuchote en me relevant.

Il me regarde de la tête aux pieds remarquant mon aspect peu attractif. Les cheveux ébouriffés et le haut qui me sert de pyjama tombant sur mon épaule.

Il avance et se recouche dans son lit. Les bras derrière la tête et la jambe relevée. Il était incroyablement irrésistible. Son corps semblait chaud contrastant avec la froideur de son regard et de son âme.

Je reste là quelques minutes à le regarder. Ses yeux sont fermés et la lune caresse de ses rayons, les abdominaux de cet homme.

-Tu comptes rester toute la nuit à m'admirer? Va dormir.

Je lèche mes lèvres m'apprêtant à dire quelque chose mais m'arrête.

-Carmí..

Il n'eut le temps de terminer sa phrase que je m'empressais de dire:

-Je peux rester dormir..?

Son rire inonde la pièce et son buste tressaute. Une fois calmé il me regarde.

-Vraiment?

Je baisse la tête et trifouille mes doigts. Il souffle.

-Dépêche-toi. Ordonne-t-il.

Je prends place dans le grand lit, dos à lui. Néanmoins, je sens la chaleur de son corps et son souffle.

-C'était quoi ton cauchemar?

Le coeur encore battant, je ne veux pas en parler.
Il se tourne vers moi face à ma non réponse.

-Je t'autorise à dormir dans mon lit. La moindre des choses c'est de me répondre, Amor.

Le dernier mot me fige. Je suis habitué à son ton charmeur et limite dragueur mais ce surnom était nouveau et me met plus que mal à l'aise.

-J'ai rêvé de mes parents. Dis-je.

Je le sens se faire plus attentif. Je continu.

-C'était moi, petite. Mes parents me prenaient dans leurs bras et me disaient des mots d'amour. On était heureux. Je souris. Il y avait un couple aussi. Et un petit garçon, Mio.

Au nom de l'enfant je sens son corps se tendre.

-Ensuite? Demande-t-il.

-Ensuite, des cris. De la peur. Et des larmes. Mes larmes qui inondaient mes joues et ce petit garçon qui me cachait.

Encore troublée par ce mauvais rêve, je frissonne.

-"La encontraré, Señorita Flores. He hecho un juramento a tu padre." Je répète la phrase de mon rêve.

Cette phrase finit par tendre complètement Roméo. Sa respiration se coupe puis reprend.

-Sûrement un simple rêve. Dit-il bizarrement.

-Oui, probablement. Je réponds en somnolant.

Endormie, je ne sens pas Roméo caresser ma joue doucement en chuchotant:

-Je l'ai promis. Et je t'ai retrouvé Mademoiselle Flores. Hasardeusement certes, mais je l'ai tout de même fait.

Rouge Carmin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant